Décès de Nejib Ayed : le cinéma en deuil
Clip fin, en toute surprise, pour le cinéaste tunisien Nejib Ayed, foudroyé vendredi matin, à l’âge de 65 ans, par un subit arrêt cardiaque. Avec son regard curieux et accueillant, ses cheveux blancs laissés en bataille, et son amour éternel pour le cinéma et les cinéastes. Directeur exécutif des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) depuis 2017, il incarnait toute une génération du 7ème art au sud de la méditerranée. Son parcours commencera par les ciné-clubs et les clubs de cinéastes amateurs. Son premier point d’ancrage sera longtemps le festival international du film amateur de Kelibia (FIFAK) qui célèbre cette année sa 34ème session. Véritable vivier de talents, ce rendez-vous exceptionnel consacrera la vocation de futurs grands réalisateurs et producteurs.
C’est tout naturellement que Nejib Ayed rejoindra la Fédération tunisienne des Cinéastes Amateurs, et s'impliquera activement au sein de la Fédération tunisienne des ciné-clubs dont il sera président de 1977 à 1980. Sur la même lancée, il mettra le pied à l’étrier dans la production, bien conseillé par Ahmed Bahaeddine Attia et tentera mille et une aventures. Il fera ses premières armes dans les festivals du cinéma arabe et africain, mais aussi méditerranées, ira à Cannes, et se rôdera un peu partout ailleurs. Son carnet d’adresses est en fait un véritable recueil d’amis fidèles qui, de simples connaissances, cinéastes, acteurs, producteurs, prestataires de services, marketeurs, journalistes et autres, sont devenus une part de lui-même.
Très attachant, cet enfant de Ksar Helal, qui porte le nom d’une grande famille nationaliste, dont la maison avait abrité, le 2 mars 1934, le congrès constitutif du néo-destour, il a été toujours été dans les valeurs et la passion. Son plus grand bonheur était de s’attabler avec ses amis autour d’un café. Comme il devait le faire ce dimanche à Monastir.
Néjib Ayed ratera ce moment de convivialité. Il nous manquera. FIN. L’écran restera blanc. Comme ses cheveux, comme son âme, comme son cœur.
Taoufik Habaieb