Elections 2019: Classé 6ème, de loin derrière Karoui, dans les sondages, Youssef Chahed pourra-t-il rebondir?
Grosse surprise ! Youssef Chahed ne fait pas partie des cinq premiers candidats à la présidence de la République, selon différentes études d’opinions concordantes. Alors que Nébil Karoui vient en tête des intentions de vote, avec près de 38% d’opinions favorables (17% à Kais Saied, 7% à Moncef Marzouki et 5% à Abir Moussi et un Safi Saiid), le chef du gouvernement vient en sixième position, ne recueillant que 4%, plombé par l’enfer de la Kasbah et l’usure du pouvoir. Est-ce irréversible ? Serait-il capable de rattraper la dérive ? En politique, rien n’est définitif.
Youssef Chahed peut-il rebondir et remonter dans les intentions de vote ? La question est mille fois posée aux sondeurs d’opinion. Les réponses, très confidentielles, sont concordantes.
«Tahya Tounès n’est pas le parti de Chahed, mais celui du groupe parlementaire, souligne un chargé d’études averti. D’ailleurs, il y a une dissociation dans les intentions de vote entre Chahed et son parti, avec pas moins de deux points d’écart en défaveur de Chahed. Ceux qui se présentent comme les siens risquent de l’abandonner rapidement s’ils le sentent cramé pour la présidentielle. Un décrochage qu’ils pensent salutaire pour ne pas ployer sous le poids de son bilan de gouvernement en échec.»
«Diabolisé par ses compétiteurs, considéré comme responsable de tous les maux du pays, accusé d’avoir ruiné le pouvoir d’achat, Chahed est pointé du doigt comme l’incarnation de l’échec total, relève un analyste. Son image la plus largement partagée, selon les enquêtés, est celle de quelqu’un avide de pouvoir, sans pour autant l’exercer à bon escient. S’ils lui reconnaissent probité et intégrité, ils lui reprochent gesticulation et populisme. Sa voix est devenue inaudible, quoiqu’il fasse. A moins que...»
Lorsqu’on demande aux Tunisiens comment Youssef Chahed aurait des chances pour reconquérir ne serait-ce que partiellement leur confiance, les réponses fusent en cohérence, confie à Leaders un sondeur. «D’abord, qu’il accepte de changer de statut, et de faire des concessions. Qu’il se révolte contre le système, à commencer par son propre système, c’est-à-dire son entourage, son parti, son bloc parlementaire. En mode communication de crise, il n’a qu’à s’adresser au peuple en toute franchise et humilité pour reconnaître les erreurs commises, dénoncer toutes les pressions subies en mentionnant nommément leurs sources, changer rapidement les têtes détestées et annoncer de nouvelles mesures spectaculaires. Jusque-là protégé par l’écosystème médiatique qu’il s’est créé autour de lui, il doit redouter le retour de manivelle qui risque de lui être fatal. Il doit bien choisir son angle de tir et y aller tout droit. C’est le seul moyen pour lui de provoquer un choc positif. Et encore !».
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