Opinions - 19.12.2018

Abdelkader Maalej: Pourquoi pas un syndicaliste ministre?

Abdelkader Maalej: Pourquoi pas un  syndicaliste ministre?

Dommage, encore une fois je me trouve obligé à parler de la crise aiguë qui sévit depuis quelque temps dans le secteur de l’enseignement et qui oppose le ministère de l’éducation au syndicat de l’enseignement secondaire. Mais avant d’entrer dans le fond du sujet il me parait utile de rappeler que  la direction de l’UGTT n’ jamais voulu  accepter lors de toutes les négociations concernant l’augmentation des salaires de tenir compte d’un facteur fondamental à savoir le rendement. Les dirigeants syndicaux n’ont jamais essayé de comprendre que sans l’amélioration du rendement aucune institution économique ou sociale ne peut supporter, sans perte, l’augmentation salariale. Et quand elle perd une société risque de déposer le bilan.

Le  conflit opposant le ministère de l’éducation au syndicat de l’enseignement  secondaire est tellement grave qu’il nous interpelle tous. Il y va de l’intérêt de nos enfants et surtout de l’avenir du pays. Car le chaos  qui règne actuellement dans ce secteur a en premier lieu perturbé les élèves qui ne savent  plus sur quel pied danser. Il est à craindre maintenant que les relations entre  les élèves et leurs professeurs s'en ressentent. Elles seront probablement pourries et même venimeuses. La contagion va gagner les élèvesqui seront probablement tentés de suivre l'exemple de leurs professeurs en déclencheant des grèves ; et ils l’ont déjà fait en refusant d’entrer dans leurs classes non pas pour ne pas passer les examens mais pour ne pas  poursuivre leurs études comme l’ont voulu  les syndicats.  Un grand nombre de collèges et de lycées faisant fi de  la volonté des élèves et de leurs parents, ont appliqué la décision du syndicat de boycotter les examens, alors que d’autres ont au contraire  refusé d’appliquer cette décision et ont tenu à respecter le calendrier pré établi avec l’accord des syndicats concernant les examens. Forcés à faire l’école buissonnière, les élèves ont été à l’origine de plusieurs incidents ou ont été eux-mêmes victimes de tels incidents. Les exemples sont nombreux ; on peut simplement rappeler qu’un élève a été écrasé à mort par une voiture. Un autre a été calciné. un professeur a été agressé par ses élèves et fut grièvement touché  à la tête et j’en passe. Les multiples déclarations faites par les responsables syndicaux et à leur tête le SG de l’UGTT ne  présagent d’aucun espoir d’ amélioration de la situation. Quel sera alors la position du syndicat si le ministre malgré sa bonne volonté, n’arrive pas à satisfaire les appétences syndicalistes puisque le budget alloué au  ministère ne lui permet pas de le faire ?  Le pire va manifestement avoir lieu puisque  les syndicats ont déjà rejeté les propositions présentées par le ministère Allons- nous assister à une année blanche ? Tout laisse croire que ce sera le cas. Le comble c’est que  le syndicat prétend que c’est le ministre qui en est responsable C’est pourtant l’avenir de nos enfants qui en pâtira  Où va nous mener l'épreuve de force engagée par le syndicat scélérat ?  

Un autre conflit non moins grave risque d’avoir des répercussions désastreuses sur le pays à savoir le conflit opposant le gouvernement à l direction de l’UGTT concernant l’augmentation exigée pour les employés de la fonction publique. Après une grève d’un jour M. Tabboubi a décidé une autre grève générale prévue pour le 17 janvier 2018 englobant  non seulement les agents de la fonction publique mais aussi les employés du secteur publique. L’ironie du sort est que ces employés ont déjà obtenu leurs augmentations. Pourquoi donc M Tabboubi veut-il impliquer ces agents dans la grève ? Il veut certainement briser les os du gouvernement. Allons assister à un autre jeudi noir ?   Par cette décision M Tabboubi risque de  jeter le pays dans l’abîme.

Revenons maitenant au conflit opposant le ministère de l’éducation au syndicat du secondaire. La solution est peut-être difficile à trouver voire impossible. Ne serait il  pas utile de regarder autour de nous pour voir ce qu’ont fait d’autres pays dans de pareilles circonstances.

Un  mien ami, ex haut responsable au ministère de l’éducation nationale, m’a raconté cette intéressante histoire qui s’est déroulée dans un pays sud américain. Un  responsable syndical  était si puissant que le gouvernement ne savait plus à quel saint se vouer. Le Président du conseil eut alors une idée pertinente. Il désigna le responsable syndical à la tête du ministère de l’éduction. Heureux de l’aubaine et croyant pouvoir mettre  sa politique  en exécution, le syndicaliste accepta le poste qui lui fut offert. Installé à son poste, ce syndicaliste se trouva obligé d être solidaire avec son gouvernement et par voie de conséquence  de faire appliquer ses décisions. Ayant un des leurs  comme vis à vis, les syndicalistes se sont trouvés face à un dilemme ; ils ont eu à choisir entre deux positions : ou bien adopter des positions plus souples,  et de la sorte les relations entre le gouvernement et les syndicats devenaient plus détendues et le calme pourrait être rétabli. Tout le monde  sortirait ainsi  gagnant. Ou bien les syndicalistes se maintiennent  dans leur rigidité et le conflit pourrait se poursuivre  et même dégénérer. On pourrait imaginer des solutions semblables  à nos épineux problèmes ? Les Tunisiens ne manquent pas d’intelligence ni d'imagination.

Le mouvement des gilets jaunes en France nous invite à méditer afin d’éviter le pire. Les déclarations tonitruantes et néanmoins menaçantes du SG de l’UGTT ne présagent d’aucun espoir et nous laissent perplexes quant à l’avenir du pays. On assiste maintenant  à  la création d’une association très dangereuse appelée les gilets rouges. Les manifestations qui seront probablement organisées par cette association pourraient déblayer le chemin aux terroristes de Daeuch et Dieu seul sait ce que serait le résultat d’une telle infiltration. On parle déjà d’une infiltration de ces malfrats au sein des gilets jaunes de France. Que Dieu protège notre pays de ce danger. Enfin puisse le SG comprendre la gravité de ses initiatives et éviter  à la Tunisie le saut dans l'inconnu.

Abdelkader Maalej
                 
 

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