Ammar Mahjoubi: L’historiographie du Maghreb antique
Pendant longtemps, l’historiographie du Maghreb antique ne suscita que peu d’intérêt et les pionniers ne firent que peu d’émules. Mais vers la fin du siècle dernier, nombreux furent les travaux qui ont cherché à cerner la nature de la romanisation, à évaluer le poids de Rome et de sa civilisation au Maghreb; d’autant qu’à l’époque de la colonisation, on avait souvent fait de l’époque romaine une période quasi idyllique dans l’histoire de l’Afrique du Nord, avant l’occupation française. Historiens, archéologues, hommes politiques et militaires français n’avaient pas tari d’éloges pour exalter l’œuvre romaine, pour y voir les prémices de l’œuvre à laquelle la France, héritière légitime de Rome, devait s’atteler. René Cagnat, l’épigraphiste le plus célèbre de l’époque, dédia, au début du siècle dernier, son étude de l’armée romaine d’Afrique à l’armée française; et dès les premières années de l’occupation, nombre d’officiers et de sous-officiers français se muèrent en archéologues; rien d’étonnant, dès lors, de lire cette envolée de Gaston Boissier, au congrès des sociétés savantes de 1891, lorsqu’il s’exclama: « Les indigènes nous appellent Roumis ; ils nous regardent comme les descendants et les héritiers de ceux qui ont si longtemps gouverné et dont ils gardent confusément le souvenir. Acceptons l’héritage, Messieurs; nous y trouverons notre profit.Nous venons continuer une grande œuvre de civilisation interrompue pendant des siècles. Nous reprenons possession d’un ancien domaine et ces vieux monuments, devant lesquels l’Arabe ne passe pas sans un sentiment de respect et de frayeur, sont précisément nos titres de propriété».
Les congrès des sociétés savantes réunissaient en France les chercheurs dispersés dans les trois pays du Maghreb. G. Boissier donnait ainsi un sens à leur tâche et faisait du respect et de la crainte un mode normal, quasi naturel, de relation avec l’indigène. C’était à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, à l’apogée de l’époque coloniale. Mais vers le milieu des années 60 du siècle dernier, après la rupture historique de la Seconde Guerre mondiale, des recherches et des débats n’avaient pas tardé à porter un regard tout à fait différent sur la romanisation du Maghreb. Dès 1969, M. Sahli publia un livre intitulé ’’Décoloniser l’Histoire’’; et cinq années plus tard, A. Laroui écrivit son ’’Histoire du Maghreb. Un essai de synthèse’’. Puis en 1976, M. Benabou, avec ’’La résistance africaine à la romanisation’’ présenta le premier ouvrage d’ensemble de cette approche nouvelle de la question. N. Duval écrivit à ce propos : «Dans ce domaine, on va d’un extrême à l’autre en fonction de la politique moderne : à l’image idyllique que donnait Cagnat au temps de la colonisation, on passe, en cette époque de décolonisation, à l’exaltation de la résistance à l’étranger ». En 2003 enfin Y. Modéran, avec son travail sur ’’Les Maures et l’Afrique romaine (IVe-VIIe siècles)’’ renouvela complètement la lecture des rapports entre Rome et la romanité tardive de la province.
Précédant ces synthèses, des remarques, des interventions dans des congrès et des colloques, des articles avaient déjà insisté sur les limites de l’approche archéologique comme sur les pièges du discours des textes anciens. On avait ainsi remarqué que dans beaucoup de sites, des fouilles, des déblaiements avaient été menés par des amateurs: militaires au début du siècle, relayé par des ’’contrôleurs civils ’’et des fonctionnaires de l’administration coloniale. L’objectif était alors essentiellement de révéler les grands monuments publics qui émergeaient des ruines, en particulier autours des fora ; et lorsqu’il s’agissait des demeures privées, c’était surtout pour extraire les mosaïques les plus remarquables qui les paraient. Il est vrai que d’innombrables vestiges monumentaux excitaient la curiosité, restes de temples, de thermes, de théâtres... qu’on voulait dégager des remblais qui les encombraient. Isolés, séparés de leur zone urbaine, ces vestiges ainsi mis au jour, sans aucun programme de fouilles, ne permettent plus aujourd’hui de comprendre ni la configuration du secteur urbain, ni l’ensemble de la géographie urbaine, ni les articulations et les rapports sociaux entre les quartiers.
Ces monuments avaient été par ailleurs entièrement vidés des couches de remblais qui les couvraient, témoins de leurs transformations et étapes successives de leur histoire. «L’Afrique à découvrir se devait d’être celle de Tacite et de Septime Sévère», avait déploré P.-A. Février (Approches du Maghreb romain, I, p.74). Les autres tranches du passé n’étaient pas jugées dignes d’être conservées, ni même observées et étudiées. Ce n’est que dans les réserves du site de Cuicul (Jemila), et dans les rapports de fouilles de Dougga qu’on avait pu noter la présence des vaisselles vernissées recueillies dans les remblais, céramiques qui témoignaient de l’histoire de ces cités après Rome, durant les siècles du Moyen âge; les fouilleurs n’avaient guère hésité à effacer ces vestiges, quitte à conclure à la destruction brutale de la cité, ou à son abandon à la fin de l’Antiquité.
Si les étapes postérieures à l’époque romaine avaient été ainsi arrachées et détruites, on n’avait pas non plus cherché à reconnaître ce qui avait pu exister sous les niveaux de cette période. Les phases les plus anciennes de l’histoire urbaine avaient été de la sorte négligées, sinon ignorées et déniées. A Belalis Maior (A. Mahjoubi, Recherches d’Histoire et d’Archéologie à Henchir el-Faouar – la cité des Belalitani Maiores, p. 46-70), comme sans doute ailleurs dans les sites de l’ouest et du centre tunisiens, les sondages effectués sous les niveaux de l’époque romaine avaient révélé des pavements similaires à tous égards à ceux qui couvraient les sols puniques des maisons de Kerkouane. La céramique à vernis noir, caractéristique distinctive des niveaux de l’époque punico-numide était partout présente ; ce qui démontre, s’il en était encore besoin, la vitalité de la vie urbaine à l’époque de Carthage et des rois numides, ainsi que le processus et les progrès de l’urbanisation bien avant la conquête romaine.
Les données fournies par l’épigraphie latine, d’autre part, avaient été généralement acceptées sans précautions ; et de même qu’à notre époque, les inscriptions commémoratives ou autres peuvent parfois modifier ou travestir la réalité, les textes épigraphiques aussi pouvaient contenir autant d’omissions sinon de contre-vérités qu’un texte littéraire. A cet égard, F. Jacques avait montré que toutes les mentions d’évergésies ne devraient pas être prises à la lettre, car des dons promis pourraient bien avoir été vainement attendus (cf. F. Jacques repris par P. A. Février, op.cit.p.79). Souvent aussi la langue officielle de l’épigraphie, les titulatures et le formulaire des dédicaces n’étaient pas considérés par les chercheurs comme les signes particuliers d’un pouvoir, la manifestation d’une idéologie en même temps qu’un souci de diffusion de la propagande distinctive du régime. L’image idyllique que ces inscriptions donnaient de la prospérité des cités et du dynamisme harmonieux de la société concordait si bien, au regard de beaucoup d’archéologues, avec les monuments publics spectaculaires et les belles mosaïques que révélaient les fouilles !
Cette critique des sources, formulée notamment par P.- A. Février, s’est conjuguée, à dater du dernier tiers du siècle dernier et en raison peut-être de la décolonisation, avec une mise en cause des lectures et des conclusions de l’historiographie et des écrits de l’époque coloniale. Tant il est vrai que même avec le souci constant de détachement et d’objectivité, le présent n’est jamais totalement absent du discours de l’historien. On avait donc repris après les indépendances et point par point, l’ensemble du déroulement historique, du niveau des sources à celui des interprétations. Force était alors de constater qu’à l’époque de la colonisation en Afrique du Nord, on avait souvent fait l’histoire de Rome au Maghreb, plutôt que l’histoire du Maghreb sous la domination romaine. En raison sans doute d’une lecture littérale des sources textuelles, depuis l’annalistique romaine des contemporains de Tite-Live jusqu’à la Johannide de Corripe et en raison aussi d’une prédisposition souvent constatée à l’européocentrisme. A titre d’exemple, P. A. Février avait pu interroger la relation, par Tacite, de la guerre de Tacfarinas, un soulèvement qui s’étendit à toutes les tribus du centre et du sud de la province; et constater que l’historien romain s’intéressait à la situation politique plutôt qu’au théâtre de la guerre, aux questions qui agitaient le Sénat romain et aux manigances qui présidaient à la désignation des consuls nommés à la tête des légions plutôt qu’à la conduite de la guerre.
Au niveau de l’interprétation, commençons par l’économie. On avait constamment souligné, sources textuelles et archéologiques à l’appui, la richesse agricole de la province d’Afrique. Mais on n’avait guère insisté sur l’interdiction notifiée aux Africains par Domitien, dès la fin du Ier siècle, de cultiver la vigne et l’olivier, prospères pourtant à l’époque de Carthage et des rois numides, afin de réserver à l’Italie les marchés lucratifs du vin et de l’huile. Ce qui n’avait pas manqué de provoquer, sans doute, la disparition de nombre d’agriculteurs, naguère florissants, en particulier dans la Chora, le vaste territoire agricole de Carthage, ainsi que dans les campagnes des cités puniques du Cap Bon et de la côte sahélienne. C’est seulement après la ruine de l’économie italienne que l’interdiction fut levée, et ce n’est qu’au IIe siècle, sous Hadrien, que la culture de l’olivier fut encouragée. En insistant, par ailleurs, sur la richesse céréalière de la province africaine, on n’avait guère relevé les conséquences graves de l’obligation faite au pays - depuis les débuts de l’occupation en 146 av. J.-C. jusqu’à la fin de l’époque romaine - d’assurer pour une large part le ravitaillement en blé de la capitale impériale. Que la récolte fut bonne, moyenne ou désastreuse, en raison des aléas du climat méditerranéen, l’Afrique devait fournir à la plèbe romaine, qui avait compté peut-être jusqu’à un million d’âmes, le plus gros de ses vivres ; car aux céréales, on avait très tôt ajouté des prestations d’huile et de viande séchée. Et lorsque l’Egypte fut chargée, sous le Bas-Empire, du ravitaillement de Constantinople, l’Afrique seule fut obligée de couvrir les besoins de Rome. Bon an, mal an, en condamnant, au besoin, la population indigène à la famine, les cargaisons devaient acheminer les quantités de blé fixées par le pouvoir romain vers les docks d’Ostie. C’est cela qu’il faut comprendre lorsqu’on répète à satiété aujourd’hui que la Tunisie était « le grenier de Rome ».
Passée pratiquement sous silence, une autre mesure importante impliquée par la politique de colonisation, au cours des premiers siècles de l’époque romaine, n’avait été brièvement notée, à ma connaissance, que par P.-A. Février. Depuis l’intervention de Jules César en Afrique, en 46 av. J.-C., jusqu’à 100 après le Christ, sous Trajan, nombre de vétérans de l’armée romaine avaient été possessionnés dans la province. On avait choisi, pour les lotir, les régions les plus fertiles du pays, celles des vallées des oueds Méjerda et Miliane et de leurs affluents. Mais nul ne s’était soucié, parmi les chercheurs occidentaux, du sort réservé aux anciens propriétaires de ces terroirs, ainsi dépossédés. Aucune indication n’est fournie par les sources, hormis parfois le maintien d’une civitas indigène à côté des pagi de vétérans romains ou italiens dans la pertica, le territoire agricole très vaste de la colonie romaine installée à Carthage. Avait-on laissé une partie de ces terres fertiles à quelques notables de la civitas indigène, après avoir confisqué l’essentiel au profit des colons? On en est réduit à des conjectures.
Par ailleurs, c’est sans doute le nombre considérable de sites archéologiques, qui parsèment surtout le nord du pays, qui a gratifié l’époque romaine de l’ensemble de l’activité urbanistique. Nombre d’historiens ont pu même écrire, comme P. Romanelli en 1959 dans sa ’’Storia delle province romane dell’Africa’’, que le règne d’Auguste au Ier siècle a constitué le point de départ de l’urbanisation de l’Afrique et de son développement social ; et on a même allégué, en reproduisant littéralement certaines affirmations glanées dans les sources, qu’avant l’intervention de Rome les populations indigènes formaient des tribus errantes, dépourvues de villes. Pourtant, on disposait alors de plusieurs indications qui auraient dû interdire de mettre au seul crédit de Rome l’urbanisation et le progrès social.
Dans le territoire carthaginois comme dans celui des rois numides, nombreux sont les textes qui mentionnent l’existence d’innombrables agglomérations rurales. Dans certaines régions, elles formaient un réseau particulièrement dense. Textes qui s’échelonnent de l’expédition d’Agathocle, à la fin du IVe siècle av. J.-C., jusqu’à la guerre d’Afrique de Jules César au milieu du Ier siècle avant le Christ. Le tyran de Syracuse, lit-on, avait enlevé 200 cités, y compris Hadrumetum, après avoir débarqué au sud du Cap Bon (Diodore, XX, 17,6 et Justin, XXII, 6,12). De même, le Grec Polybe avait noté, au milieu du IIe siècle avant le Christ, la présence de plusieurs agglomérations dans la moyenne vallée de l’oued Méjerda (Polybe, XIV, 9,4 et Tite-Live, XXX, 9,2). Et dans le récit de l’historien latin Salluste, qui fut chargé par César du gouvernement de l’Africa Nova, implantée sur le territoire du roi numide Juba Ier, on dénombre une multitude de bourgs agricoles autour de la riche cité de Vaga, aujourd’hui Béja (Salluste, Bellum Jugurthinum, LXIX,3). César lui-même, dans la relation de son expédition africaine, avait désigné par leur toponyme les nombreuses petites villes du Sahel, entre lesquelles il se déplaçait (Bellum Africum, XII – XIX). Le Grec Appien, enfin, à son tour évaluait à cinquante le nombre des petites villes autour de Zama Regia, la grande résidence des rois numides, dans la région de Macthar (Appien, Lib., 69).
De son côté, l’exploration archéologique, menée depuis la fin des années soixante du siècle dernier, n’avait cessé de corroborer les indications des sources textuelles. Une inscription latine publiée en 1963 ajoutait seulement quatorze cités aux cinquante agglomérations dénombrées par Appien autour de Macthar à l’époque pré-romaine, y portant à soixante-quatre le nombre des cités à l’apogée de la période romaine (G.Picard, A.Mahjoubi, A.Beschaouch, Pagus Tuscae et Gunzuzi, CRAI, 1963, p.124-130). Et depuis cette date, les prospections et les fouilles archéologiques n’avaient et n’ont pas cessé de livrer des documents nouveaux, qui avaient permis de découvrir ou d’identifier de nouvelles cités. Pour la plupart, leurs toponymes d’origine libyque, ainsi que les sondages effectués parfois sous les niveaux romains (cf. plus haut les sondages effectués à Belalis Maior), avaient montré qu’elles existaient déjà depuis l’époque numido-punique. L’essentiel de l’activité urbanistique à ses débuts avait donc, sans aucun doute, été accompli avant l’intervention de Rome.
Pour ce qui relève de la question sociale, on sait que la propriété agricole constituait dans l’Antiquité la principale source de richesse. Or six sénateurs, selon Pline (Hist.Nat, XVIII, 6,35), accaparaient au début de l’empire et avant les confiscations de Néron la moitié des terres de la province. Après leur dépossession, les grands domaines qui s’étendaient sur des milliers d’hectares dans les régions les plus fertiles, furent partagés entre l’empereur et les grandes familles sénatoriales. Jusqu’à la veille de l’occupation vandale au Ve siècle, nombre de sénateurs, résidents ou non dans la province, possédaient encore des domaines immenses, comme le montre la vente, à cette date, des biens de sainte Mélanie, qui appartenait à la grande famille aristocratique des Valerii et s’était convertie à l’ascétisme (cf. C. Lepelley, Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, I, 1979, p. 320 et n. 86 p. 321). Et alors qu’ils tiraient l’essentiel de leur richesse fabuleuse des provinces, celle d’Afrique en particulier, les sénateurs avaient été mis sous Trajan dans l’obligation d’investir le plus gros de leur fortune en Italie. Comme le note Ph. Leveau: « la prospérité africaine est d’abord celle des grands propriétaires de la ville de Rome, dont l’Afrique constitue le grenier de blé, au même titre que le sud de la Russie a pu être, à l’époque tsariste, le grenier à blé de l’Europe occidentale, mais là s’arrête la comparaison car il n’y pas d’appropriation» (Ph. Leveau, «La situation coloniale de l’Afrique romaine», Annales ESC, I, janv.- fev.1978.p.31.).
A la tête des cités, cependant, on avait déjà noté la présence d’une catégorie sociale plus ou moins étoffée et plus ou moins aisée, selon l’importance de ses propriétés agricoles et selon la taille de la résidence de ces notables, ville ou même simple bourgade; et on avait constaté que ces classes moyennes constituaient ce qu’on avait tenu pour une véritable ’’bourgeoisie municipale’’. Complètement intégrée dans l’empire, elle s’estimait totalement romaine, et quelques-uns de ses représentants étaient promus aux plus hautes destinées. Elle constituait de la sorte l’ossature et le support de la romanité. Or un nombre important de ces cités préexistait, faut-il le rappeler, à l’époque romaine; elles étaient déjà dirigées par une catégorie sociale aisée et cultivée et étaient également régies par des institutions municipales inspirées des constitutions puniques. Culture et institutions qui s’étaient maintenues vivaces, en même temps que la langue punique, dans beaucoup de cités bien après la destruction de Carthage. A l’instar de Mactaris, nombre d’autres villes de la province conservaient leurs vieilles constitutions, puniques ou mixtes, numido-puniques, avec notamment l’élection de suffètes (cf.G.Ch.Picard, Civitas mactaritana, Karthago, 8,1957 et «Une survivance du droit punique en Afrique romaine: les sociétés suffetales» I diritti locale nelle province romane, Acad. Naz. dei Lincei, quad.194, Rome, 1974, p.125-133.). Si bien qu’il est permis de s’interroger sur l’émergence de cette catégorie sociale agissante, qui administrait les cités, et se demander si elle n’était pas abusivement portée au seul crédit de l’époque romaine? Cette formation sociale avait été certes et sans doute étoffée de façon considérable, et son essor avait été conforté à la faveur de la pax romana, durant l’époque antonino-sévérienne entre le IIe siècle et la moitié du IIIe. Mais ce développement social n’avait été, peut-être, dans la longue durée, que l’aboutissement d’un processus d’épanouissement endogène de la cité et de ses classes dirigeantes, processus manifestement amorcé depuis l’époque numido-punique. Une époque longtemps méconnue, qui avait préparé l’éclosion des élites provinciales et ménagé leur intégration aux classes sociales dirigeantes qui, à l’époque romaine, avaient dominé le monde méditerranéen.
Ammar Mahjoubi