News - 01.04.2019
Les Arabes ont-ils atteint le sommet à Tunis?
Par Mohamed Ibrahim Hsairi, ancien ambassadeur. A la lecture de la déclaration issue de la 30e session du Conseil de la Ligue des Etats arabes au niveau du sommet qui s’est tenue à Tunis du 26 au 31 mars 2019 et au vu du nombre important de chefs d’Etat qu’elle a pu réunir, il est, à mon avis, permis de dire que cette rencontre a été, pour notre pays, un succès à plus d’un titre.
Tout d’abord parce qu’elle a constitué la première manifestation de cette ampleur que la Tunisie abrite depuis le 14 janvier 2011.
Ensuite parce qu’elle a permis à notre pays de se replacer au cœur de l’action arabe commune et à notre diplomatie de renouer avec son dynamisme habituel sur la scène régionale et internationale.
Tout d’abord parce qu’elle a constitué la première manifestation de cette ampleur que la Tunisie abrite depuis le 14 janvier 2011.
Ensuite parce qu’elle a permis à notre pays de se replacer au cœur de l’action arabe commune et à notre diplomatie de renouer avec son dynamisme habituel sur la scène régionale et internationale.
De même, elle a donné une grande attention au dossier libyen qui nous préoccupe particulièrement, et ce, notamment par la tenue, en marge du sommet, de la réunion quadripartite à laquelle ont pris part le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, António Guterres, le secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, et le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat.
Cependant, force est d’admettre que malgré les efforts déployés par notre pays en vue d’élever le sommet qui, comme proposé par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a été placé sous le signe de « la volonté et la solidarité», au sommet du possible arabe, les positions prises par les dirigeants arabes sont restées en deçà des attentes des peuples arabes, et paradoxalement inadéquates avec le diagnostic qu’ils ont, tous ou presque, dans leurs discours, éloquemment dressé de la pénible situation que le monde arabe est en train de vivre.
C’est ainsi que bien que la question palestinienne et ses derniers développements aient été l’un des principaux points inscrits à l’ordre du jour du sommet, les décisions prises par les dirigeants arabes à son sujet ne semblent pas être à même de la replacer à la tête de leurs priorités, ni de répondre vigoureusement aux « dérives » successives que le « drôle » président américain ne cesse de prendre à l’égard du peuple palestinien et de sa juste cause.
De même et bien que le sommet ait exprimé son refus total et catégorique de la reconnaissance américaine de la souveraineté israélienne sur le Golan occupé et ait chargé le Koweït, en sa qualité de membre non permanent au Conseil de sécurité, de déposer des recours contre cette décision abusive auprès du Conseil et la Cour internationale de La Haye, les peuples arabes s’attendaient à ce qu’il aille plus loin et décide, rien que pour répondre au défi qui lui a été lancé par le président Donald Trump quelques jours avant sa tenue, la réintégration de la Syrie et son retour à la Ligue des Etats arabes.
Enfin et concernant la guerre au Yémen, il semble que les dirigeants arabes ont continué à s’occuper de ses effets collatéraux que de son fond et n’ont, par conséquent, pas compris qu’il est temps d’y mettre fin le plus rapidement possible.
Par ailleurs et tout en saluant l’intérêt que le sommet a bien voulu porter à la promotion de l'action arabe commune en soulignant le caractère impératif de l’élaboration de stratégies et de programmes pratiques et tangibles afin de réaliser le développement durable arabe et relever les défis économiques et sociaux qu'affrontent les peuples de la région, nous nous devons de souligner que les dirigeants arabes semblent vouloir mettre la charrue avant les boeufs, car aucun développement, et d’autant plus durable, n’est loisible en l’absence de la sécurité et la stabilité.
C’est pourquoi et pour conclure, je dirai que faute d’une vision claire et rationnelle et de la réalité du monde arabe d’aujourd’hui et de son futur, le 30e sommet arabe à Tunis n’a pas été en mesure de donner un nouveau départ à l’action arabe commune et c’est profondément regrettable.
M.I.H.
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