L'ancienne ministre Héla Cheikhrouhou : rebondir de Washington
La ville de Washington et son printemps lui vont très bien. Radieuse, l’ancienne ministre Héla Cheikhrouhou y est dans son milieu naturel, très épanouie dans ses nouvelles fonctions à la tête d’une compagnie, Nithio, qu’elle a fondée avec une ancienne collègue à la Banque mondiale, Kate Steel. Après des études à HEC Montréal, son parcours l’avait emmenée à Tunis, Casablanca, Washington DC et Incheon en Corée du Sud. Après plus de 4 années à la Banque mondiale (2003-2007), Héla Cheikhrouhou sera directrice du département climat de la Banque africaine de développement puis directrice exécutive du Fonds vert pour le climat. Youssef Chahed la rappellera de Corée du Sud en août 2016 pour occuper le poste de ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables. En an après, elle préfèrera renoncer à son maroquin et reprendre le chemin de Washington DC.
A la base de sa compagnie Nithio (www.nithio.com), un concept très clair. « D’ici 2030, 9 personnes sur 10 vivant sans électricité dans le monde se trouveront en Afrique subsaharienne. Une nouvelle génération de sociétés de services énergétiques distribués, le financement PAYGO et le capital catalytique offrent des perspectives d’électrification accrue. Mais les contraintes persistent pour atteindre l’échelle. Nithio est la solution pour la mise à l’échelle d’énergie hors réseau. «Nous augmentons l’efficacité de l’écosystème en faisant progresser l’intelligence client avec des informations basées sur l’IA et en canalisant les capitaux à travers une plateforme financière intermédiaire pour les investisseurs et les opérateurs solaires.» Sollicitée par nombre d’institutions internationales, de fonds et de pays, Nithio est en pleine croissance. C’est en fait une startup, dit modestement Héla Cheikhrouhou.
Interview express.
Pourquoi avez-vous choisi de vous réinstaller aux Etats-Unis?
Washington DC est un second chez-moi, ayant vécu ici durant les années 2000 lorsque je travaillais à la Banque mondiale. J’y ai plusieurs bons amis. C’est une petite ville calme et pour mon fils, il m’a paru utile de lui permettre d’acquérir l’anglais comme deuxième langue dès l’enfance.
En quoi se distingue Nithio, quelle est sa contribution au développement de l’Afrique et pourra-t-elle bénéficier à la Tunisie?
J’ai accepté de me lancer dans l’expérience Nithio en tant que cofondatrice et P.D.G. car la mission de cette plateforme me tient à cœur: accélérer l’accès des ménages d’Afrique subsaharienne à des biens et services essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable (des Nations unies) à horizon 2030. Nous utilisons le pouvoir de l’analyse des données afin de financer le déploiement de solutions modernes telles que les systèmes solaires domestiques et d’éliminer le recours aux énergies polluantes et néfastes à la santé des ménages non connectés au réseau.
J’encourage les entrepreneurs tunisiens à renforcer leurs efforts d’expansion à travers notre continent, riche en opportunités de réaliser à la fois un impact social et économique.
La ministre est passée de l’autre côté. Comment la Tunisie est-elle perçue aux Etats-Unis, quels correctifs et quels renforçateurs vous paraissent utiles?
Aux États-Unis, la Tunisie bénéficie de l’appui politique de deux partis (républicain et démocrate). Notre expérience de transition démocratique pacifique est remarquable et jouit de l’admiration des partenaires internationaux. Quant au volet économique et commercial, la Tunisie n’est pas un partenaire majeur pour les États-Unis. Cela dit, la recette pour renforcer les liens économiques et commerciaux est partout la même: simplifier les règles qui régissent les partenariats, améliorer le climat des affaires, avoir des “success stories” qui établissent une réputation positive.