Après les déclarations de Ghannouchi, le sort de Chahed est-il scellé ?

Le « Mouvement » a engagé des discussions avec toutes les parties sur le point de savoir s’il faut opter pour le maintien du gouvernement  jusqu’aux prochaines élections ou le remplacer par un cabinet de technocrates » : cette déclaration de Rached Ghannouchi  abondamment commentée tant par le microcosme politique que par la presse a fait l’effet d’un pavé dans la mare ce dernier week end  tant elle jure avec les positions précédentes du  président d’Ennahdha. Car pendant des mois,  il a été le seul soutien de Chahed au nom de « la stabilité gouvernementale » au point de susciter l’ire du président de la République et l’amener à annoncer la fin de l’alliance avec Ennahdha. Sans l’appui d’Ennahdha Youssef Chahed n’aurait pas résisté un instant sous les tirs croisés tant des partis qu'ils soient de droite ou de gauche et de la toute-puissante centrale syndicale. Rached Ghannouchi invoque «une instrumentalisation éventuelle des institutions de l'Etat à des fins électoralistes ».On sait depuis longtemps que le mouvement Ennahdha n'a pas d'amis, mais des intérêts. Mais son revirement même si des dirigeants du mouvement, surpris par le tollé provoqué par ces propos, se sont répandus depuis lundi en déclarations relativisant les propos de Rached Ghannouchi a été tellement rapide qu'il donne à penser qu'il existe d'autres mobiles inavouablesn  des craintes que certains amis de Chahed ont nourries par leurs rodomontades  comme le fait de claironner urbi et orbi que le nouveau parti ambitionne de gouverner seul et que l'alliance avec Ennahdha n'est qu'un pis aller en attendant des jours meilleurs. Un large frange de millitants nahdhaouis comme Lotfi Zitoun en a d'ailleurs tiré argument en appelant même à renouer avec le président de la République jugeant les nouveaux alliés peu fiables. Le conseiller de Rached Ghannouchi est même allé jusqu'à insinuer que les amis de Chahed ont infiltré les rouages d'Ennadha et notamment le conseil de la Choura. Une accusation ridicule, mais quand on veut tuer son chien on l'accuse de La rage.

Il faut dire qu'Ennahdha n'est pas la seule à vouloir la peau du chef de Gouvernement. C'est même la principale revendication des partis de la gauche et surtout du Front populaire qui n'a cessé depuis des mois de réclamer carrément « le renversement du gouvernement» pour les mêmes motifs invoqués par Ghannouchi. Allons-nous assister à la naissance d'un large front anti-chahed qui englobera l'ensemble du spectre politique voie. Ce n'est pas exclu d'autant plus que la classe politique tunisienne nous a habitués dernièrement à des renversements d'alliance qui défient le bon sens.