La Tunisie en quête à Washington de hedging du prix du pétrole!
Washington DC - Correspondance particulière pour Leaders. Face à la hausse continue du prix du baril du pétrole, impactant lourdement le budget tunisien, comment mettre au point une stratégie de couverture par rapport à la fluctuation du prix international du pétrole. Cette couverture, communément appelée ‘’Hedging’, est d’autant plus nécessaire lorsqu’on sait que qu’un seul dollar américain de hausse par baril, se répercute en 128 MD de subvention budgétaire additionnelle nécessaire. De quoi obérer les finances publiques et perturber l’équilibre budgétaire. Comment y parer ? C’est l’objectif de la mission de la délégation dépêchée par le gouvernement au siège de la Banque mondiale à Washington DC, du 12 au 14 novembre courant. Conduite par Taoufik Rajhi, ministre chargé du suivi des grandes réformes, elle est composée par des hauts responsables des ministères des Finances, de l’énergie et des mines, la BCT et des entreprises publiques STIR, STEG, TUNISAIR.
La subvention des produits énergétiques pèse de plus en plus lourd sur les finances publiques, dans la mesure où la LF 2018 par exemple, a prévu une enveloppe pour la subvention des produits énergétiques de 1500 MD, sur la base d’un baril à 54 USD à laquelle est venue s’ajouter une enveloppe de 1200 MD supplémentaires dans la LF complémentaire 2018 suite à une augmentation du prix du baril de 54 USD atteignant des pics, à plus que 80 USD sur les derniers mois. D’une manière générale, la volatilité des prix des matières premières est un risque financier qui impacte globalement la soutenabilité financière des entités publiques, qu’elles soient du côté consommateur / importateur ou producteur / exportateur. Etant un importateur net de pétrole, la Tunisie doit se prémunir d’une hausse du cours. En effet, la couverture a pour objectif de maitriser le prix du baril importé et par là les subventions énergétiques et le déficit budgétaire.
1$ de plus dans le prix du baril, c’est 128 MD de subvention additionnelle nécessaire
Par ailleurs, la couverture permet aussi de maitriser la valeur des importations des produits pétroliers et d’alléger ainsi, le déficit commercial qui, découle en grande partie des importations des produits énergétiques. Par conséquent, l’allègement du déficit commercial allègera forcément la pression sur la demande des devises et mettra moins de pression sur le dinar. Maîtriser le glissement du dinar est un grand challenge pour l’économie tunisienne qui permettra de maîtriser l’inflation, la perte de pouvoir d’achat et permettra de recourir moins à l’endettement externe.
Par ailleurs la couverture permettra à l’économie d’économiser des sommes en dinars et en devises. En effet, comme estimé par le projet de la LF 2019, il faut souligner que, toute augmentation de 1 USD dans le prix du baril augmenterait le montant des subventions de 128 MD et que toute augmentation de 10 millimes dans le prix d’un dollar génèrerait 40 MD de subventions supplémentaires dans le budget de l’Etat. Comme ces deux effets s’alimentent mutuellement, il serait tout à ait opportun de fixer le prix de l’énergie importé.
La Banque mondiale disposée à soutenir la couverture des risques
D’un point de vue opérationnel, et du côté de la Banque mondiale, elle s’est montrée prête à appuyer la Tunisie à mettre en œuvre une stratégie de couverture puisqu’un cadre juridique pour entreprendre ce genre d'opérations de couverture sur les biens en Tunisie existe, déjà. En effet, en 2009, la Tunisie et la Banque mondiale ont signé un accord cadre pour utiliser des produits dérivés tels que les « Swaps » et les « Options » (accord cadre ISDA-International Swap Dealers Association). Cet accord cadre simplifie la documentation d’une transaction entre la Tunisie et la Banque pour des opérations de gestion de risque.
Il faut aussi souligner qu’aider la Tunisie et les pays membres de la Banque Mondiale à assurer une gestion efficace et prudente de leurs risques fait partie de la mission de la BM. En effet, une gestion des risques permet de faire en sorte que des chocs liés aux crises financières, à la volatilité des prix de matières premières et autres biens, ou aux catastrophes naturelles, ne remettent pas en cause la stratégie de développement économique et social de ces pays.