L’ambassadeur d’Espagne à Tunis : La visite du ministre Jhinaoui à Madrid a été très utile (Album Photos)
Consultations politiques, coopération économique et sécuritaire, relations avec l’Europe, sortie de crise en Libye et situation dans la région : la visite effectuée les 14 et 15 janvier courant à Madrid par le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, la première du genre depuis 2015, avait un ordre du jour bien chargé. Reçu par sa majesté le Roi Philipe VI d'Espagne, il s’est également entretenu avec le président du Sénat,Pío García-Escudero, ainsi que son homologue espagnol, Josep Borrell Fontelles. Le ministre Jhinaoui s’est par ailleurs rendu au siège de l’Organisation mondiale du Tourisme où il a été reçu par son secrétaire général Zurab Pololikashvili, rencontré des hommes d’affaires à Casa Árabe et donné une conférence suivie de débat à l'Institut Royal Elcano, un think tank de renom. Aussi, une réception donnée à la résidence de l’ambassadeur de Tunisie, Wassef Chiha, à l’occasion de la célébration du 14 janvier, a permis au ministre de rencontrer des représentants de la communauté tunisienne en Espagne.
Au pas de charge, le ministre Jhinaoui enchaine visites à l’étranger et accueil de ses homologues en visite à Tunis. A peine avait-il remis dimanche à Manama l’invitation du président Caïd Essebsi au Sommet Arabe au Roi du Bahrein, qu'il mettait le cap sur Madrid. Ce samedi, il accompagnera à Beyrouth le chef de l’Etat au 4ème Sommet arabe de développement économique à social. La semaine prochaine, il recevra le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Un autre homologue européen est attendu également à Tunis.
De cette intense activité diplomatique du ministre Jhinaoui dans la capitale espagnole, que faut-il retenir le plus ? Dans une interview accordée à Leaders depuis Madrid, l’ambassadeur d’Espagne à Tunis, Guillermo Ardizone Garcia, a affirmé que cette visite a été très utile à plus d’un titre. D’abord pour donner un nouvel élan à la coopération économique bilatérale, mais aussi, à la mise en œuvre du nouvel accord de sécurité et de lutte contre la délinquance dont la première commission mixte se tiendra bientôt,
Sur la Libye, l’ambassadeur Guillermo Ardizone Garcia a indiqué que « la Tunisie est un acteur important qui contribue à la stabilité en méditerranée, en général, et qui joue un rôle actif pour trouver une solution au conflit en Libye. » Et d’ajouter : « L'analyse du ministre Jhinaoui nous a permis de mieux comprendre la complexité d'un problème qui nous préoccupe en tant que pays riverain de la méditerranée. »
Au sujet des relations de la Tunisie avec l’Europe, l’ambassadeur d’Espagne à Tunis, a déclaré : « L'idée d'un partenariat privilégié doit faire l'objet d'une réflexion profonde pour laquelle l'Espagne est toujours disposée à apporter son soutien. Nous l'avons ainsi exprimé dans le passé et nous avons réitéré cette disposition. »
« Les mois à venir vont confirmer la priorité octroyée par l'Espagne et par la Tunisie à ces aspects de nos relations », a-t-il affirmé. Interview.
Quels ont été les moments forts de cette visite ?
La visite a répondu amplement aux niveaux de relations auxquelles les deux pays aspirent. Les points forts du point de vue institutionnel ont été sans doute l'audience accordée par S. M. le Roi, quia souligné l'importance que l'Espagne donnait à ses relations d'amitié avec la Tunisie. Tout comme la réunion entre les deux ministres des Affaires étrangères, au cours de laquelle les deux parties ont constaté l'ampleur des domaines de collaboration que la réunion de haut niveau de février 2018 a mis en marche. A cela s’ajoute la rencontre avec le président du Sénat qui va permettre de relancer les activités de diplomatie parlementaire, très nécessaires pour les relations entre deux démocraties comme celle de l'Espagne et de la Tunisie.
Des rencontres avec les représentants des compagnies espagnoles à Casa Árabe et avec les Think Tanks à l'Institut Royal Elcano, ont complété un programme très intense.
Quels sont les enseignements qu'on peut tirer de cette visite ?
La réunion de haut niveau du février dernier était la première en dix ans. Les relations entre deux pays amis, voisins, qui partagent un espace commun, la méditerranée, ne peuvent pas perdre en intensité ; les deux ministres se sont accordés sur la nécessité de renforcer le suivi de la réunion de haut niveau et de travailler pour que le rythme imprimé en 2018 soit maintenu et même intensifié. Des échanges des visites de hauts responsables auront lieu dans les mois qui viennent.
Quelles sont les perspectives de coopération entre les deux pays ?
Les deux parties sont d'avisfaut être plus ambitieux en termes d'échanges commerciaux, d'investissements et de tourisme. Les mois à venir vont souligner la priorité octroyée par l'Espagne et par la Tunisie à ces domaines de nos relations.
Où en est la coopération sécuritaire ?
La sécurité sera aussi un autre domaine important suite à l'entrée en vigueur à la fin de ce mois de janvier de l'accord de sécurité et de lutte contre la délinquance. On devra travailler intensément pour la tenue de la première réunion de la commission mixte prévue dans l'Accord où l'on identifiera des actions concrètes de coopération.
La situation en Libye a-t-elle été évoquée ?
La situation régionale et la situation en Libye a occupé une bonne partie des échanges. L’Espagne apprécie la vision de la Tunisie sur la Libye, toujours équilibrée, réfléchie et constructive. La Tunisie est un acteur important qui contribue à la stabilité en méditerranée, en général, et qui joue un rôle actif pour trouver une solution au conflit en Libye. L'analyse du ministre Jhinaoui nous a permis de mieux comprendre la complexité d'un problème qui nous préoccupe en tant que pays riverains de la méditerranée.
Et les relations avec l’Union européenne ?
L'Espagne a toujours eu un sentiment de compréhension à l'égard des dossiers concrets qui relèvent de l'intérêt de la Tunisie et a exprimé à plusieurs reprises son soutien aux attentes tunisiennes en ce qui concerne l'avenir des relations entre la Tunisie et l'UE. L'idée d'un partenariat privilégié doit faire l'objet d'une réflexion profonde pour laquelle l'Espagne est toujours disposée à apporter son soutien. Nous l'avons ainsi exprimé dans le passé et nous avons réitéré cette disposition.
Crédit photos: © Casa de S.M. el Rey et Ministère des Affaires étrangères (Ambassade de Tunisie à Madrid), DR.
Communiqué de Presse du ministère espagnol des Affaires étrangères
Le ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, Josep Borrell, a rencontré aujourd’hui le ministre des Affaires étrangères tunisien, Khemaies Jhinaoui. Ils ont noté l’excellent état des relations bilatérales et ils ont analysé certains des sujets les plus importants actuellement en Méditerranée occidentale et au Maghreb.
Il s’agit de la première visite officielle en Espagne du ministre Khemaies Jhinaoui.
En ce qui concerne les questions politiques, le ministre Josep Borrell a affirmé que pour l’Espagne, la Tunisie est un pays voisin et ami, qui a fourni des efforts considérables pour consolider son modèle démocratique.
Les deux ministres ont passé en revue la mise en œuvre des engagements pris lors de la VIII réunion de Haut niveau tuniso-espagnole tenue à Tunis en février 2018 ; s’agissant de la première réunion en dix ans, les deux ministres ont accordé de renforcer son suivi.
Les relations bilatérales ont aussi été abordées d’un point de vue régional étant donné que le Maghreb est une région prioritaire pour la politique étrangère de l’Espagne en termes de stabilité, de sécurité et de prospérité.
Plus concrètement, et compte tenu de la réunion prévue cette semaine à Malte dans le cadre du Dialogue 5+5 qui réunit les pays du Maghreb et les cinq pays européens de la Méditerranée occidentale (Espagne, France, Portugal, Italie et Malte), les ministres ont abordé les défis régionaux qui existent en Méditerranée, notamment la question migratoire et la crise politique en Libye.
Pour ce qui est des aspects économiques et entrepreneuriaux, l’Espagne a exprimé sa volonté de se projeter et de se consolider en tant que partenaire socio-économique de référence en Tunisie, avec une plus grande présence de nos entreprises qui sont pionnières dans des secteurs comme les énergies renouvelables, le tourisme ou le secteur agroalimentaire.
Télécharger le discours du ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui