News - 14.09.2018
Youssef Chahed : Je ne lâcherai pas prise, notre génération doit assurer la continuité
« Il était possible de jeter l’éponge et de nous résigner à la fatalité, mais ce n’est dans nos gènes. Mon équipe et moi ne lâcherons pas prise. Tout changement politique en ce moment précis, à quelques semaines seulement du dépôt du projet de loi de finances, rompra les négociations en cours avec nos partenaires internationaux ou du moins leur report. Nous restons en poste, au service de la Tunisie ». D’emblée, Youssef Chahed réitère la profession de foi de son gouvernement. Ouvrant vendredi matin la conférence nationale sur les orientations économiques et sociales de la loi de finances pour l’année 2019, il a tenu avant d’entrer dans les nouvelles mesures envisagées, en ancrer les balises politiques.
Ses premiers propos, il les consacrera à l’administration tunisienne : « Malgré tout le brouhaha, vous avez su accomplir parfaitement la neutralité de l’Administration et assuré la continuité de l’Etat. » Les mots clefs, sont-là, le clin d’œil séducteur est direct.
''Quitte à en payer les frais''
« Nous aurions pu faire plus de croissance, mieux de réformes et davantage de réalisations à tous les niveaux, n’était-ce l’absence du soutien politique qui nous a souvent fait défaut, martèlera Youssef Chahed. Pire encore, les tiraillements marginaux ont parasité l’action du gouvernement, essayant de la plomber et de retarder l’avancée des réformes. La démocratie est notre acquis le plus précieux. Ceux qui l’incriminent au point d'en faire la source de nos difficultés se trompent. Les vrais problèmes proviennent de ceux qui croient que la démocratie est la liberté de diffamer, d’offenser et d’attenter à l’honneur des gens.»
Le chef du gouvernement sera encore plus direct : « Ils veulent nous entraîner, dira-t-il sans nommer ses détracteurs, dans de faux combats. Le respect de la constitution et la tenue des élections à leur échéance fixée constituent pour nous des impératifs non-négociables. »
Cette mise au point clairement faite, le chef du gouvernement réaffirmera sa détermination. « Nous attelons à la tâche, dira-t-il, résolument déterminés à faire aboutir notre vision et sommes prêts à en payer les frais, s’il le faut, tant que ça sera dans l’intérêt du pays. »
''Il appartient à notre génération d’assurer la continuité''
Plus explicite, Youssef Chahed affirmera que la Tunisie n’a pas besoin d’un miracle pour s’en sortir, mais d’une volonté commune. Il rappellera comment Bourguiba et ses compagnons de lutte, avec très peu de moyens et malgré une oppression impitoyable, ont pu arracher l’indépendance de la Tunisie, puis instauré la République et engagé le développement économique et social. Chahed veut procéder de cet héritage et s’inscrire dans cette lignée : « Il appartient à notre génération d’en assurer la continuité. » Les mots sont pesés : sans parler de relève, Chahed et sa génération se donnent ce devoir de continuité.
Evidemment, le chef du gouvernement réitèrera ses appels d’ouverture. « Nos bras sont ouverts à tous ceux qui pensent à l’intérêt du pays et y œuvrent, à nos partenaires sociaux (l’UGTT était absente), sans avoir besoin d’un miracle. Laissons de côté, pour le moment, nos divergences et nos confrontations. Nous en avons encore le temps pour nous y livrer lors des élections et ce temps viendra. Pour le moment, concentrons-nous sur les conceptions, les solutions et le service de l’Etat. »
En l’absence de l’UGTT
La partie économique et sociale du discours du chef du gouvernement sera ponctuée d’une série de nouvelles mesures fiscales et budgétaires qu’il se propose de consacrer dans la prochaine loi de finances. Pas de taxes nouvelles ni d’impôts sur les entreprises et les personnes, réduction de la pression fiscale, mieux d’encouragements et plus de financements pour les PME, doublement des crédits du développement régional, démarrage de la Banque des régions, nouveau cadre statutaire assorti de couverture sociale pour les enseignants vacataires, démonétisation, et autres.
Youssef Chahed a été bien inspiré de marquer la rentrée politique en organisant cette conférence. Elle lui permet de recentrer l’économique et le social au cœur du débat. En s’abstenant d’y prendre part, l’UGTT marque sa distance et laisse un grand vide. Il faut reconnaître cependant que les dirigeants de l’Utica, Samir Majoul, et de l’Utap, Abdelmajid Ezzar, n’ayant pas gardé la langue dans la poche, ont enrichi les travaux par une bonne dose de propositions utiles.
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