Caïd Essebsi aux jeunes du Moyen-Orient, de la Méditerranée et d'Europe: C'est à vous de construire un Etat du 21ème siècle et non du 7ème (Vidéo)
Palais des Congrès de Lugano, Suisse, de l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. Le président Béji Caïd Essebsi a exhorté la jeunesse de la Méditerranée et du Moyen-Orient à bâtir ensemble les Etats modernes du XXIème siècle ''et non ceux du VIIème, voire d’avant'' et de rattraper le retard accusé vis-à-vis des démocraties avancées. S’adressant samedi matin, à l’ouverture du Sommet de Lugano 2018 célébrant la Tunisie en hôte d’honneur, il a souligné, dans un message vidéo, que ce retard ne se rattrape pas en traversant la méditerranée au risque de s’y perdre, mais, en se préparant tant par les études que par l’apprentissage progressif, à l’exercice des responsabilités en acteurs de changement et de transformation.
''Pas de confiance en la jeunesse, pas d’avenir'
Vantant la jeunesse, ‘’réservoir de l’élite et bâtisseur d’avenir’’ le président Caïd Essebsi a appelé la communauté internationale à encourager l'octroi des bourses d’études et d’échanges entre les jeunes, mentionnant particulièrement l’intérêt que représente le programme Erasmus. ‘’Les jeunes du Moyen-Orient, les jeunes de la Tunisie, les jeunes européens, c'est la même jeunesse. Ils ont les mêmes aspirations, ils ont les mêmes idées, ils rêvent ! Et au fond, comme disait Bourguiba : « Un rêve de jeunesse, réalisé à l'âge mûr.» Il a émis le vœu que les participants au Sommet MEM de Logano ‘’qu'ils y trouveront, les réponses aux questions que les dirigeants actuels, n'osent pas leur fournir.’’. Et d’insister sur la nécessaire relation de confiance qui doit s’établir entre les jeunes leur pays, mais aussi entre les dirigeants et les jeunes de leur pays. ‘’Moi, j'ai confiance en la jeunesse. Sinon, il n'y aura pas d'avenir’’, conclura ses propos.
Quelles réponses appropriées à des questions préoccupantes
Le Middle-East – Mediterranean Summit 2018 (MEM) qui a démarré ce samedi matin à Lugano, canton du Tessin de la confédération suisse, de langue italienne, vient en consécration d’un forum groupant pendant une semaine d’échanges près de 200 jeunes de 30 pays (de l’Iran au Maroc). Il se penchera tout au long du weekend, en présence de décisionnaires politiques et économiques, de chercheurs et universitaires et de représentants de la société civile sur les principales initiatives proposées par les jeunes sur les questions de grande préoccupation dans la région.
Autour de ce magnifique lac de Lugano, encadré par des montagnes verdoyantes, un vent d’intelligence et de fraîcheur est apporté par ‘’cette jeunesse ambitieuse et déterminée’’ comme en témoigne Gilles Kepel, l’un des principaux concepteurs du Sommet, organisé par l’Université de la Suisse italienne. Le dynamisme de la société civile a été remarquable dans l’élaboration des ‘’Initiatives de Lugano’’ qui seront publiées à cette occasion.
En introduction, le recteur de l’Université de la Suisse italienne, le Pr Boas Erez, avait prévenu les participants : ‘’Ce seront deux jours ordinaires, mais que vous rendrez sans doute particuliers.’’ Le maire de Lugano, Marco Borradori, le préciser encore plus: ‘’C’est l’occasion d’avoir une connaissance directe de la réalité sans filtres, et d’en débattre’’. Le franc-parler et la pertinence des intervenants le confirmeront.
Lire aussi : Pourquoi la Tunisie est l’hôte d’honneur du Sommet de Lugano 2018
Message du Président Béji Caïd Essebsi
D'abord, je regrette que mon calendrier ne me permette pas de me trouver face à face avec cette jeunesse mais, par votre intermédiaire, je vais m'adresser à eux.
La jeunesse, c'est le réservoir de l'élite, et si notre pays, notre région, a un avenir, c'est les jeunes qui vont le faire.
Parce que nous avons une histoire, avec ses vicissitudes et il ne faut jamais insulter son passé.
Mais surtout, il faut préparer son avenir.
L'avenir c'est notre jeunesse.
Quel est notre avenir?
C'est de voir un Etat du 21ème siècle, pas un état du 7ème ou même un peu plus...
Or, c'est la jeunesse qui va faire cet Etat là pour que notre région - et je parle en premier lieu de mon pays la Tunisie - puisse rattraper le retard qu'elle a sur les pays développés.
Et, elle ne peut pas le rattraper et envisager un état réellement du 21ème siècle, sans la participation de nos jeunes et, sans la préparation de ces jeunes à ces responsabilités parce que nous voudrions avoir des dirigeants au niveau des dirigeants des pays développés.
Il ne s'agit pas de rattraper le retard en traversant la Méditerranée.
Actuellement, les jeunes, malheureusement, traversent la Méditerranée, et ils y restent très nombreux, malheureux…
Mais donc. Il faut les préparer.
C'est pour ça que dans tous mes déplacements, -et beaucoup de chefs d'Etats le reconnaîtront,- avec les américains, avec les français, avec les autres, mon grand souci c'est d'obtenir des bourses pour nos jeunes. Et, fort heureusement, nous avons, fait un accord avec l'Union Européenne, sur plusieurs années, pour que nos jeunes participent maintenant aux projets Erasmus. Et moi-même, j'ai deux petits-enfants qui y participent. Ils font leurs études en Europe et maintenant, l'un va en Amérique et l'autre a été en Espagne.
C'est ça l'avenir, c'est ça le réservoir de l'élite, et il faut que nous soyons à la hauteur de cela, donc.
Bien sûr, des pays comme la Tunisie n'ont pas beaucoup de moyens, mais nos pays amis doivent comprendre qu'ils doivent nous aider dans ce sens là, parce que l’avenir de la Méditerranée, il est général ou pas.
Vous savez, les jeunes du moyen Orient, les jeunes de la Tunisie, les jeunes européens, c'est la même jeunesse. Ils ont les mêmes aspirations, ils ont les mêmes idées, ils rêvent!
Et au fond, comme disait Bourguiba: « Un rêve de jeunesse, réalisé à l'âge mûr.»
Moi, je ne suis pas un écrivain, ce n’est pas mon rôle, mais j'ai quand même écrit un livre il y a une dizaine d'années, je crois. Je l'ai dédié à la jeunesse, à la jeunesse de mon pays, qui n'a pas connu cette période: la construction de l'Etat moderne, et les vicissitudes de la construction de l'Etat moderne.
J'espère qu'ils y trouveront, les réponses aux questions que les dirigeants actuels, n'osent pas leur fournir.
Il faut que les jeunes aient confiance en leur pays. Il n'y a pas d'avenir sans relation entre les jeunes et leur pays. Ils n'ont pas d'avenir.
L'avenir c'est avec leur pays.
Ils l'entraînent avec eux.Et bah, moi, j'ai confiance en la jeunesse.
Sinon, il n'y aura pas d'avenir.