70 ans de la déclaration des droits de l’homme, une occasion pour réfléchir au sexisme (Vidéo)
C’était le 10 décembre 1948 quand les 58 États membres qui constituaient alors l’Assemblée générale des Nations Unies ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce document fondateur, traduit désormais dans plus de 500 langues différentes, fut soussigné à Paris, au Palais de Chaillot, et continue d’être, en citant le site internet des Nations Unies, “une source d’inspiration pour promouvoir l’exercice universel des droits de l’homme”. Pour commémorer son adoption, la Journée des droits de l'homme est célébrée chaque année le 10 décembre.
Plusieurs événements se sont déroulées aussi cette année à Tunis et la société civile s’est en particulier réunie à la salle de cinéma l’Africa pour, une matinée de débat et un après-midi consacré à la projection de plusieurs films et court métrages. Parmi les participants à la journée, la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH), l’organisation contre la Torture en Tunisie (OCTT), l’association tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), BEITY, Damj, l’association tunisienne pour la Défense des libertés individuelles (ADLI), Psychologues Du Monde Tunisie (PDMT), l’organisation mondiale contre la Torture (OMCT), Avocats Sans Frontières (ASF), International Alert (IA), le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (FIFDH), ainsi que l’Ambassade suisse en Tunisie.
L’occasion s’est révélée propice pour regarder de nouveau le film documentaire “Voices of Kasserine”, ainsi que pour découvrir le court métrage “L’homme sans voix” proposé par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et apprécier les spots vidéos sur la violence envers les femmes réalisées par l’Association Beity. Les femmes elles-mêmes étaient également au centre de la projection organisée par l’Ambassade suisse au cours de la soirée. En présence de la réalisatrice Petra Volpe, les spectateurs ont eu la possibilité de regarder le film suisse “L’ordre divin”. Cette pellicule suisse se penche sur le suffrage féminin dans le pays alpin qui a été introduit seulement en 1971, 15 ans après la Tunisie. Le principal personnage du film est une femme au foyer d’un petit village au milieu des Alpes qui décide de faire changer les choses en se transformant en militante ardente du droit de vote pour les femmes. « On sait que les femmes suisses ont dû beaucoup attendre pour avoir ce droit - a expliqué Petra Volpe au public du Cinéma l’Africa - mais c’est un chapitre honteux de notre histoire, et par exemple on n’apprend pas ça à l’école. J’ai donc voulu présenter cette thématique pour rendre hommage à toutes ces femmes qui ont lutté». Madame Volpe a expliqué avoir à cœur la solidarité entre les femmes, car parfois « les femmes ne voient pas le grand dessein qu’il y a derrière une certaine situation. Le patriarcat est une culture de l’un contre l’autre. Les hommes en sont aussi victimes. »
Cette projection succède à une autre qui a eu lieu dans le monde arabe, à Amman, il y a quelques jours. En marge de cet l’événement, Petra Volpe nous a confié d’avoir été impressionnée par des commentaires reçus de la part du public jordanien : « Il y a des gens qui m’ont dit qu'ils ne connaissaient pas du tout cette histoire. Ils étaient surpris de remarquer qu’aussi les Suisses ont des problèmes au niveau des droits des femmes. Ils ont apprécié de voir un film critique aussi sur l’occident et qui ne pointe pas le doigt sur le monde arabe comme toujours. »
Le public tunisien semble avoir aussi apprécié cette réalisation, qui prétend, d’après sa créatrice, « donner du courage aux gens » : « Les réactions, en Suisse ou en Tunisie, me semblent du même caractère - estime Petra Volpe - Même si sur des degrés différents, les problèmes des femmes sont en effet les mêmes. Le sexisme existe partout dans le monde. »
Omar Cartulano