Mohamed Ennaceur : "Indépendant de tous, candidat à rien !" (Vidéo)
Nouvelle dure épreuve pour le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur que cette dernière séance plénière lundi soir au Bardo, en course contre la montre pour l’adoption avant minuit de la loi de Finances 2019. Redoutant des tensions à même de gripper la machine et de ne pas respecter l’échéance fatidique du 10 décembre, fixée par la Constitution, il avait tenu à monter lui-même au perchoir, renonçant à aller prononcer un discours à l’occasion du 70ème anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme. Ces craintes étaient bien justifiées.
Un débat houleux avait en effet ébranlé les bancs sous la coupole, n’épargnant aucun groupe et encore moins les non-inscrits. Si la plupart des attaques étaient dirigées contre le gouvernement représenté ce soir-là par le ministre des Finances, Ridha Chalghoum, le feu des tirs croisés bien nourris été échangés de tous bords. D’une rare violence, les débats sont allés jusqu’aux graves accusations de corruption, de malversation, d’accointance et autres griefs bien lourds.
En bouc émissaire, le président Mohamed Ennaceur avait été accusé d’avoir laissé faire en ouvrant le débat sur des questions clivantes. Si Noureddine Bhiri s’est contenté d’en faire porter la responsabilité au président de l’ARP, ses co-équipiers d’Ennahdha, notamment Sahby Attig n’y sont pas allés d’une main morte. « Oui, ou non, Monsieur le Président, êtes-vous sûr de vouloir faire aboutir le vote de la loi de Finances avant minuit ? » lui a-t-il lancé. « C’est un questionnaire ! » répondra Ennaceur sans se départir de son calme.
De l’autre bord, d’autres députés ont cependant tenu à rappeler le passé méritoire du président Ennaceur, son intégrité et sa sagesse qui le placent au-dessus de tout soupçon.
Une grande satisfaction personnelle
Laissant passer l’orage, et absorbant la tension, il se décidera à expliquer sa démarche. « J’avais pressenti toute cette virulence latente, et perçu ses signes avant-coureur, commencera-t-il par dire. Pour désamorcer tant de ressentiments et dégoupiller tant de boulettes enflammées, j’ai préféré donné la parole à tous ceux qui ont voulu s’exprimer et leur permettre d’évacuer ainsi tout ce qu’ils peuvent avoir sur le cœur. Il est en effet important que chacun sache ce que l’autre pense, et que nous tous soyons confrontés à la diversité des points de vue. Pour ma part, ajoutera-t-il, j’en tire une grande satisfaction personnelle. Cet exercice en commun était nécessaire et utile. Comme vous ne pouvez pas en douter, je suis indépendant vis-à-vis de tous. Je n’ai aucune appartenance, aucun alignement et ne suis candidat à rien ! » Malgré la fatigue accumulée par une longue journée prolongée tard dans la nuit, Mohamed Ennaceur laisse finalement apparaître un large sourire qui éclaire son visage. Applaudissement dans tous les bancs. Soulagement. Catharsis.
Reste à décrypter la petite phrase du président Ennaceur : « Candidat à rien ! ». En 2019 ?
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