Guinée équatoriale: la gageure de Salah Bornaz 3000 personnes à nourrir sur des plateformes pétrolières chaque jour (Vidéo)
Faire nourrir et héberger chaque jour plus de 3 000 personnes en pleine mer sur des plateformes pétrolières dans pas moins de cinq pays de l’Afrique centrale et de l’Ouest: Salah Bornaz en est champion. Ce quadra élégant au look de star de cinéma sait garder la tête froide face au casse-tête d’une logistique en flux tendu, ne pouvant souffrir le moindre retard et le moindre manquement. Etabli à Malabo depuis maintenant 8 ans, il est Country Manager de la compagnie FTF Catering et vient d’être promu Area Manager de la société mère Somed Alliance. A ce titre, son périmètre s’élargit, outre la Guinée Equatoriale, à la Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigeria et au Cameroun...
Salah Bornaz en est spécialiste. Il avait déjà exercé depuis plus de douze ans à Pointe-Noire au Congo, à Port Harcourt au Nigeria, à Cabinda en Angola, et en Libye avec un bref passage au Soudan. A présent, depuis Malabo, il couvre pratiquement tout le golfe de Guinée. Ce n’est pas par hasard qu’il détient alors un passeport très épais, avec des rallonges agrafées, consignant ses multiples visas et ses tampons d’entrées et sorties.
Comment ce garçon de Tunis féru de plages et de mer, de bonne cuisine méditerranéenne et de luxueux palaces a-t-il atterri dans le catering en Afrique ? Superbe saga. Tout a commencé en 1993, lorsque très jeune, emporté par la passion, Salah Bornaz était parti en Sardaigne, cette grande île italienne. Elisant domicile à Stintino au nord-ouest de l’île, il trouvera un poste de réceptionniste dans un hôtel prisé. Un an seulement après, apprécié par ses supérieurs, il sera promu directeur d’hôtel. Dix ans durant, Salah Bornaz exercera dans différents hôtels de la même compagnie, en Sardaigne et dans l’Italie continentale. «C’était une grande école de la profession et de la vie, confiera-t-il à Leaders. On y apprend beaucoup...»
Sans cravate
Début 2007, Salah Bornaz commençait à sentir l’étouffement : costume cravate, grandes soirées à organiser, mondanités, farniente des vacanciers... «Je cherchais quelque chose de plus intense, des défis plus motivants... Les offres ne manquaient pas, il me fallait bien choisir. C’est ainsi que postulant pour une fonction d’Operations Manager au sein d’une compagnie de catering en Angola, j’y ai été rapidement recruté. Et c’était parti !»
Quand on a 3 000 hôtes chaque jour, c’est servir entre petit-déjeuner, déjeuner et dîner, 9 000 repas, en plus des goûters et en-cas. Imaginez alors toutes les provisions à faire acheminer, entre produits frais, viande, poisson, eau minérale, jus, café, thé... Mais aussi, la cuisine à faire, les prestations à servir... Ces hôtes, il faut aussi les héberger, certes dans des cabines, mais il faut tout assurer, y compris la buanderie. Le métier de Salah Bornaz est de gérer toute cette machine allant de la supervision des achats dans divers marchés jusqu’à leur livraison à quai prêts à l’embarquement à destination des plateformes, puis sur place, l’affectation des équipes et l’organisation des prestations. Le tout dans le souci constant du just-in-time, de la qualité et de la satisfaction. Le contexte et la nature du travail sont bien particuliers : opérer dans des pays qui ont chacun leurs propres spécificités, opérer en mer, satisfaire tous les goûts et respecter la ponctualité à la minute près constituent de grands défis à relever.
«Lorsqu’on me demande quel métier je fais, j’ai tendance à répondre que je suis dans le baby-sitting, s’amuse à dire Salah Bornaz. Je dois en effet chouchouter mes équipes, mes hôtes et mes patrons. Chacun d’eux doit sentir que je m’occupe de lui avec beaucoup d’attention et que je veille sur ses intérêts.
Pour se décontracter, Salah Bornaz s’organise en deux grandes séquences. La première est sportive : en allant à la plage et surtout en jouant au golf tous les week-ends. La deuxième est dédiée à l’action sociale à travers le Rotary. Coopté membre du Rotary Club de Malabo, il aime participer tous les jeudis aux réunions hebdomadaires. Quand il est en voyage dans d’autres pays, il n’hésite pas à visiter les clubs là où il se trouve, cultivant ainsi la bonne règle rotarienne.
Loin de sa Tunisie natale, Salah Bornaz se rend utile, multipliant réussite professionnelle et intégration sociale. Une success story qui devrait inspirer.
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