Des hors la loi élus au Bardo ? Tous les filtres ont-ils fonctionné ?
Maintenant que les noms des élus à l’Assemblée des représentants du peuple commencent à se confirmer, les interrogations au sujet de nombre d’entre eux se posent avec insistance. Comment sont-ils parvenus à candidater puis à se faire élire. Une simple consultation sur les réseaux sociaux révèle pour certains des antécédents peu glorieux : propos haineux, contrebande, outrage à magistrats, non-présentation des comptes à la Cour des Comptes, non-restitution de l’avance publique reçue lors des élections de 2014 et autres griefs sérieux.
Ceux qui découvrent soudainement leurs méfaits ne font que se réveiller trop tard. Ils ne sont pas les seuls à blâmer. Les filtres censés vérifier et contrôler n’ont pas fonctionné. Les digues se sont avérées poreuses laissant tout passer... Au nom de la démocratie et du verdict des urnes des candidats aux reproches avérés sont ainsi hissés au Bardo. Sans en avoir reçu les sanctions qui s’imposent, sans avoir, en repentis, réparé les dégâts et présenté leurs excuses. Forts de cette impunité, encouragés par l’obsolescence des filtres et en l’absence de la vigilance requise, ne risquent-ils pas de persister dans leurs errances et de faire fi de la loi, encore plus qu’ils jouiront désormais de cette fameuse immunité parlementaire ?
Comment voulez-vous que cette « fabrique de la loi » qu’est par essence le parlement puisse partager l’initiative des lois et les faire aboutir. Plus encore, exercer son autorité de contrôle sur l’exécutif alors que certains de ses membres ne sont pas au-dessus de tout soupçon ?
Les Tunisiens encore sonnés par le résultat des élections du 6 octobre cherchent, finalement, des digues à ériger contre les dérives qui pointent à l’horizon. Les contre-pouvoirs classiques risquent de s’avérer de faible poids, le jeu de la classe politique oscillant entre chamailles et compromis. La société civile et les médias auront-ils la pugnacité nécessaire et efficace pour assumer cette fonction salutaire.
Les jeux sont faits, mais tout est rattrapable par une vigilance citoyenne déterminée et continue.
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