Opinions - 02.07.2019

Habib Mellakh: Acte premier de la mascarade ou les épisodes rocambolesques de la rencontre (Seconde partie)

Habib Mellakh: Acte premier de la mascarade ou les épisodes rocambolesques de la rencontre (Seconde partie)

La victoire sur le terrain de l’Espérance a laissé un goût prononcé d’inachevé non seulement parce que la rencontre n’est pas allée à son terme mais aussi et surtout parce que sa fin en queue de poisson révèle la faillite absolue de la CAF, met à nu ses tares et celles de ses dirigeants. C’est pourquoi la FIFA a désigné sa secrétaire générale,  la sénégalaise Fatma Samoura, comme déléguée générale pour l’Afrique pendant une période de six mois renouvelable  pour mener un audit de la CAF afin d’évaluer sa situation actuelle et de mettre en œuvre des réformes permettant un fonctionnement de la CAF conforme «  aux standards de gouvernance les plus élevés ».

Le bateau ivre de la CAF et la mascarade de son timonier

La fête a été gâchée mais Ahmad Ahmad rejette toute la responsabilité de ce gâchis sur l’Espérance et ses dirigeants. Les soupçons invraisemblables de sabotage de la VAR par les Tunisiens, relayés par des médias marocains, voire  des médias européens,  font partie  d’une campagne savamment orchestrée de dénigrement de l’EST pour préparer la décision de rejouer  la rencontre, prise lors de la réunion urgente du comité exécutif de la CAF à Paris : « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». Ils constituent un déni de responsabilité et une preuve de l’irresponsabilité du président de la CAF qui lance à l’emporte-pièce des accusations absurdes pour cacher son fiasco. La  suspicion et la calomnie tournent au délire.

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu’il est farfelu d’imputer la responsabilité de cet échec à la partie tunisienne. D’abord la VAR n’est pas de son ressort mais de celui de la CAF et du patron de l’arbitrage en son sein, Souleiman Waberi, curieusement absent du stade le jour de la rencontre comme l’a souligné le président de la CAF dans l’un de ces messages écrits adressés à l’émission After Stad. Ensuite l’absence de la VAR ne pouvait que desservir et pénaliser l’EST puisque cette défaillance la privait de la possibilité de corriger les erreurs de l’arbitre central récusé pour sa réputation d’arbitre toujours favorable aux équipes marocaines et lésant l’adversaire, ce qui s’est d’ailleurs passé pendant la rencontre lorsque les sang et or ont été privés en première mi-temps  du pénalty flagrant précité, curieusement occulté par les médias marocains et  qui aurait permis aux sang et or , s’il leur avait été accordé,  de regagner les vestiaires sur le score de deux buts à zéro en leur faveur et de tuer le match. Par ailleurs, celui qui accuse ou soupçonne les Tunisiens d’avoir saboté la VAR ignore que le dispositif est géré à partir d’une salle VAR où officie un arbitre, ses deux assistants désignés par la CAF et 3 techniciens et que tout sabotage est par là même automatiquement décelé et dénoncé. Le commissaire du match, le nigérian Sehu Dikko, soupçonné d’avoir changé le rapport du match, qui prétend  deux semaines après la rencontre, dans une déclaration aux médias marocains, que la VAR a été sabotée quelques minutes avant le coup d’envoi du match, oublie que c’est le staff arbitral de la CAF qui gère la salle de la VAR. Quand il prétend que le matériel de la VAR a été testé quatre  fois positivement avant le jour de la rencontre, nous ne pouvons que dénoncer cette contrevérité puisqu’il  n’a été livré que le jour même de la rencontre selon le prestataire de service et que l’animateur de l’émission sportive Dima sport diffusé sur la chaîne Watania 1 a fait état la veille de la  rencontre de la défaillance de ce matériel.

La mascarade de la CAF

La CAF aurait dû faire son autocritique  car elle a très mal géré cette rocambolesque affaire. Son président n’a pas voulu ébruiter la nouvelle de cette défaillance selon le président de la FTF, Wadii al jari, probablement dans l’espoir que tout rentrerait dans l’ordre avant la rencontre et qu’on remédierait à cette défaillance. Il aurait fallu en toute transparence informer les dirigeants des deux équipes de la difficulté qu’il y avait à installer la VAR pour la rencontre, que la CAF espérait pouvoir le faire en temps utile  et publier un communiqué dans ce sens, ce qui aurait permis d’éviter l’épisode rocambolesque de la VAR. Au lieu de cela, la CAF a décidé d’occulter l’information pour ne pas offrir l’image d’une institution incompétente et incapable  d’organiser une rencontre de la finale de la Ligue des champions dans les règles de l’art.

La peur de ternir son image de marque  a exposé la CAF à un péril plus grand. Au bout de la Nuit du Destin, elle s’est fait ridiculiser et elle est tombée comme les deux servantes de la Fable de la fontaine La Vieille et les deux servantes de Charybde en Scylla. Il s’agit là d’un grand fiasco au niveau de la communication précédée sur ce plan d’une autre erreur. Alors qu’au moment de l’introduction de la nouvelle technologie en Europe et ailleurs ou à l’occasion de la coupe du monde en Russie,  les hautes instances du football européen et mondial ont organisé des formations  au profit des dirigeants et des entraîneurs afin de les familiariser avec la VAR et les règlements qui régissent son utilisation, la CAF n’a pas jugé utile de le faire et elle récolte aujourd’hui ce qu’elle a semé. Les journalistes africains ne se sont pas informés et n’ont pas relayé l’information comme cela s’est passé sous d’autres cieux.

A côté du déficit médiatique, la fin rocambolesque de la rencontre est révélatrice de l’incompétence de la CAF et du grand fiasco de la soirée footballistique. Pour se tirer de l’imbroglio dans lequel la CAF s’est empêtrée, Ahmad Ahmad a improvisé une courte réunion qui a décidé, en vertu de l’article 17, chapitre XI du règlement de la Ligue des champions de valider le résultat acquis sur le terrain. Sans cette réunion prévue par l’article 18 qui l’habilite à sanctionner par une défaite sur tapis vert l’équipe qui se retire,    la CAF n’aurait pas organisé la  cérémonie de remise du trophée et des médailles. Ahmad Ahmad a d’ailleurs été au départ extrêmement réticent à remettre le trophée et les médailles selon des témoignages concordants dont celui du président de la FTF. A-t-il convoqué la réunion improvisée qui a validé le résultat acquis  pour céder aux pressions de la partie tunisienne  convaincue de son droit de revendiquer la victoire à la suite du forfait marocain? C’est ce qu’il laisse entendre lorsqu’il accuse le président de l’EST de l’avoir menacé en le mettant en garde contre les risques encourus en matière de sécurité  si le résultat n’était pas confirmé : «  Vous voulez la révolution ? » lui aurait-il dit. Dans cette atmosphère très tendue et en raison de la tournure prise par les événements avec le revirement de la CAF, la remise  du trophée et des médailles à contrecœur a été perçue a posteriori comme une farce  grotesque et une simulation de la validation du résultat. Dans un communiqué publié dans l’après-midi du 1 juin dernier, la CAF annonce pour le 4 juin  une réunion d’urgence  de la CAF pour « débattre des issues réglementaires à réserver à cette rencontre ». Cette formule ne remet-elle pas en question la victoire de l’EST  en relançant le débat qu’on croyait clos au sujet du résultat de la rencontre et ne présage-t-elle pas du revirement de la CAF ?

Habib Mellakh

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