Badie Ben Ghachem : Adieu Grand frère, Si Rachid Ben Yedder (Album Photos)
La mort a ravi à notre affection un homme de caractère, un homme attachant, un esprit brillant doué de qualités et d’un sens des responsabilités exceptionnels.
En ce jour anniversaire, cette perte cruelle ne saurait rendre qu’une ébauche imparfaite des dimensions complexes de son rayonnement et de son autorité intellectuelle.
Inébranlable à la fois dans sa force tranquille, son indépendance, son éclectisme et son étonnante ouverture d’esprit.
On ne finirait pas d’évoquer tous les aspects attachants de sa foisonnante personnalité. Homme de dialogue et d’expérience, il se faisait le devoir d’aider les autres par ses conseils qui se nourrissaient de sa vaste culture et de sa pratique des choses de l’existence. Il parlait à chacun son langage en ayant toujours le mot juste, la bonne dose d’humanité
Il restera dans la mémoire de celles et de ceux qui ont eu le privilège de le côtoyer comme un homme dont le tempérament et le style honorent la condition humaine.
A l’écoute de son pays il s’est investi pleinement au lendemain de l’expérience « coopérative » dans la nouvelle dynamique qu’exigeait l’intérêt de la Tunisie. Et quand en 2011 le peuple a rétabli la Tunisie dans ses droits il était encore là pour soutenir, à sa manière, les nouvelles valeurs de la deuxième République. Ceux qui s’interrogent encore sur ce que sont ces valeurs, vous, les bâtisseurs, avez apporté la plus magnifique des réponses.
Il était mélomane. La musique classique a accompagné chaque instant de sa vie privée.
La pêche était sa passion mais sa vraie passion était la lecture. Il y a quelques années paraissait « Le Choc des civilisations » de Samuel Huntington. Il s’est isolé plus d’une semaine pour le lire alors qu’il avait l’habitude de lire deux à trois ouvrages en même temps et à son rythme. En fait, il n’était pas convaincu du concept de civilisation universelle propre à l’occident développé par Huntington. Il s’est alors nourri de la thèse de « Civilisation Universelle » d’Edward Saïd en lisant son ouvrage L’orientalisme.
Le dernier livre « Sapiens » qu’on a partagé de Y.N. Harari est une réflexion sur l’histoire de notre espèce. Il remet en cause à sa manière tout ce que nous pensions savoir sur l’humanité. On était d’accord sur la capacité de l’espèce à créer des fictions collectives grâce au langage humain, aussi, sur le fait que les scientifiques soutiennent de plus en plus que le comportement humain est déterminé par les hormones, les gènes et les synapses. Avec cette façon qui lui était propre à la fois subtile et élégante il m’interrogeait : Mais, alors, qu’est ce qui déclenche la mécanique, fait se connecter les synapses, fait, somme toute, qu’on produit des mots et des idées en ajoutant que Harari a écrit immédiatement après « Homo deus »…
Il me faudra certainement très longtemps avant de réaliser que tu es parti et que nous n’aurons plus, entre autres, ces échanges.
A celle dont la vie a commencé en vérité le jour où il l’a rencontrée et qui a incarné jusqu’à la fin leur histoire de jeunesse.
A cet être qui m’est très cher.
En ce jour ou le souvenir est vivace, une pensée émue à mes neveux.
Badie ben Ghachem
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