Décès du syndicaliste et ancien ministre de Bourguiba, Mustapha Filali, 97 ans : un parcours d'exception
A 97, Mustapha Filali, l’une des figures politiques tunisiennes de proue est décédé dimanche soir. Dans deux ans et demi, le 5 juillet 2021, il aurait été centenaire.Jusqu’à tout récemment, il était resté toujours actif, revigoré après le 14 janvier 2011, participant à tous les débats. Appelé à rejoindre la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, présidée par Iyadh Ben Achour, il s’y impliquera en plein. Multipliant les initiatives, avec notamment Ahmed Mestiri, il sera de toutes les consultations. Plus d’une fois, il sera sollicité par Ennahdha pour occuper de hautes fonctions ou de se présenter à des élections, il déclinera toutes les propositions, même celle, à l’automne 2013, de former un gouvernement de transition, pour succéder à Ali Laarayedh et préparer les élections de 2014.
Originaire de Jelass (Kairouan), Mustapha Filali avait suivi ses études supérieures en Lettres à Paris. De retour à Tunis, il sera nommé professeur d’enseignement secondaire, tout comme Mahmoud Messaadi, Chedli Klibi , Ahmed Ben Salah, et d’autres jeunes de leur génération fraîchement émoulus de l’université française. Comme eux, il plongera dans le syndicalisme, au sein de l’UGTT, tous subjugués par la personnalité de Farhat Hached. Comme eux, il ralliera le Néo-Destour, fasciné, lui aussi par Bourguiba. Comme eux, il optera pour Bourguiba contre Salah Ben Youssef. Et comme eux, il sera ministre.
Mustapha Filali sera élu au lendemain de l’indépendance membre de l’Assemblée constituante et rejoindra le premier gouvernement de Bourguiba. Tour-à-tour, il sera ministre de l’Agriculture (1956 – 1957), puis de l’Information (1957 – 1958), se fera élire comme député en 1959, puis 1964. Bourguiba lui confiera en 1964 la direction la commission permanente consultative maghrébine (CPCM), qui devait constituer la première pierre de l’édification du Maghreb arabe. L’Organisation internationale du Travail (OIT), le chargera de diriger son bureau à Alger. Après le coup d’arrêt marqué contre l’expérience collectiviste menée par Ahmed Ben Salah, Mustapha Filali reprendra du service politique, avec la nouvelle équipe constituée par Hédi Nouira, Mohamed Masmoudi et Ahmed Mestiri. C’est ainsi qu’il sera nommé directeur du Parti socialiste destourien (1971 – 1972). Pour replonger à nouveau dans le militantisme de base.
Gardant toujours la foi patriotique et l’engagement destourien, il restera jusqu’à son dernier soupir, au service de la Tunisie.
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Paix à son âme ! le parcours !!! Une trempe qui semble bien révolue !
Une grande et véritablement vénérable de la société tunisienne, un résumé de l'histoire nationale moderne ! Allah yarhmou !
Je présente toutes mes condoléances aux filles de Mostfa FILALI. Ami de mon père, le dr Ali EL okby, il a enchanté mon enfance tunisienne , puis mon adolescence algéroise par sa finesse d'esprit, ses savoureuses anecdotes politiques, son sens de la dérision, et de l'honneur: N'a-t-il pas été le seul ministre de Bourguiba à démissionner, alors que celui-ci répétait devant moi "tous des larbins, Zeineb!". Cette décision n'a pas été étrangère à l'estime sans faille, et si rare, que lui a témoigné mon père jusqu'au bout du chemin.