Révélations: comment cette photo de Leaders reprise par Paris Match est devenue historique (Album photos)
Vous l’avez vue en couverture de Paris Match, mais aussi un grand nombre de magazines et quotidiens de par le monde. Cette magnifique photo du président Béji Caïd Essebsi en jebba blanche, sur les hauteurs de Carthage, spécialement prise pour Leaders, et publiée dans le numéro 75 d’août 2017, est devenue légendaire. Son histoire mérite d’être racontée.
Nous étions début juillet 2017. Le président Caïd Essebsi, porté, par le premier scrutin indépendant et transparent, à la tête de la République le 21 décembre 2014, avait officiellement pris ses fonctions le 1er janvier 2015. Deux ans et demi après, il était alors à mi-mandat. Quel bilan en dresse-t-il et comment compte-t-il conduire la deuxième partie de son quinquennat ? Lorsque je lui ai posé la question en lui proposant d’en accorder à Leaders une interview exclusive, le président Caïd Essebsi y a acquiescé avec sa courtoisie habituelle. Restait à obtenir un rendez-vous et connaître le lieu où devait se dérouler cette interview, qui sera illustrée par une reportage photo exclusif.
Scénarisation
Le cadre est important. Il fallait sortir le président du décor habituel du palais de Carthage, ses différents salons et le cabinet où officie le chef de l’Etat. Sa résidence, Dar Essalem, dans l’enceinte du palais est beaucoup plus appropriée. A l’intérieur, le cadre, modeste où il vit en famille, est plus intime. A l’extérieur, le jardin qui surplombe la mer, offre un paysage peu exploré. Quant à la tenue appropriée, en plein été, rien ne vaut une jebba blanche qui lui sied parfaitement en toute élégance.
La proposition de Leaders est immédiatement acceptée. Disciple de Bourguiba, Béji Caïd Essebsi sait se plier courtoisement aux doléances de la presse et taquiner caméras et appareils photos.
La date a été bien choisie : le mardi 25 juillet 2017, à 16 heures. Comme chaque année depuis qu’il est à Carthage, le président Caïd Essebsi devait se rendre au palais du Bardo assister à la réception donnée par le président de l’Assemblée des représentants du Peuple, Mohamed Ennaceur, à l’occasion de la célébration de la fête de la République. En jebba.
Rester pour l’équipe de Leaders de bien s’y préparer : élaborer les questions, désigner les photographes, repérer d’avance les bons endroits de prise de vue… Tout se déroulera très fluidement. Les deux directeurs conseillers de Leaders, Hédi Béhi et Abdelhafidh Harguem se joindront à moi pour ficeler les questions, par thématiques, établir un chronogramme pour la gestion du temps qui nous sera imparti, entre interview et shooting photo.
Hammi- Belaid et l’équipe Com de Carthage en dream-team
De son côté, le photographe en chef de Leaders, Mohamed Hammi, se fera accompagner deson confrère et ami de longue date, Abdelfettah Belaïd (AFP), pour se compléter utilement. Tous deux, ils avaient une relation professionnelle privilégiée avec le président Caïd Essebsi, depuis plus de 40 ans. Chaque fois qu’il rencontrait l’un, il lui demandait des nouvelles de l’autre : « Winousahebek ?» Habitué à leur tumulte qui brave souvent le protocole, il leur pardonnait tout, n’hésitant pas à les recadrer s’il faut, de tout son humour. Cette confiance entre la personnalité à prendre en photo et les photographes est très importante pour les mettre tous à l’aise et garantir des prises de vue expressives.
Depuis son arrivée à Carthage, Sil Béji avait adoubé l’équipe Com, dirigée d’abord par Moez Sinaoui, puis Firas Guefrache et Aïda Klibi, qu’il connaissait déjà depuis la Kasbah en 2011, puis Nidaa, rejoint par Awatef Dali. Il accordera aussi toute son attention au groupe photo-audio, composé notamment de Houcem Mzoughi (digital, team leader), Slim Abid et Ali Louati (photo), Ahmed Azaiez et Ali Ben Saïed (vidéo) Houssemeddine Lahmar (son), Wafa Souli et l’incontournable Azzouz Mathlouthi. Il veillait sur eux en bon père de famille, les laissant travailler à l’aise sans jamais y intervenir.
« Alors vous me faites travailler un jour férié ! »
Lorsque l’équipe de Leaders arrive au grand portail d’honneur de Carthage, à 15H45, les gardes en étaient prévenus. Tout sera facile et rapide : juste le temps de parquer les voitures, de descendre le matériel photo et de le vérifier une dernière fois, puis on se dirige vers la villa. Ceux qui ne la connaissaient pas découvriront une maison très anodine, comme tant d’autres en banlieue nord, composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage, donnant sur un jardin. Ancienne résidence de hauts fonctionnaires français, elle a été annexée à l’enceinte du palais et rénovée début des années 1990.
La porte s’ouvre, et c’est le président Caïd Essebsi qui nous reçoit en personne, lançant avec sa verve habituelle : « Alors vous me faites travailler, même un jour férié ! Mais vous aussi vous travaillez aujourd’hui, alors on est quitte ! » Il nous fait traverser le petit patio et entrer dans le salon aménagé en deux parties. La maitresse de maison, son épouse Sayda Chadlya, y est avec sa fille Amel et sa belle fille Rym, tout naturellement comme dans la salle de séjour de toute maison. Pour bénéficier de l’éclairage naturel sous un soleil plus doux en cette après-midi, on commencera par les prises de vue à l’extérieur.
Le président Caïd Essebsi n’est pas difficile : toujours prêt, se prêtant aimablement aux photographes. Accompagné de son médecin personnel (et gendre) Dr Moez Belkhoja, lui aussi en Jebba, lunettes de soleil bien calées, il nous précède allègrement sur la pelouse, avançant au fond du jardin. « Ca vous convient comme ça ? », demande-t-il. Hammi et Belaïd étaient déjà en shooting, les appareils photo en mode rafales ». Sans s’arrêter, ils photographiaient sous divers angles, puis invitent le président à changer de position puis de retourner à la résidence. « C’est bon ! s’assure-t-il, avant de nous lancer : je vous fais confiance, choisissez ce qui vous convient… Comme d’habitude. »
« Cette corvée, bien nécessaire, mais agréable des photos »
Retour à la résidence. En toute simplicité, Mme Caïd Essebsi fait servir des gâteaux et de la citronnade. Sil Béji était ravi d’avoir accompli « cette corvée, bien nécessaire, mais agréable des photos ». Son humour décapant est au bout des lèvres. Nouvelles prises de vue, puis l’interview commence. Du haut de son magistère, il dresse le bilan du mi-mandat et annonce son programme pour les deux ans et demi qui lui restent « à tirer ». « Je compte les mois un à un, nous dira-t-il, et je m’assure de l’avancement de mes projets, en engagements de campagne. J’implore le Tout Puissant qu’il m’aide à y parvenir ! »
Sacré Béji, super star!
L’heure précise du départ au Bardo approche. Fin de l’interview. Le président nous raccompagne et salue chacun chaleureusement. La voiture présidentielle est avancée juste devant les marches d’entrée, le cortège est prêt à s’ébranler. Slim Azzabi, alors directeur du cabinet présidentiel et Raouf Mradaa, directeur général de la Sécurité présidentielle et de la Protection des personnalités officielles, viennent saluer respectueusement le président Caïd Essebsi. Départ.
Pour l’équipe de Leaders, le vrai travail commence alors. Personne n’avait imaginé ce jour-là que l’une des photos de ce reportage exclusif, fera un jour la couverture de Paris-Match et le tour du monde. Sacré, Béji, super star!
Taoufik Habaieb
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félicitations.Très émouvant reportage! Allah yarham Si El! Beji