Lobna Jeribi : Recentrer le débat sur l’essentiel…
Un réveil dur pour tous les tunisiens accablés par la mort de 11 nouveaux-nés dans un hôpital public. Un vrai drame. Paix à leurs âmes et tout le soutien aux familles endeuillées.
Le sujet est complexe, beaucoup d’analyses sur les défaillances des chaînes de stérilisation, sur le manque de moyens, les maillons de corruption dans la chaîne d’approvisionnement des médicaments, la liste est longue, en attendant les investigations qui permettront entre autres de dégager les responsabilités et d’appliquer les sanctions les plus fermes.
Ce nouveau drame nous amène une nouvelle fois à dire que les défaillances caractérisées de notre système de santé renvoient et sont l’expression d’une défaillance plus globale . Celle sans doute de tout système qui semble avoir un peu perdu de vue les principes de la bonne gouvernance:
- Redevabilité: c’est le noyau dur de la démocratie, les partis sont redevables vis à vis de leur électorat par rapport a l’application de leurs Programmes. Hélas, nos élections se font sur des choix de personnes, des votes sanctions, des idéologies, loin des programmes qui touchent le quotidien du tunisien, sa santé, son logement, sa retraite etc. A la veille d’échéances électorales majeures, il devient urgent aujourd’hui d’avoir un débat entre les partis centré sur les programmes pour l’éducation, la santé, le transport, le logement, etc. Des visions basées sur un diagnostic approfondi et des indicateurs et des objectifs mesurés (et non des vœux pieux) et accompagnés aussi de programme de financement de ces réformes.
- Rupture avec le Consensus mou: Une fois élu, un parti doit avoir «les moyens politiques» pour appliquer son programme, c’est à dire une majorité lui permettant de faire voter ses lois et choisir en toute latitude les compétences pour les mettre en œuvre. Pour ce faire, il est important de reconsidérer la proposition du seuil électoral de 5%, qui permettra de consolider le ou les partis au pouvoir. Les «petits» partis qui aspirent à gouverner le pays n’auront d’autres choix que de former des coalitions sur la base d’un programme commun. Toutefois, la rupture avec le consensus mou n’empêche pas la nécessité de la mise sur pieds d’instance de dialogues et d’assises Nationales nécessaires pour mettre en œuvre ces réformes dans une démarche participative essentielle à leurs réussites.
- Rupture avec l’économie de rente et la corruption: Le financement des partis est la clé de voûte de la réussite des réformes douloureuses. En effet, nul ne peut nier l’existence des lobbys qui freinent les réformes et accablent tous ceux qui veulent avancer. Ces lobbys tiennent leur force d’influence par les financements des partis qui ont accédé au pouvoir. La transparence et le contrôle des financements permettront d’atténuer ce phénomène (connu certes dans toutes les démocraties). L’indépendance de la JUSTICE est Le pilier d’une démocratie saine. Sans une justice indépendante et efficace, tous ces efforts seront vains.
C’est le citoyen qui aura la responsabilité du changement à travers ce grand pouvoir que lui confèrent les urnes.
À nous de recentrer le débat sur l’essentiel.
Lobna Jeribi
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