Ammar Mahjoubi: Les Perses achéménides
Vers 912 av. J.-C., en ce début du premier millénaire avant le Christ, se constitue l’Empire néo-assyrien ; et entre cette date et 610 av. J.-C., trois siècles durant, il va dominer et remodeler le Proche-Orient, en reliant durablement la Mésopotamie avec le Levant. Mais il s’épuise à contrôler ce vaste territoire, et lorsqu’après 630 av. J.-C. une guerre civile pour le pouvoir se conjugue avec une attaque des cavaliers mèdes venus d’Iran, l’Empire ébranlé est tout près de sa chute. L’une de ses provinces les plus importantes, la Babylonie, se révolte en effet en 626 av. J.-C. et Nabopolasssar, fondateur de l’Empire néo-babylonien, seproclame roi de Babylone. Son alliance avec le roi des Mèdes, Cyaxare, porte le coup fatal aux Assyriens ; Ninive est prise et détruite en 612 et le dernier roi d’Assyrie est vaincu en 609 av. J.-C.
Sur la ruine de l’Assyrie se constitue le dernier des grands empires sémites du Proche-Orient, l’Empire néo-babylonien. Mais il doit disputer le Sud du Levant à l’Egypte, qui y entretient jusqu’au début du Vle siècle avant le Christ, l’instabilité politique. Pour rétablir la domination néo-babylonienne sur cette région, le roi Nabuchodonosor II intervient contre le petit royaume de Juda à deux reprises, en 597 puis en 587 av. J.-C. Cette deuxième campagne se termine par la destruction du temple de Jérusalem et la déportation de l’élite gouvernante; les intellectuels et les religieux des vaincus sont déportés en Babylonie. Mais cet exil est loin d’être une mesure isolée : il s’inspire d’une pratique assyrienne habituelle, qui avait frappé auparavant d’autres populations rebelles, comme les habitants de Tyr et d’Ascalon. Mais il est monté en épingle par les Hébreux, et mis en avant comme un événement incommensurable et exceptionnel ; c’est ainsi, dans ce cadre de «L’Exil à Babylone» que la Bible devient, après la destruction du Temple, le support privilégié du culte hébraïque.
Grâce au butin versé par les vassaux, l’empire néo-babylonien multiplie dans la ville de Babylone palais et constructions prestigieuses, comme la fameuse porte d’Ishtar. Gigantesque, le palais impérial est orné de richesses provenant de toutes les provinces. Les souverains de la dynastie manifestent la plus grande attention à la Babylonie, à l’exception du dernier, Nabonide, qui transfère pendant dix ans sa capitale à Tayma, au cœur de la péninsule arabique. A l’Est, cependant, se profile un changement majeur : en 539 av. J.-C. Cyrus II, le roi des Perses, s’empare de Babylone et, à l’instar de ses devanciers assyriens et babyloniens, édifie un nouvel empire à vocation mondiale, celui des Perses achéménides.
Auparavant, vers la fin du VIIe siècle avant le Christ, un certain Achiménès, ancêtre mythique des Achéménides, aurait fondé au Nord de la plaine de Suse un petit royaume vassal des Mèdes. Ces derniers avaient participé avec les babyloniens à la destruction de l’Empire néo-assyrien et l’avaient partagé avec leurs alliés ; si bien que leur roi Astyage se trouva, vers le milieu du Vle siècle av. J.-C., dans sa capitale Ecbatane, à la tête d’un Empire mède qui menaça celui de Babylone, malgré les faiblesses de sa cohésion. Le roitelet Cambyse, à la tête du petit royaume des Achéménides, épousa la fille de son suzerain mède Astyage, et de cette union naquit Cyrus II. Menés par celui-ci, les Perses soumirent plus tard le royaume des Mèdes, leurs anciens maîtres ; ils surent, cependant, les ménager, en gardant pour capitale du nouvel empire la ville d’Ecbatane, métropole des vaincus.
A son avènement, donc, Cyrus ne règne que sur une petite principauté de l’Iran méridional. Avec l’aide du roi de Babylone, Nabonide, il se révolte vers 550 av. J.-C. contre son grand-père et suzerain Astyage, et réussit, en 550, à le déposer et à s’emparer de sa capitale. Pacifiquement, et grâce à un prestige désormais acquis, il unifie l’une après l’autre les tribus iraniennes dispersées, et entame sa conquête, par la soumission des nomades, dans les steppes orientales. En les repoussant ou en leur imposant son autorité, il atteint l’Araxe, ainsi que les montagnes qui surplombent la vallée de l’Indus. Vers l’Ouest, son proche voisin occidental est le royaume florissant de Lydie. Non seulement l’agriculture du voisin lydien est réputée pour sa fertilité, mais ce royaume bénéficie également du commerce pratiqué par les colonies grecques de sa bordure maritime, intermédiaires obligées du trafic entre l’Orient et l’Occident. Le roi lydien Crésus, dont la richesse est devenue proverbiale, puise ainsi sa fortune des impôts prélevés sur les nombreuses collectivités du pays, ainsi que de l’or que Pactole, l’affluent du fleuve Hermos, roule dans ses graviers. Aussi, n’est-il guère étonnant que la Lydie ait été, peut-être, la première à inventer la monnaie, principalement pour faciliter ses échanges commerciaux. Battu et assiégé dans sa ville de Sardes en 546 av. J.-C., Crésus est épargné, mais Cyrus s’empare de son royaume. Les colonies grecques, sur la côte de l’Asie Mineure, sont aussi conquises – sauf Milet, qui s’incline sans combat, et se laisse acheter.
Les territoires perses enveloppent ainsi la Babylonie, dont Cyrus finit par s’emparer aisément, en profitant de ses dissensions internes. Dans le cadre de sa politique de tolérance religieuse et ethnique, il permet à l’élite des Judéens, déportés en Babylonie par Nabuchodonosor II, de retourner en Judée et d’y reconstruire le Temple de Yahvé. A sa capitale Ecbatane, le roi perse en ajoute deux autres : Suse et Babylone. Reste le pays que les Néo-Babyloniens ont échoué à conquérir, l’Egypte, dont la conquête permettrait d’unifier tout le Proche-Orient dans un même empire. Cambyre II, successeur de Cyrus, de 530 à 522 av. J.-C., et continuateur de sa politique d’expansion, s’en empare ; prenant possession de la vallée du Nil jusqu’à la première cataracte, il réussit également à étendre ses nouvelles conquêtes en dominant la Cyrénaïque et les ports grecs de sa rive. Après le royaume des Mèdes, la Lydie, la Babylonie puis l’Egypte, la dynastie perse fondée par Cyrus achève ainsi de bâtir un empire à prétention universelle, à unifier un territoire immense où cohabitent les ethnies, les langues, les cultures et les religions. Pour la première et dernière fois dans l’Histoire, les territoires qui s’étendent, d’Ouest en Est, de la Méditerranée à l’Indus, et du Nord au Sud, du fleuve Syr-Daria de l’actuel Kazakhstan à Assouan au Sud de l’Egypte, font partie d’un empire unifié qui, plus de deux siècles durant, reste dirigé par la dynastie des Achéménides, avec l’aide des familles perses à son service.
Mais à la mort de Cambyse II, les troubles déjà apparus après Cyrus recommencent, et les pays conquis, si différents sous tous les rapports, choisissent tour à tour leur propre dynastie royale. Darius Ier (522-486 av. J.-C.), satrape (gouverneur de province) du pays des Parthes, issu de la branche cadette des Achéménides, doit vaincre successivement ses rivaux pour que l’Empire retrouve son unité. Renouant avec la politique de conquête, il ajoute à l’Est la bande territoriale entre les montagnes et la rive droite de l’Indus. Au Nord et au Nord-Est, la menace des cavaliers nomades, qui ne peut être totalement jugulée, explique peut-être une expédition au Sud-Est de l’Europe. Darius franchit l’Hellespont (nom antique du détroit des Dardanelles), et soumet toute cette région européenne jusqu’au Danube. Puis, comme le souligne avec insistance l’histoire officielle de la Grèce, l’intervention dans les affaires helléniques est ponctuée par la répression implacable de la révolte des colonies ioniennes et par des échecs mineurs en Grèce, pourtant bien exagérés par les historiographes hellènes, comme par les contemporains occidentaux. De nouveau, à la mort de Darius, des soulèvements se succèdent en Babylonie et en Egypte : Xerxès Ier (486-465 av. J.-C.) les brise et s’acharne à ravager les provinces rebelles. Livrée par la suite à des princes faibles, et paralysée par les intrigues de cour, la puissance de l’Empire décline rapidement; si bien que l’Athénien Xénophon raconte comment un corps de mercenaires grecs rassemblés par Cyrus le Jeune (les Dix mille) a pu, au début du IVe siècle, traverser sans encombre, l’épée à la main, tout le territoire de l’Empire, de Babylone jusqu’à la Thrace. Comme Artaxerxès Ier, le roi Artaxerxès III (358-332 av. J.-C.) fait tuer tous ses frères pour assurer son trône ; il incendie Sidon et reprend l’Egypte, dans une dernière manifestation d’un empire près de sa fin. Entre 334 et 323, l’Empire perse est conquis par Alexandre le Grand. Mais, jusqu’à la mort du conquérant macédonien, il garde ses bases territoriales.
Après Cyrus et son fils Cambyse, c’était le règne de Darius Ier le Grand (522-486 av. J.-C.), qui avait auparavant inauguré une deuxième fondation de l’empire. Et c’est le mieux connu des rois perses, grâce aux témoignages qu’il avait lui-même gravés sur la pierre et l’argile, sur l’or aussi et sur l’argent ; grâce également à Hérodote dans «Les Histoires», et à Eschyle, dans «Les Perses» : des proclamations, des affirmations, un programme qui lui confèrent la stature d’un bâtisseur d’empire. Ahura-Mazda est le grand dieu qui protège le roi, dont la volonté est loi. Sa légitimité est fondée sur l’iranisme, avec la conscience aiguë qu’il règne sur un peuple distinct, un peuple dominateur. Il s’affirme Achéménide, Perse fils de Perse, Aryen fils d’Aryen. A Behistoun (près de l’actuelle Kermanshah), Darius est représenté en pied, couronné et vêtu de la robe royale, le pied posé sur le corps couché de l’usurpateur Gaumata ; arc à la main, il fait face à une file de neuf «rois menteurs». L’inscription trilingue (babylonien, vieux perse et élamite) en cunéiforme, raconte ses victoires dans les provinces, sur les chefs révoltés. Sur sa tombe rupestre, à Naqsh-e-Roustam, il déclare : «Vois ces statues qui portent le trône, là tu les connaîtras ; alors tu sauras que la lance de l’homme perse est allée au loin, alors tu sauras que l’homme perse a combattu loin de la Perse.» Sur une statue trouvée à Suse mais sculptée en Egypte, les motifs et les inscriptions de la base sont typiquement égyptiens ; mais Darius est vêtu de la robe royale perse, avec les insignes royaux des Achéménides. Qualifié de «Roi de Haute et Basse-Egypte, maître de l’accomplissement des rites», il «a ordonné de faire cette statue de pierre en Egypte, afin que celui qui, plus tard, la voie, sache que l’homme perse a pris l’Egypte».
Les 1 200 lignes du texte trilingue de Behistoun ont donné la clé de l’écriture cunéiforme, et les innombrables tablettes achéménides ont beaucoup apporté à notre connaissance de la gigantesque logistique impériale qui avait permis à Darius d’administrer étroitement les différentes provinces. L’empire est divisé en une vingtaine de satrapies, où le pouvoir est réparti entre un administrateur civil, satrape issu de la noblesse perse, et un commandant militaire. Des inspecteurs itinérants, «les yeux et les oreilles du roi», exercent une surveillance supplémentaire. Diverses, les capitales Pasargades, Persépolis, Ecbatane, Suse, Sardes sont reliées par des routes qui irriguent des territoires immenses. Une série de tablettes, découvertes à Persépoliset datées du règne de Darius, détaille l’organisation minutieuse de ce réseau routier : des magasins, situés sur tous les itinéraires, peuvent livrer des rations de voyage, aussi bien à des personnes et à des groupes munis d’un document officiel, qu’à leurs animaux de transport. On imagine la complexité de la mise en place et du fonctionnement régulier d’un tel système, attesté durant toute la période des rois achéménides.
Dans l’atelier monétaire de Sardes, en Asie Mineure, où les premières monnaies avaient été frappées avant même la création de l’empire, Darius innove en frappant des monnaies royales en or (les dariques) et en argent (les siècles). A l’avers de ces pièces, la figure du roi combattant porte l’arc et la lance. Utilisées pour payer les mercenaires, ces monnaies ont beaucoup circulé en Grèce, car les Achéménides enrôlaient souvent dans les régions occidentales. Mais la monétarisation est loin d’être générale: tant en Babylonie qu’en Egypte, on se sert encore des talents d’argent pesé. Darius est crédité aussi de la conquête d’une partie de la vallée de l’Indus, de la Thrace et de la Macédoine, ainsi que de l’occupation et de la répression des villes grecques d’Asie Mineure ; avant d’essuyer, en 490 av. J.-C., face aux Grecs, la défaite de Marathon.
Ce qui caractérise, cependant, l’empire perse de façon singulière, c’est son extraordinaire diversité ethnique, linguistique et culturelle. Chacun des peuples conquis continue à parler et à écrire sa propre langue, à observer ses us et coutumes, à maintenir ses particularités culturelles. D’une province à l’autre, on parle babylonien, phénicien, hébreu, égyptien, grec…Les archives officielles trouvées à Persépolis sont écrites en cunéiforme élamite, tandis que les inscriptions royales sont trilingues: au vieux perse, la langue des conquérants, s’ajoutent le babylonien et l’élamite ; sauf en Egypte où elles deviennent quadrilingues, avec une version hiéroglyphique. Les provinces, dans les relations officielles ou privées, recourent ainsi aux interprètes, bien que se répande une langue internationale, l’araméen, qu’affectionnent les administrateurs de l’empire. Depuis l’Egypte, la province la plus occidentale, jusqu’en Bactriane, au Nord-Est, la correspondance officielle exhumée par les fouilles en porte le témoignage.
A cette exceptionnelle diversité linguistique correspond une grande variété religieuse. Les Perses professent la religion «mazdéenne» : Ahura-Mazda, grand dieu de la Perse est invoqué par le Roi, qui implore sa protection sur le pays et sur la famille royale. D’autres divinités sont aussi adorées comme Anahita et surtout Mithra : dieu solaire des Achéménides, et dieu de la guerre, auquel on sacrifie pendant la nuit des taureaux, il est issu, sans doute, du Mitra indien. Mais bien que maîtres de l’Empire, les Perses n’ont jamais entrepris de diffuser leur religion; pas plus, d’ailleurs, qu’ils n’ont répandu leur langue ou leur culture. Chaque peuple, chaque province a conservé ses cultes, ses sanctuaires. Cette «tolérance» religieuse des Achéménides s’explique, sans doute, par la ligne politique qu’impose la gouvernance d’un empire immense et varié, nécessitant l’entente avec les autorités religieuses autant qu’avec les élites locales. C’est ainsi que Cyrus II annonce à la population de Babylone, lorsqu’il entre dans la ville, qu’il reconnaît et respecte leur dieu principal Mardouk, ainsi que toutes les divinités locales. Et on a déjà vu que les Judéens sont autorisés à revenir de leur exil et à reconstruire le Temple.
Les Mèdes, anciens maîtres des Perses, ont une dévotion particulière pour le feu, qui transporte les sacrifices aux dieux. Pour le culte, il n’est besoin ni de temples, ni même d’autels : il suffit d’un lieu élevé. Quant à Zoroastre (Zarathoustra), on peine encore à dater sa prédication, située peut-être vers le milieu du Vle siècle avant le Christ, bien qu’on sache que Darius fut Zoroastrien. Les générations suivantes ont incorporé l’ancien fonds païen à la nouvelle doctrine, si bien que le contenu même du message est discuté. Zoroastre aurait enseigné un véritable monothéisme : le seul dieu est Ahura-Mazda et les autres divinités ne sont adorées que par les sectateurs du mensonge. Les sacrifices sanglants sont interdits et la doctrine prêche la douceur et la bonté envers les animaux. La haute élévation morale de cette simplicité religieuse est toutefois corrompue par la résurgence du polythéisme ancestral. Artaxerxès II, au IVe siècle avant le Christ, revient aux cultes d’Anahita et de Mithra… Face à Ahura-Mazda se dresse Ahriman, le Mal. Le Bien triomphe à la fin des temps, mais tout homme doit lutter pour hâter cette victoire. Après la mort, on est jugé d’après ses œuvres, les purs vont au paradis et les mauvais subissent des châtiments. En outre, à la fin du monde se déroule un jugement général par le feu. Les cadavres doivent être laissés aux vautours, pour ne pas souiller la terre, ni l’eau ; il ne faut pas les brûler, pour ne pas souiller le feu.
La puissance impériale des Grands Rois perses est exhibée dans les imposantes résidences royales, construites dans les capitales des provinces. La cour, selon la saison, y partage son temps. Trois de ces palais ont été fouillés et sont maintenant suffisamment connus : Suse dans la plaine, Pasargades et Persépolis dans le haut pays, soit le Fars proprement dit, à l’initiative de Cyrus II et de Darius Ier ; après le règne duquel chaque roi construit son palais à Persépolis. Cette architecture perse, à l’époque des Achéménides, est le résultat de diverses influences ; les caractéristiques et les apports les plus importants étant dus aux Néo-Babyloniens et aux Assyriens : ils concernent, en particulier, l’emploi de la brique et de la terre cuite. L’architecture perse, cependant, se distingue de cette empreinte mésopotamienne par un emploi important des colonnes, qui révèle une influence nette de l’architectonique égyptienne. Grâce aux archives gravées sur l’argile à Persépolis, on est bien informé sur les ouvriers du bâtiment requis dans toutes les régions de l’empire, ainsi d’ailleurs que sur des hommes, femmes et enfants qui, sous la surveillance minutieuse de l’administration, travaillent dans les champs et les ateliers.
Des représentations iconiques multiples sont sculptées en relief sur les murs. Elles montrent le roi assis sur un trône monumental, tenant une audience et devant lequel s’incline l’un des hauts personnages de l’assistance ; le roi en marche escorté d’un porte-parasol et d’un chasse-mouches ; le roi sur son trône, supporté par les peuples de l’empire. Des porteurs de dons ou de tributs, venus de toutes les régions, et des soldats mèdes et perses, sculptés en relief, bordent les escaliers ouest du palais de Darius à Persépolis ; riches de détails, ils permettent d’imaginer la vie de cour. Avec les reliefs, des briques émaillées participent aussi au décor architectural. A Suse, seules subsistent les fondations des palais construits par Artaxerxès Ier et Artaxerxès II, mais c’est de leurs ruines que proviennent les célèbres plaquettes émaillées et colorées, qui témoignent du goût raffiné des Perses : sphinx ailés, conservés au musée de Téhéran, briques exposées au British Museum et au Louvre, qui représentent des archers de la garde du roi ; avec l’arc et le carquois, les soldats tiennent une longue lance avec un pommeau d’appui en or ou en argent. D’énormes statues de colosses imposants gardent les entrées des palais achéménides, où des éléments de colonnades ont été découverts à Persépolis: fragments d’un chapiteau gigantesque figurant deux taureaux adossés, chapiteaux qui représentent des lions et des dragons… Parmi les nombreux objets exhumés, citons enfin ces cylindres en agate gravés finement, divulguant les portraits du roi (Darius Ier ou Darius II) sur son char, chassant le lion; ou ces rhytons en métal, vases à boire typiquement perses, figurant à la base des têtes de griffons ou de capridés; ou encore ces amphores et ces coupes en or ou en argent, ces plaques de revêtement en or décorés en relief.
Ces palais sont entourés par des jardins luxuriants, sur lesquels ouvrent les pièces de réception du palais à Pasargades. Dans toutes les régions de l’empire, la géographie urbaine a ménagé ces «paradis», parcourus par des canaux, où circule l’eau destinée à l’irrigation ; deux d’entre eux ont été exhumés sur le territoire de l’empire, l’un en Judée, non loin de Jérusalem, et l’autre en Azerbaïdjan, dans cette région du Caucase conquise par les Perses
Ammar Mahjoubi