Youssef Chahed appelle au déclenchement d’une dynamique de rassemblement du camp démocratique
Dans un teasing dosé, Youssef Chahed lève un nouveau coin du voile du projet politique qu’il nourrit. Sans en révéler (revendiquer), pour autant, le leadership, il a appelé « les démocrates, progressistes, destouriens et modernistes à créer, en rangs serrés cette nécessaire dynamique à même de préserver l’équilibre du paysage politique en Tunisie et, partant, garantir le processus démocratique ». « Ce rassemblement, a-t-il précisé en substance, doit reposer sur trois principes que sont la rupture avec la malversation, la pratique de la démocratie au sein de ce mouvement et l’élaboration d’un projet politique à même de rendre espoir, confiance et rêve aux Tunisiens. » Répondant pendant « 60 minutes » (comme chez CBS aux Etats-Unis), vendredi soir aux questions de Boubaker Ben Akacha sur Attessaa TV, le chef du gouvernement a tenu à dire son « dernier mot » quant aux ambitions qu’on lui prête.
En choisissant cette fois le palais de la Kasbah (et non Dar Dhiafa à Carthage, ou des studios comme El Hiwar Ettounsi), s’installant en plein milieu du patio, prenant le soin de faire poser sur un meuble dans l’axe de la caméra, le buste de Bourguiba, dans l’antichambre de la suite beylicale, le locataire de l’ancienne Dar El Bey a veillé aux détails. Autant de signes régaliens censés incarner sa puissance de ‘’Président’’ du gouvernement et affirmer son autorité. Même si, ferme et grave sur la situation dans le pays, il s’efforce de faire croire qu’il se désintéresse d'une carrière politique.
« Candidater ne me tente pas. Ce n’est pas une priorité », arguant de sa concentration sur la solution des problèmes économiques, financiers et sociaux, en plus des défis sécuritaires.
Tour-à-tour, il répondra aux questions relatives à Nidaa Tounès (ses dirigeants actuels sont des gérants de patente, si congrès il y a il sera en sur mesure), ses relations avec le président Caïd Essebsi (selon la constitution), la coalition avec Ennahdha (celui qui ne veut pas gouverner Ennahdha, n'a qu'à remporter les élections), les enjeux économiques dans le pays, les priorités du gouvernement en 2019.
L'IVD a échoué: un nouveau projet de loi est en cours de finalisation
Récusant l'accusation d'"avoir voulu prolonger le mandat de l'Instance Vérité et Dignité (IVD), Youssef Chahed a rappelé sa ferme notification de cessation d'activité le 31 mai dernier et la nécessité de verser ses documents aux Archives nationale. Sans omettre de pointer du doigt directement son échec. Il a révélé qu’une nouvelle démarche législative sera bientôt annoncée pour incarner effectivement les objectifs de la justice transitionnelle en terme de révélation de la vérité et de réconciliation nationale. S’il n’en a pas dit plus, il s’agit d’un projet de loi quasiment ficelé cette semaine sur la base de travaux d’une commission ad-hoc enrichir par des juristes indépendants de haut niveau. Le chef du gouvernement estime en effet que l’IVD n’a pas rempli son contrat pour différentes raisons, d’abord les délais tardifs et prolongés, sa personnalisation et sa politisation et la personnalité de sa présidente. Estimant que la question de la justice transitionnelle est essentielle, et mentionnant qu’une mauvaise gestion de ce dossier fait peser de lourdes peines sur nombre de Tunisiens, il a cru de son devoir de prendre une initiative appropriée à même de réaliser une réconciliation apaisée.
Ses plans pour 2019
Sa feuille de route est tracée : initier un changement salutaire, désamorcer les tensions et débloquer les projets à l’arrêt.
Sa promesse : le démarrage de grands projets en 2019 : Le champs pétrolier de Nawara, le port de l’Enfida, l’autoroute Tunis-Jelma, le pont de Bizerte, les quais 8 et 9 au port de Radès et des programmes sociaux en faveur des classes défavorisées.
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