Il était une fois l’extrême-gauche tunisienne
Ces élections auront été le champ de cygne de l’extrême-gauche tunisienne incarnée par le Front populaire. C'est sans doute le dernier clou planté dans le cercueil de cette gauche fossile si attachée à ses vielles lunes. Un signe qui ne trompe pas. Elle est la seule à arborer encore la faucille et le marteau trente après l’éclatement de l’Union soviétique. Pour s'être cantonnée dans sa fonction tribunitienne (porte-parole des mécontents), elle s’est condamnée à une mort inexorable, comme le prouvent les scores de ses candidats aux présidentielles (1,7% pour Hamma et 1,2% pour Rahoui) qui sont pourtant ses meilleurs représentants. Béji Caïd Essebsi lui avait tendu la perche en 2014 lorsqu’il lui avait proposé de rejoindre le gouvernement pour éviter une alliance avec Ennahdha. Elle a refusé au nom de la pureté révolutionnaire. Et dire qu'elle n'a jamais cessé depuis de lui reprocher son rapprochemement avec le parti islamiste. Au fond, ce dont souffre le plus aujourd'hui le Front, c'est de la médiocrité de ses cadres, de l'absence d'un nouveau Chokri Belaïd capable de la rénover de fond en comble pour qu'elle épouse son temps et se débarrasse des ses scories héritées de la période stalinienne.