Ridha Charfeddine réussira-t-il la tenue d'un congrès incontestable de Nidaa
Député de Nidaa, élu en tête de liste dans la circonscription de Sousse, membre de la Commission des 13 chargée par le président Caïd Essebsi fin 2015 d'organiser sous la conduite de Youssef Chahed du congrès de sortie de crise de Nidaa, en janvier 2016, Ridha Charfeddine reprend du service actif dans le même sillon. De nouveau, il doit œuvrer pour un nouveau congrès de son parti, cette fois, électif. Sa mission est de constituer une sorte d'ISIE, réellement indépendante, à même de garantir un vote transparent pour renouveler les structures de base et régionales, puis élire les congressistes et en fin les nouvelles instances. Une tâche guère aisée dans les circonstances actuelles, avec tant d’impondérables et d’intérêts pour les uns et les autres. En a-t-il les coudées franches et toutes les assurances. Sa récente visite au chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi y ajoute une autre donnée et risque de fragiliser sa démarche. Mais il part déterminé à réussir.
Explications.
''Pourquoi ai-je accepté la délicate mission de préparer le congrès électif tant attendu de Nidaa? La réponse est à la fois simple et compliquée. Simple : pourrais-je me dérober à mon devoir et me contenter de voir partir à la dérive un parti qui a renversé la situation de 2014 et incarné l’espoir de millions de Tunisiens et de Tunisiennes. Compliquée : dans quelles conditions et comment réussir ?
Il n’y a pas de par le monde un groupe parlementaire ou un parti qui ne connaisse pas en son sein divergences et controverses. La question est claire : je reste ou je démissionne. En fait, une fois engagé dans ce processus, je considère que je ne dépends plus de moi-même, mais de mes électeurs. Dans ma circonscription (Sousse), ce sont 102.000 électeurs (sur 175.000) qui m’ont accordé leur confiance. A mon parti d’abord et à moi-même ensuite. Je me dois d’en être digne et responsable, de les représenter sous les couleurs de Nidaa avec mes pairs en tant qu’élus de la nation tout entière. Elu de Nidaa, je ne saurais quitter mon parti et me livrer au nomadisme... Lorsqu’on m’a désigné pour préparer le congrès, j’ai beaucoup réfléchi avant d’accepter. Les charges professionnelles et dans la société civile ne manquent pas, je me suis toujours senti responsable et dans ce qui peut aider les autres. Le maître-mot qui m’a fait décider cette fois, c’est lorsqu’on m’a dit : « à travers le choix de votre personne, c’est de dire: c’est sérieux! » Déjà en décembre 2015, j’avais été désigné membre du ‘’Comité des 13’’, conduit par Youssef Chahed, alors secrétaire d’Etat à la Pêche, pour organiser le congrès de Sousse de janvier 2016. Mais, à présent, la donne a changé, la situation s’est compliquée, les rangs sont clairsemés et les fractures profondes.
La crise de Nidaa impacte lourdement la scène politique dans le pays, l’Etat tout entier. Ce parti fondé par le président Béji Caïd Essebsi à un moment crucial demeure aujourd’hui encore plus indispensable pour garantir l’équilibre dont la Tunisie a grandement besoin. La sortie de crise, j’en suis resté toujours convaincu, ne peut s’accomplir que par un congrès électif, rassembleur, ouvert à tous, et transparent. Le congrès doit réussir pour créer la légitimité nécessaire afin que Nidaa devienne un vrai parti.
Tous savent que je ne suis l’homme de personne, ni de Hafedh, ni d’autres. Sans pour autant être obligé pour le prouver, de trahir, ce n’est pas dans mes valeurs. Je me tiens à égale distance de tous, respectueux de chacun. Ce que j’ai constaté, c’est que les fondateurs, la base, les militants ont tous ou presque été éloignés, tenus à l’écart, alors que c’est le débat, le croisement des positions et points de vue, la confrontation des idées et visions qui constituent les gènes fondateurs de Nidaa. Il suffit aujourd’hui de tendre la main, de parler aux gens, de leur offrir des gages de sérieux pour qu’ils reviennent. Je m’y prendrai d’une manière directe : écouter, consulter, associer et ériger l’élection démocratique en unique règle. Je me dois de former une équipe réduite, soudée et efficace, consulter fondateurs, dirigeants, élus, coordinateurs et autres, élaborer un planning pour des élections locales, puis régionales, proposer un mode d’élection des congressistes, etc. C’est aussi l’occasion, tout en remobilisant nos adhérents et militants, d’ouvrir nos rangs, dans des conditions à discuter et clarifier, pour accueillir d’autres concitoyens qui souhaitent nous rejoindre.
La marque Nidaa reste forte, quoi qu’on en dise! Regardez les résultats des municipales: le scrutin s’était déroulé alors que le parti était en pleine tourmente. Ça ne l’a pas empêché d’arriver en deuxième position avec 22% des voix. Les espoirs demeurent toujours élevés. C’est un grand risque pour le pays que de laisser s’écrouler Nidaa. Ou de chercher à créer en alternative un autre parti sur le même modèle et ciblant le même électorat."
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