Farhat Horchani : Il faut arrêter de taper sur Kaïs Saïed
Une campagne médiatique parfois féroce s’abat sur Kaïs Saïed. Elle est profondément injuste !
Kaïs Saïed n’est pas salafiste. Il n’est pas intégriste. Il n’est pas islamiste. Il est conservateur, comme le sont beaucoup de Tunisiens, jeunes et moins jeunes. On peut ne pas être d’accord avec certaines de ses idées conservatrices, mais on ne peut le dénigrer.
Je connais Kaïs Saïed depuis très longtemps, notamment dans le cadre de l’Association Tunisienne de Droit Constitutionnel, lorsque cette dernière était dirigée par feu Abdelfattah Amor et, après, par moi-même.
Kaïs Saïed est respectueux des droits et des libertés. Il est fervent défenseur de la légalité constitutionnelle, de la démocratie et de la forme républicaine du régime, de la force du droit positif produit par les représentants du peuple dans le cadre d’une assemblée démocratiquement élue.
Kaïs Saïed est respectueux de la constitution de 2014, de ses articles premier sur l’identité de l’Etat et deuxième sur le caractère civil de l’Etat et son fondement citoyen, de l’article 21 sur l’égalité entre les femmes et les hommes, de l’article 6 sur la liberté de conviction et de conscience, sur la prohibition de l’incitation à la haine et à la violence.
Kaïs Saïed n’est pas l’ennemi de la liberté, ni du statut de la femme, ni des acquis du code du statut personnel, ni des minorités.
Kaïs Saïed est un personnage pacifique, tolérant et généreux.
Mais Kaïs Saïed est un personnage atypique au sens propre comme au figuré. Il cultive un côté mystérieux, qui parfois suscite la suspicion. Sa campagne électorale est un cas d’école à étudier dans les Facultés de droit et de sciences politiques dans le monde.
Souvent lorsqu’il parle, il reste un peu sur la théorie et sur des choses très savantes parfois opaques ; et c’est pour cela sans doute que ses propos sont mal compris.
Maintenant il est propulsé au-devant de la scène politique. C’est un candidat qui a de sérieuses chances pour occuper la fonction suprême de la présidence de la République. Il suscite beaucoup de convoitises.
Beaucoup de jeunes et de moins jeunes posent des questions sur Kaïs Saïed. Nombre d’entre eux sont inquiets. Nombre d’entre eux aussi sont perméables aux raccourcis injustes à son égard.
Kaïs Saïed ne peut plus maintenant se taire et cultiver le mystère et les incompréhensions qui rôdent autour de sa personne.
Il a maintenant l’obligation politique de parler et de parler pour rassurer.
Farhat Horchani
Professeur de Droit, ancien président de l'Association Tunisienne de Droit Constitutionnel