Tunisie 2019 : Notre obscurité, le règne de l’obscurantisme
"La place de l’obscurantisme est l’obscurité" (Hugo Barbier)
Même s’il fait beau et lumineux depuis quelques jours dans notre beau pays de Tunisie, il fait un noir obscur dans nos têtes et nos esprits, depuis que notre pays ne cesse de poursuivre sa descente en enfer d’une obscurité qui ne cesse de nous côtoyer.
L’obscurité, refuge de l’obscurantisme, n’a pas à juste titre bonne presse, et tous les commentaires la concernant ne sont pas joyeux.
Seules les salles de cinéma lui offrent un espace, qui peut dans certains cas contribuer à instiller la culture dans les esprits attentifs et gourmands.
Partout ailleurs l’obscurité est un allié difficilement maitrisable et de préférence à éviter dès lors que cela est possible.
Hugo Barbier, éminent juriste et écrivain à ses heures, affirme que "sans l'obscurantisme des pensées étriquées, l'homme aurait les yeux plus grands que l'Univers".
Les petites pensées, celles qui résultent du regard de l’homme sur sa seule proximité, ne peuvent le conduire qu’à s’installer dans un horizon rétréci, dans une petite ambition, autour de sa seule personne, sans voir plus loin pour se rendre compte que le bonheur et bien celui qui se distribue autour de soi, dans un univers plus grand, celui qui comprend sa famille, ses amis, son pays et au-delà, quand l’idée et l’action sont grandes, souveraines et généreuses.
Est-ce bien ce que notre pays connait depuis les évènements de 2011, qui ont marqué la fin d’une ère autocratique et donné un espoir immense pour le pays d’une marche en avant vers la démocratie et le progrès économique ?
L’ambition personnelle moteur de l’action politique
A tous les niveaux de l’action politique, notre peuple se déchire, que ce soit au sein des instances représentatives nationales, que dans le cadre plus étroit des régions et des communes, les citoyens depuis le "Omda" jusqu’à la Présidence de la République se livrent à des guerres d’image et d’annonce pour le bouquet final, celui d’être en position de victoire le jour J de la "grande illusion".
Ce jour là, ils seront nombreux à briguer le fauteuil suprême, à défaut ils se tourneront vers d’autres horizons, et peut être d’autres ambitions : un mandat de représentant du peuple, de type députation, voire une mairie d’une grande ville, ou enfin une promesse d’un fauteuil dans la grande fonction publique, dans une belle ambassade ou dans une entreprise industrielle ou commerciale "intéressante", bénéfices élevés et risques modestes !
L’ambition politique n’est cependant pas discrète, elle s’affiche au risque de créer dissensions, animosités et de multiplier la concurrence. Elle est particulièrement contagieuse, dés lors qu’elle est médiatisée, et encourage les moins audacieux à déclarer leur flamme, celle de faire partie des élites " qui donnent leur temps et leur savoir au pays et à leurs compatriotes".
Elle crée ce grand mimétisme de l’ambition qui réduit drastiquement la sagesse de la réflexion, celle qui devrait conduire notre peuple au redressement de son économie si longtemps malmenée.
Redresser notre économie
Notre économie est en chute libre, seule l’économie parallèle, qui est devenue sa sœur jumelle permet de faire travailler ceux qui sont laissés sur le bord du chemin.
L’économie parallèle est un palliatif couteux, dans la mesure où, si elle permet d’offrir des emplois à des personnes qui en sont privés, est créatrice de préjudices aux caisses de l’Etat et de la sécurité sociale.
Elle survit en toute impunité au bénéfice de ceux nombreux qui la pratiquent, sans se soumettre aux paiements des taxes de toutes natures et à ce qui est devrait être versé aux caisses sociales.
Elle concurrence à faible coût, l’économie réelle qui se trouve ainsi dépourvue de revenus multiple qui devraient normalement lui être consacrés.
Notre administration et nos autorités, ont plus d’un souci à gérer, sont faiblement armées et ont autres choses à faire que de se confronter à une hyène transparente intangible et obscure.
Conclusion
Redresser notre économie, exige que nous sachions parfaitement de quelles composantes elle est faite, et de quels maux elle souffre.
Rien n’indique, en effet, que nos gouvernants maitrisent totalement ses contours, du fait de l’importance de sa composante informelle pas toujours facile à appréhender.
Nous sommes en ce domaine dans l’absence de certitude, ce qui ne devrait pas nous empêcher d’élaborer des hypothèses fiables, qui nous permettront de mettre un terme à la chienlit actuelle et construire ensemble, nous tous les citoyens tunisiens, sans exclusif ni dosage, une économie débarrassée de l’obscurantisme, une économie forte, et juste.
Mourad Guellaty