Hubert Védrine : le temps de l’impatience, en Tunisie aussi
L’ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, Hubert Védrine, ne pouvait être plus pertinent lors du débat sur la Tunisie à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris. Sous le regard attentif de Youssef Chahed, il expliquera qu’ «en pleine société d’information immédiate, de réaction immédiate, totalement dominée par les réseaux sociaux, nous basculons dans un système d’utopie.» Il rappelle qu’«en France, 150 ans ont été nécessaires, entre la Révolution de 1789 et 1945, pour que les femmes obtiennent sous de Gaulle le droit de vote. La patience était de mise. Alors qu’aujourd’hui, nous versons dans l’impatience, en remise en cause de la démocratie représentative.» Cette impatience, marquée par la lassitude rapide de ce qui est déjà advenu, puise dans les technologies de la communication, les fondements d’une «consultation» quotidienne de tout un chacun, sur la question du jour. Sur smartphone, chacun peut «voter» sur telle ou telle option et entend faire prévaloir son suffrage, quitte à changer d’avis le lendemain. Une sorte de démocratie directe, instantanée, au risque de s’imposer en dictature. Tous sont impatients, affirmera-t-il, la jeunesse, particulièrement, l’est encore plus.
Sur la Tunisie, Hubert Védrine dira qu’elle est «en train de rattraper et dépasser beaucoup de pays de sa catégorie. Elle partage tant d’éléments de promesses communes. Nous avons le même intérêt global pour que dans les nouvelles démocraties, ça marche. Un intérêt vital que la Tunisie soit stable, stabilisée, par la démocratie.»