Habib Mellakh: La mascarade footballistique de la Nuit du Destin (1)
Les dirigeants du football africain et, à leur tête, leur grand manitou, Ahmad Ahmad, tantôt marionnettiste et tantôt pantin nous ont offert, à l’occasion de la finale retour de la Ligue des champions de la CAF entre l’EST et le WAC disputée le 31 mai dernier, pendant la Nuit du Destin le spectacle d’une mascarade ridicule en deux actes. Le premier acte s’est achevé avec la fin rocambolesque de cette finale.
Après un voyage au bout de la nuit, le public du stade de Radès et les téléspectateurs ont été les témoins d’un énième naufrage du football africain malade de ses dirigeants et dont le triste destin est d’être la risée du monde entier. Cela n’honore pas ces responsables et éclabousse tout le continent dans un monde où le sport en général et le football en particulier, instrumentalisés politiquement, bénéficient d’une importante couverture médiatique et sont perçus comme des marqueurs importants du développement.
Emaillée de multiples moments de tension et d’interminables palabres entre les dirigeants de la CAF et les responsables des deux clubs consécutifs à l’annulation par l’arbitre d’un but marqué par le WAC à la 58ème du jeu, la rencontre s’est terminée en queue de poisson : l’équipe marocaine, intransigeante dans son refus de reprendre le jeu a quitté le terrain, ce qui a poussé l’arbitre, sur instruction des dirigeants de la CAF, à siffler la fin de la rencontre sur le score de 1 but à zéro en faveur de l’EST.
Le deuxième acte de la mascarade, qui a eu pour scène un hôtel de la capitale française, a abouti, le 5 juin dernier à la suite d’un coup de théâtre, à une décision kafkaïenne : la victoire acquise sur le terrain par le doyen des clubs tunisiens a été annulée et la CAF a décidé, à la suite d’une réunion urgente du 4 juin dernier qui s’est étalée sur deux jours et d’autres palabres interminables, de faire rejouer le match en dehors du territoire tunisien. Elle a exigé en outre la restitution par les Espérantistes du trophée et des médailles décernées.
Mal informés des dispositions réglementaires relatives à l’assistance vidéo à l’arbitrage, des faits survenus avant le match et des tractations qui ont eu lieu au moment de l’arrêt de la rencontre, les médias, les sites électroniques nationaux et internationaux, les internautes sur les réseaux sociaux se sont perdus en conjectures et ont parfois avancé des hypothèses extravagantes soutenant la décision de la CAF ou ont repris des versions partisanes sans prendre la peine de les vérifier, oubliant en cela la formule célèbre et pertinente de Beaumarchais qui a inspiré l’éthique journalistique : «Les faits sont sacrés. Les commentaires sont libres».
Faute d’informations ou par parti pris – c’est le cas de nombreux journaux électroniques et chaîne de télévisions marocains et de quelques sites tunisiens –, ils n’ont pas essayé de reconstituer la réalité des faits mais pratiqué la désinformation et la manipulation à qui mieux mieux pour induire en erreur l’opinion publique et la mobiliser contre l’équipe adverse. La reconstitution des pièces de ce puzzle est pourtant possible à partir des faits avérés et grâce aux recoupements des révélations des différents protagonistes de cette finale, dont les dernières ont été faites par le président de la FTF lors de l’émission de la chaîne première de la Télévision nationale Watania 1 «Dimanche Sport» du 9 juin dernier et par Hamza Belloumi, producteur et animateur de l’émission les Quatre Vérités sur Elhiwar Ettounsi le 13 juin dernier.
Pour tenter de comprendre et de rendre compte de ce qui se passe dans les coulisses de la CAF, de ce qui s’est réellement passé pendant la rencontre de la Nuit du Destin, avant et pendant la réunion du comité exécutif de la CAF, je propose aux lecteurs de Leaders une série de quatre articles autour de la mascarade footballistique de la Nuit du Destin, intitulés «Prologue de la mascarade et montée en puissance des dirigeants marocains au sein de la CAF», «Prologue de la mascarade et lobbying des Tunisiens», «L’acte premier de la mascarade ou les épisodes rocambolesques de la rencontre», «l’acte second de la mascarade ou la décision kafkaïenne de la réunion parisienne» et qui seront publiés ultérieurement.
(A suivre)
Habib Mellakh