Notes & Docs - 30.07.2010

Banques tunisiennes: les défis majeurs

« Le système bancaire tunisien reste dominé par les banques de dépôts, sa mise à niveau a été imposée par la BCT et non par le marché, estime MAC S.A dans une note d’analyse publiée fin juillet. Ceci étant, poursuit la note, lors des dix dernières années beaucoup a été fait notamment en termes d’assainissement de l’actif et de l’amélioration des ratios de rentabilité et de solvabilité, de la qualité des services, etc.  Mais avec les challenges conjoncturels et macroéconomiques que laTunisie devrait relever dans les années à venir, les banques tunisiennes feront elles aussi face à plusieurs impératifs à savoir la diversification des produits, la modernisation des systèmes d'information, la gestion des compétences et la réduction des coûts, en plus, des mouvements de concentration et de rapprochement entre banques pour atteindre des seuils de compétitivité.

Trois grands défis, au moins, sont à relever, à savoir l’accroissement du taux de bancarisation, la réduction du fragmentation du secteur et l’internationalisation. MAC S.A écrit à cet effet :

Malgré les progressions notables dans le secteur et les acquis indéniables déjà réalisés, les banques tunisiennes doivent relever plusieurs défis :

Accroitre le taux de bancarisation

Le taux de bancarisation en Tunisie reste assez faible et selon les directives des autorités il est prévu de généraliser les services bancaires à distance en augmentant le nombre des représentations bancaires, d'une agence pour 8.500 personnes à une agence pour 7.000 personnes à l'horizon de 2014. Ce qui représente une opportunité de croissance considérable pour les banques. Dans ce cadre, quasiment toutes les banques tunisiennes disposent d’un programme d’ouverture de nouvelles agences à travers le pays afin d’améliorer leur performances. La différenciation de l’offre de services et de produits va aussi de pair avec cet accroissement ce qui élargira la base de clientèle et améliorera, par conséquent, la rentabilité des banques.

Remédier à la fragmentation du secteur


Ceci étant, le secteur bancaire tunisien reste assez fragmenté et les banques de petites tailles. Pour y remédier, et dans le cadre de la politique nationale de hisser la Tunisie en une place financière régionale, il est prévu d'accroître la taille des banques et de consolider leur positionnement à l'international. En effet, le capital minimum des banques sera porté à 100 millions de dinars et la part des créances classées à moins de 7%, d’ici 2014.

Pour la question de la fragmentation du secteur, le rapprochement entre les banques tunisiennes reste une solution à plusieurs autres maux :

  • premièrement, c’est de faire face à la concurrence des banques étrangères qui pourraient pénétrer le marché national avec la libéralisation des services et
  • deuxièmement avoir des tailles considérables pour pouvoir s’exporter et s’implanter hors des frontières.

Dans ce domaine, l’Etat donne le bon exemple puisqu’il a été décidé de créer un pôle bancaire public 'Tunisie Holding' (conseil ministériel, du 11 juin 2010). Ce pôle aura pour mission d'élaborer des stratégies et d'assurer le suivi des activités des banques publiques affiliées (STB, BNA, BH) et d’harmoniser leurs interventions.

Avec la formation de ce holding financier, les autorités espèrent ainsi améliorer l'efficacité et améliorer les perspectives de croissance favorisées par le secteur privé. Une autre conséquence de la création de ce holding c’est d'encourager les autres banques à se rapprocher.

Se développer au-delà des frontières


Pour le second défi, à savoir le développement hors des frontières, il s’avère nécessaire avec l’ouverture du compte de capital qui poussera plusieurs de nos entreprises tunisiennes à se développer ailleurs. Etant un maillon incontournable dans le financement de l’économie, les banques tunisiennes devraient accompagner les entreprises nationales dans leur développement extérieur afin d’accroître leur rentabilité en retour.

Encore une fois c’est l’Etat qui fait le premier pas dans ce domaine puisque la première phase du projet de création d'un nouvel holding « Tunisian Foreign-Bank» (TFB), a été achevée. Ce holding renforcera, par ailleurs, la présence des banques tunisiennes à l'étranger, la première phase de ce projet a été marquée par la restructuration du capital de l'ex-Union tunisienne des banques (UTB) par l’augmentation de son capital de 30 millions d'euros, la mise en place d'un noyau solide d'actionnaires publics (STB, BH, BCT) et l'obtention, auprès des autorités monétaires françaises, des autorisations nécessaires pour l'entrée en fonction du holding. Un plan d’action est en cours d’élaboration pour les années à venir avec le concours de la BEI (Banque européenne d'investissement). L'objectif du plan est de promouvoir les capacités commerciales de la TFB, d'élargir son réseau de succursales en France et en Europe (Italie et Allemagne) et de développer le service bancaire à distance.

 L'objectif escompté consiste à augmenter et à ouvrir le capital de la Tunisian Foreign Bank à un partenaire stratégique, tout en préservant une participation tunisienne majoritaire. Selon le gouverneur de la BCT, une partie de cette participation publique (10%) pourrait éventuellement être cédée à des groupes tunisiens privés ou à des tunisiens résidant à l'étranger, a affirmé M. Baccar.

 
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