Boulbaba Zitouni: consul honoraire de Tunisie à Malabo et pionner des Tunisiens en Guinée Equatoriale (Vidéo)
Il est arrivé la première fois à Malabo, capitale de la Guinée Equatoriale, en 2004 juste pour quinze jours. Maintenant, il y est établi depuis bientôt… quinze ans. Boulbaba Zitouni, 47 ans, originaire de Gabès, diplômé de l’Institut sylvo-pastoral de Tabarka, est aujourd’hui le Tunisien le plus ancien en Guinée équatoriale et consul honoraire de Tunisie. Un parcours atypique où le hasard jouera beaucoup mais où la détermination, l’esprit d’entreprendre, la volonté de servir et la droiture l’emportent le plus.
Affecté initialement au ministère de l’Agriculture à Gabès, il rejoindra en 1998 le Centre national de la télédétection à El Aouina (ministère de la Défense nationale) en tant que technicien supérieur forestier au titre d’un projet d’inventaire des forêts en cartographie satellitaire et photos aériennes. Sa passion était, parallèlement à son métier officiel, de s’adonner à l’achat-vente de voitures, s’inspirant un peu de l’expérience de son cousin et beau-frère longtemps établi en France et qui a fini par s’installer à Cotonou, la capitale du Bénin.
L’Afrique en addiction
En 2002, Boulbaba est contacté par ce cousin qui cherchait en vain un bon assistant pouvant le rejoindre pour l’aider à développer ses affaires. Jamais l’idée de quitter son poste et sa Tunisie n’avait effleuré auparavant son esprit, mais comme guidé par le destin, il se portera volontaire et se lancera dans l’aventure. Et c’est ainsi qu’il débarquera au Bénin. Apprenant rapidement les ficelles du marché local, il était resté sur place pour assurer les ventes alors que son cousin partait en Europe acheter les voitures et les lui envoyer. Pas moins de 100 voitures étaient ainsi écoulées chaque mois.
Deux ans après, en 2004, le cousin décide de rentrer en Tunisie. Boulbaba avait alors le choix de rester au Bénin, de rentrer en Tunisie ou d’explorer d’autres horizons. Suivant de près l’actualité, il voyait la Guinée équatoriale, riche de ses nouvelles découvertes pétrolières, monter en flèche. Un client équato-guinéen l’incitera à y tenter sa chance. Il découvrira que le continent africain regorge d’opportunités qu’il faut savoir saisir. En fait, il venait de contracter la passion de ces terres et peuples, une addiction quoi!
Premier coup d’essai en novembre 2004. Il ira en exploration pendant quatre jours à Bata, dans la partie continentale, puis s’envolera pour Malabo. Il quittait le Bénin en crise économique et découvrait la Guinée Equatoriale en plein boom où les gens n’ont aucune minute à perdre tant les opportunités d’affaires étaient prenantes. Il décidera de s’y installer.
Dès le mois de janvier 2005, Boulbaba Zitouni embarquera une voiture à destination de Malabo pour tester le marché. L’essai se transforme rapidement en succès et il restera un mois pour bien connaître le pays. Il reviendra en février, cette fois avec deux voitures: en vendant la première et en mettant en location la seconde au prix de 2 000$ par mois. Et c’est parti.
Rapidement, Zitouni comprendra que l’immobilier était prometteur. Les autochtones se mettaient à construire maisons et bureaux et beaucoup d’expatriés qui commençaient à affluer sont à la recherche de logements, de bureaux et de locaux professionnels. A lui de devenir agent immobilier et conclure de bonnes transactions. En deux semaines, il parviendra à louer une grande villa et empochera sa première commission qui était de 8 000$.
Créer et développer des entreprises de qualité
Ses clients sont de grandes compagnies, des ONG, des ambassades. Leurs demandes dépasseront l’immobilier pour porter sur l’affectation de personnel et autres services, ou encore l’assistance et l’accompagnement en investissement, création d’entreprise et installation. Dès 2007, il créera ainsi son entreprise « Guinee Services Provider». D’autres demandes portent sur l’assistance et l’évacuation sanitaire. Pour cela, il lui fallait obtenir un agrément délivré par le ministère du Tourisme, ce qui lui sera accordé en 2008.
Entre-temps, Boulbaba Zitouni songera à se marier et épousera une cousine, Wafa, technicienne supérieure en génie civil qui le rejoindra à Malabo. Elle trouvera rapidement un poste d’institutrice à l’Ecole française, mais très attachée à sa spécialité dans le BTP, elle préfèrera rejoindre le groupe français Bouygues et y excellera. Wafa lui donnera deux magnifiques enfants et tous se plairont à Malabo. Mais, avec l’arrivée de l’âge de leur scolarisation, il fallait penser à leur réinstallation en Tunisie, comme c’est le cas pour d’autres familles tunisiennes. A partir de 2013 - 2014, nombre d’entre elles sont ainsi revenues au pays natal, mais revenant régulièrement à Malabo durant les vacances d’été.
Boulbaba Zitouni sera lui aussi attiré par les projets de BTP. En avril 2011, il décrochera avec des partenaires tunisiens de la société Mosaïque Ingénierie une première mission de contrôle et de supervision du chantier de construction du ministère des Finances. Puis, il enchaînera deux autres projets. Lorsque ce partenariat prendra fin, il créera une nouvelle entreprise «Carthage Maintenance &Engineering». Aujourd’hui, comptant sur une équipe performante, il se bat pour développer ses affaires et mériter la satisfaction de ses clients.
En arrivant en 2004 à Malabo, Zitouni n’y avait trouvé que deux compatriotes tunisiens qui l’avaient précédé: Slim Akid (le frère du footballeur Mohamed Ali Akid), ingénieur pétrolier, et Salem Smiran, chef de chantier responsable Maîtrise chez Bouygues, qui finira par rentrer en Tunisie. Sur le registre consulaire des ressortissants tunisiens en Guinée Equatoriale, la première carte était attribuée à Slim Akid, la deuxième à Zitouni, et la troisième à son épouse, Wafa. Les deux autres suivants seront très significatifs, Dr Karim Masmoudi, médecin anesthésiste-réanimateur, et Dr Hamed Ben Khalifa, médecin généraliste (voir leurs portraits).
Monsieur le consul honoraire
Une fois de plus, l’heureux hasard jouera en faveur de Boulbaba Zitouni. La Tunisie, qui avait établi des 1972 des relations diplomatiques avec la Guinée équatoriale, n’y avait pas ouvert une ambassade, en chargeant son ambassadeur au Cameroun de couvrir ce pays avec résidence à Yaoundé. Avec l’accroissement progressif de la communauté tunisienne et les perspectives de développement économique, il fallait songer à nommer un consul honoraire. Chargé d’affaires à l’ambassade de Tunisie à Yaoundé, Riadh Essid (qui sera plus tard ambassadeur à Ottawa) effectuant plusieurs visites à Malabo, fera connaissance avec Zitouni et appréciera la considération dont il jouit. Obtenant son accord, il le proposera en 2011 pour devenir consul honoraire de Tunisie. Le hasard voudra qu’Essid, de retour à Tunis, soit nommé conseiller diplomatique auprès du président de la République et suive ainsi, depuis Carthage, le dossier de Zitouni. Le 25 octobre 2011, le président intérimaire Foued Mebazaa signera le document d’exequatur l’accréditant comme consul honoraire, après avoir obtenu l’agrément des autorités équato-guinéennes.
Sacrée saga d’un jeune arrivé pour vendre des voitures et qui devient chef d’entreprise et consul honoraire, hissant le drapeau tunisien sur le fronton de sa résidence... Adoubé par la communauté diplomatique, hautement considéré par les autorités et bien apprécié par les Tunisiens, Boulbaba Zitouni porte sa mission en sacerdoce de dévouement et d’abnégation.
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