Retraite : En quatre vérités, les vrais chiffres qui font énormément peur aux Tunisiens
Personne n’a cherché à dire la vérité et à livrer les détails quant à la situation catastrophique des régimes de sécurité sociale en Tunisie, notamment la Caisse nationale de prévention sociale (CNRPS). Examinons de près les données. Chaque mois, la CNRPS doit liquider près de 300 millions de dinars en faveur de 370.000 pensionnés. Pensionnés, c’est-à-dire des retraités, mais aussi leurs ayants droits entre veuves et veufs et survivants. Quatre vérités au moins sont à rappeler.
La vérité sur le gouffre financier
Pour l’accomplir, elle ne peut compter que sur les cotisations (des actifs et de l’Etat) à percevoir et ses propres ressources. Or, le montant maximum collecté chaque mois ne dépasse pas les 240 millions de dinars, nombre d’entreprises publiques en difficultés ayant cessé de verser les montants dus à la Caisse. Comment couvrir alors le gap des 60 millions de dinars qui manquent chaque mois ? Un véritable casse-tête pour le ministre des Finances, d’autant plus que les besoins de la CNRPS s’avèrent de plus en plus difficiles à couvrir.
La vérité sur les montants des rappels au titre des augmentations
Pour ce mois d’août, la situation financière a été obérée davantage par le rappel des augmentations convenues entre le gouvernement et l’UGTT. Youssef Chahed s’est engagé à servir ce rappel en le répartissant sur quatre mois, la première tranche ayant été promise avant l’aïd. Là aussi, la réalité est très loin de ce que beaucoup avaient cru. D’abord, le montant total du rappel par pensionné ne dépasse pas au plus pour les grandes pensions les 80 D en brut, soit 20 D par tranche, se réduisant pour toutes pensions à 3 D en brut par tranche. Ceux qui attendaient de la percevoir afin de s’acheter leur mouton de l’aïd devaient déchanter rapidement. Deuxième aspect, la CNRPS devait mobiliser à cet effet la somme de 42 millions de dinars. Au bout d’efforts titanesque, le ministère des Finances a pu lui avancer 40 millions de dinars et la Caisse a complété les 2 millions qui restaient.
La vérité sur l’absence de la caution de l’Etat
Pourquoi ne pas recourir au marché financier, notamment les banques ? La question est pertinente, sauf que l’Etat n’a pas apporté sa caution à la CNRPS. Le droit à la protection sociale, bien qu’institué par la nouvelle constitution n’est pas encore mis en œuvre en pratique quant à cette garantie de l’Etat.
La vérité sur le retard de paiement
Pour revenir au retard de liquidation des pensions qui a suscité la vive indignation des 370.000 pensionnés et leurs familles, malgré la modestie des montants servis, il faudrait en révéler les circonstances précises. Le montant nécessaire n’avait pu être réuni que le vendredi 17 août 2018, dans la matinée. Le transfert aux banques et à La Poste et les ordres de virement aux comptes des bénéficiaires a été effectué peu avant midi, un vendredi, en pleine séance unique... Vous pouvez imaginer la suite. Inutile donc de chercher des boucs émissaires pour leur faire porter le chapeau.
Le plus grave, c’est qu’on n’est pas sorti de l’auberge. Face au déficit structurel qui s’aggrave, le gouvernement n’a pas de solutions appropriées, encore moins des ressources nécessaires...