Une triste soirée pour la Tunisie et la démocratie
Dire que la séance plénière consacrée à l’adoption de la loi de Finances 2019 a été houleuse est un doux euphémisme qui est loin de refléter le degré de violence qui a marqué les débats. En fait, ce à quoi nous avons eu droit, ce soir-là, c'est une hystérie collective dont personne n’est sortie indemne, ni le gouvernement par ses maladresses et les députés par leurs outrances verbales allant jusqu’aux appels francs au soulèvement.
De quoi s’agit-il : à la dernière minute le ministre des Finances a dû faire face à deux articles particulièrement clivants, le premier prévoyant une taxe sur les revenus des banques alors que le deuxième prévoit la réduction de 35 à 25% de l’imposition sur les bénéfices des grandes surfaces. Deux mesures qui ont mis le feu aux poudres et transformé l’hémicycle en foire d’empoigne. En fait de débat, c’était des invectives qu’on s’échangeait. Le gouvernement, Youssef Chahed étaient traités de tous les noms. Les Mbarka Brahmi, Ziad Lakhdar, Mongi Rahoui et l'inénarrable crient à la trahison, Mohamed Ennaceur est traité de tous les noms. En définitive, Il y avait de quoi vous dégoûter de la démocratie et de la classe poltique. Heureusement qu'il y avait Mohamed Ennaceur pour positiver, relativiser : «l'essentiel est que nous avons réussi à voter cette loi de Finances dans les délais. Nous nous sommes invectivés, mais nous nous sommes écoutés et nous avons réussi l'essentiel». On se console comme on peu, mais cette soirée aura été une dure épreuve pour les Tunisiens plus que jamais désespérés par leurs députés et une preuve de plus que l'apprentissage de le démocratie est décidément bien difficile.
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