Abdelaziz Boujemaa: Le prince inégalé (Album Photos)
Il était de toutes les grandes fêtes, des monarchies, des républiques, des médias et de la jetset mondiale. Pas une grande soirée, un grand mariage, une grande réception, à Paris, comme partout en Europe, en Arabie, au Maroc et ailleurs où, Abdelaziz Boujemaa, affectueusement appelé Zizi, en smoking noir et noeud-papillon, l’œil pétillant, le verbe suave et le ton séducteur, ne soit pas pris d’assaut par ses illustres amis. Vedettes du cinéma, du showbiz et de la télé, têtes couronnées et princes, jet-setteurs, intellectuels et journalistes venaient tous à sa rencontre, adoraient sa compagnie et savouraient ses petites phrases trempées d’un humour raffiné. A lui seul, ‘’Zizi Boujemaa’’ était dans les années 60 et 70 un label d’excellence du tourisme tunisien.
Issu d’une famille de grands propriétaires terriens, jusque dans la banlieue nord de Tunis, Zizi, diplômé de HEC Lausanne, était à la base banquier, rejoignant l’équipe fondatrice de la STB. Mais loin de se confiner dans les écritures comptables et la gestion des comptes clients, il se lancera dans le tourisme et l’hôtellerie. Son œuvre première sera la Baie des Singes, édifiée à Gammarth (aujourd’hui rasée). Il en fera le premier palace de grand luxe en Afrique. Bien avant Marrakech et d’autres sites ailleurs aujourd’hui en vogue, il y recevra en grand nombre tout ce qui compte alors en têtes prestigieuses. Le farnienté au soleil au bord de la merveilleuse baie de Tunis et les soirées fabuleuses qu’il savait si soigneusement monter les faisaient tous courir de partout.
A Paris, Abdelaziz Boujemaa avait ses entrées partout. Son carnet d’adresses, bien fourni, il l’avait mis au service de la Tunisie et de son tourisme. L’ambassadeur Hédi Mabrouk et le représentant de l’Ontt à Paris, Adel Boussarsar, trouvaient en lui un excellent relationniste hors pair. Son amitié avec le Prince Karim Agha Khan, mais aussi les souverains et émirs dans les pays du Golfe, sera indéfectible. Au Maroc, il est reçu en grand ami.
Fondateur de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, il ne tardera pas à créer la fédération arabe du tourisme et de l’hôtellerie, mettant à profit son précieux réseau de confrères tous convertis en amis. Dans cette démarche, il trouvera auprès du commissaire général au tourisme Ridha Azzabi (à l’époque ni l’Ontt, ni le ministère n’étaient alors nés) que soutien et encouragement. Bourguiba, qui appréciait ses initiatives, se faisait un grand plaisir à recevoir en son palais de Carthage ses hôtes prestigieux, mettant sous son égide la remise des grands Oscars des médias en France. En nous quittant, début août dernier, Abdelaziz Boujemaa laisse le souvenir d’un grand prince du tourisme tunisien, un précurseur et visionnaire. Inégalé à ce jour.
T.H.