Document - Le massacre perpétré par les troupes françaises à Tazerka, le 29 janvier 1952: le rapport inédit des Drs Mahmoud El Materi et Mohamed Ben Salem
Les atrocités commises par les troupes françaises dans le paisible village de Tazerka, la nuit du 29 au 30 janvier 1952, sont restées éprouvantes dans la mémoire. Le souvenir de cette nuit tragique continue à hanter la population locale et au-delà la localité, l’ensemble du Cap Bon. L’ouvrage d’Yves Benot, Massacres coloniaux (La Découverte, 1994) présenté sur Leaders par Ezzeddine Ben Hamida, en 2012, apporte des éclairages édifiants sur l’horreur perpétrée. Grâce à Safia Mestiri, petite-fille du Premier ministre de l’époque M’hammed Chenik, nous fait prendre connaissance d’un document, fort instructif, versés par ailleurs aux Archives Nationales. Il s’agit du « Rapport au sujet des évènements de Cap Bon », présenté au Premier ministre M’hammed Chenik, par le ministre d’Etat, Dr Mahmoud El Materi et le ministre de la Santé publique, Dr Mohamed Ben Salem. Missionnés par Chenik, ils s’étaient rendus enquêter sur les lieux, les 8 et 9 février 1952.
Il s’agissait pour eux, «de constater de visu certains dégâts commis par les troupes lors des opérations de police qui s’étaient déroulées dans le Cap Bon, afin de vérifier la véracité des informations parvenues de diverses localités de cette péninsule.» Mais, aussi, «de recueillir auprès des autorités locales et des habitants des villages éprouvés des renseignements précis sur le déroulement de ces opérations et sur les actes de violence dont été victimes hommes, femmes et enfants.»
Le rapport d’enquête, précis, détaillé, accablant est un acte d’accusation irréfutable. Un crime d’Etat resté à ce jour impuni.