Mounir Beltaifa: Quelle polarisation pertinente aux prochaines élections ?
La campagne électorale de 2014 a vu une polarisation des électeurs entre anti-islamistes et anti-RCD, les votes utiles sacrifiant de nombreux partis, moyens et petits, notamment des démocrates souvent pilotés par des EGO-ïstes en toute objectivité.
Peut-on espérer que la campagne électorale de 2019 fasse émerger une polarisation plus pertinente et moins frustrante, entre porteurs de fausses promesses électorales et porteurs de projets de réformes véritablement structurants ?
Encore faudrait-il que nos politiciens et nos citoyens fassent la différence entre une promesse intenable et un projet, entre ce qu’ils ont osé appeler un programme électoral (surenchère de promesses souvent fausses) et un portefeuille de projets cohérents et réalisables (objectifs SMART, démarche éprouvée, charges et délais réalistes, compétences et financements requis accessibles…).
Le temps est-il venu pour que nos intelligences individuelles/partisanes forment une intelligence collective/nationale?
Peut-on exiger de nos politiciens une plus grande rigueur ou leur reprocher d’abuser des intérêts et de la confiance des citoyens si l’opinion publique:
- Fait confiance et vote souvent à la tête du candidat et s’intéresse superficiellement à la pertinence et la faisabilité de son programme
- Et manque parfois de discernement dans l’éthique et les véritables agendas cachés des candidats et les capacités de gouvernance et d’exécution de leurs conseillers et coéquipiers!
Il est urgent de sensibiliser l’opinion publique à la nécessité d’avoir plus d’exigences de contenu que de forme avant de faire aveuglément confiance à un parti ou un candidat.
Mais comment sensibiliser l’opinion publique alors que les médias sont en grande partie sous contrôle direct ou indirect des lobbies et sponsors des partis politiques?
Seule chance de sensibilisation, c’est cette regrettable baisse significative du pouvoir d’achat qui pourrait épargner à certains de faire de nouveau aveuglément confiance à ceux-là mêmes qui ont généré cette contraction économique depuis 2011 tout en la légitimant!
La détresse de la Tunisie devrait nous faire rejeter des arguments trop usés du genre:
- « Il a fallu à la France un siècle avant que sa démocratie ne tienne la route », argument de ceux qui comptent leurs retards en siècles bien loin de l’ère digitale: la révolution française s’est faite sans mondialisation écrasante et bien avant l’ère d’internet
- « Nous avons la chance d’aller beaucoup mieux que la Syrie, l’Irak ou la Libye »! argument de ceux qui donnent à la décadence une pseudo-légitimité loin des enjeux géostratégiques: la Tunisie n’a pas subi les mêmes pressions étrangères parce qu’elle n’a pas le pétrole de la Libye, de l’Irak ou de la Syrie!
Soyons responsables, nous sommes sur le même bateau:
- Posons-nous les vrais problèmes (politiques, économiques, sociaux, environnementaux, technologiques…),
- Proposons des solutions appropriées et efficaces et faisons passer l’intérêt national devant celui des individus et/ou des partis!
- Refusons les débats de bas niveaux, exigeons plus de profondeur de nous-mêmes, de nos médias et de nospoliticiens.
Notre Tunisie le vaut bien.
Mounir Beltaifa