Révolution An VIII : POSITIVONS
On va bien, on va bien : L’autosuggestion, c’est ce qu’un certain Docteur Coué prescrivait à ses patients dépressifs.Cessons de nous lamenter sur notre sort au point de regretter Ben Ali. Positivons. C’est le meilleur antidote à la sinistrose ambiante et essayons de tirer de cette révolution le meilleur d'elle-même, un accélérateur de réformes.
Effectivement, avec cette révolution, le Tunisien s’est éveillé non seulement à la politique, mais aussi à la vie. Elle a secoué son apathie légendaire. Elle a ajouté à l'injustice, la conscience de l'injustice. On était fatalistes, indolents. Nous sommes devenus des agitateurs d’idées, le laboratoire du monde arabe, après avoir été pendant longtemps des « aquoibonistes ». Nous avons fait tomber les tabous, instauré la démocratie, libéré la parile et les écrits, osé nous attaquer à des fléaux comme la corruption, prôné l'inégalité successorale, criminalisé le racisme. Autant d'acquis qui auraient été inimaginables sans la révolution.
« La crise disait Gramsci, c'est quand l'ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. Pour la Tunisie, ces phénomènes morbides ont pour noms : le terrorisme, les tiraillements politiques, les tensions sociales, la crise économique. Conjuguons noes efforts pour les combattre.
Il est vrai que nous passons par une période difficile, Mais cela aurait pu être plus grave. La révolution n'a jamais été un long fleuve tranquille. Il suffit de regarder alentour. La Syrie, la Libye et le Yémen qui s’émiettent, se disloquent, disparaissent carrément de la carte. L’Etat tunisien a plié, certes, mais n'a pas rompu. Si on n’a pas connu le même sort, c’est parce que Le peuple tunisien a des atouts que d'autres n'ont pas : un peuple homogène, peut-être même le plus homogène du monde arabe; l'absence de minorités ethniques, religieuses ou linguistiques sur lesquelles auraient pu jouer les puissances étrangères ; de vieilles traditions étatiques ; un sentiment d’appartenance solidement ancré ; et au surplus, une culture de la négociation et une maîtrise de l’art du compromis. Nos Islamistes qui cultivaient leur singularité et voulaient nous changer, ont dû, de guerre lasse, se couler dans le moule de chaque Tunisien même si leur naturel revenait parfois au galop.
Avec tous ces atouts, nous n'avons pas le droit de désespérer de cette révolution. Au contraire, profitons en pour changer notre vie. Soyons exemplaires.
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