News - 14.02.2019

L'affaire de l'école coranique de Reguab : Ils veulent détruire l'école publique pour imposer leur modèle de société

L'affaire de l'école coranique de Reguab : ills veulent détruire l'école publique pour imposer leur modèle de société

La Tunisie est un pays progressiste et qui plus est, pionnier parmi les cancres en la matière qui la jouxtent géographiquement. Ce par progressisme ne nous est pas tombé du ciel. Il remonte à l'abolition de l'esclavage un certain 23 janvier 1846 par Ahmed Bey et à la promulgation du Code du Statut Personnel par Bourguiba, le 13 aout 1956 .

Pour Durkheim et Weber, les valeurs sont fondamentales pour expliquer l'organisation et le changement, tant au niveau sociétal qu'individuel. Le combat idéologique oppose aujourd'hui en Tunisie deux projets de société. Le modèle progressiste originel qui inculquait à nos enfants pendant des décennies le vivre-ensemble et la tolérance est désormais menacé par une vision réactionnaire dont le projet obscur consiste à reproduire une société préhistorique avec ses rouages grippés, sa haine et ses cloisons épaisses.

L'universitaire en sciences de l'éducation Philippe Meirieu déclarait en janvier 2019 dans une entrevue accordée à l'Humanité : "Une école préfigure toujours un projet de société. Ces dernières années, on ne compte plus les voyants qui virent au rouge d'une école publique à la déroute. Programmes dépassés, réformes qui tardent à venir, une formation des enseignants désuète, une indiscipline qui atteint des niveaux stratosphériques, taux d'absentéisme record des enseignants aux dires mêmes du Ministre de l'Education Hatem Ben Salem et enfinN , le syndicalisme sauvage. Un faisceau de signes dont l'intersection équivaut, n'ayons pas peur des mots, à une crise sans précédent de l'école publique, avec laquelle s'est creusé un vide et la nature n'aime pas le vide. Parmi les conséquences de ce gouffre abyssal, la récupération idéologique des enfants.

Récemment, s'est dévoilée au grand public ce qui est communément appelé "l'affaire de l'école coranique de Regueb". Une école anarchique qui multiplie les infractions au code de la protection de l'enfant. Une quarantaine d'enfants, pour la plupart mineurs et déscolarisés, entassés dans un centre d'embrigadement qui dispose d'un internat illégal et au sein duquel on prodigue des cours religieux avec une vision rigoriste de l'Islam, sur fond de maltraitance et d'exploitation. Au-delà des crimes dont est suspectée cette école coranique et qui sont actuellement du ressort de la justice, cette affaire n'est que l'arbre qui cache la forêt, de tout un projet de transformation de la société tunisienne. Un dirigeant islamiste connu n'avait-il pas déclaré dans un entretien avec un prédicateur égyptien extrémiste qui prône l'excision des fillettes, dont une vidéo avait fuité, que: "notre but, c'est leurs enfants, leurs petits- enfants et leurs épouses. Et leurs enfants sont des nôtres aujourd'hui. Notre but, c'est de séparer leurs enfants de leur conception, de leur vision."

La Tunisie, à la croisée des chemins, en proie aux courants obscurantistes qui tentent de dévorer ses enfants, est appelée à se ressaisir rapidement si elle veut sauver les meubles tant qu'il est encore temps. Si on laisse faire, la Tunisie de demain sera méconnaissable, elle portera inévitablement une soutane afghane.

Khalil



 

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