Toute la lumière sur les phares en Tunisie
Les côtes de la Tunisie s’étendent sur 770 milles, soit une longueur comparable à celle des côtes françaises de Méditerranée, Corse comprise, et elles présentent beaucoup d’aspects géomorphologiques similaires.
Le littoral comprend deux parties bien distinctes : la côte Nord est accore et saine et les fonds navigables sont à de très petites distances du rivage. Les roches Fratelli à 2 milles au large entre les caps Serrat et Angela, et le double groupe d’écueils des Sorrelles et de la Galite à 25 milles des côtes présentent les seuls réels dangers pour la navigation. La côte orientale, en revanche, est beaucoup plus dangereuse après le cap Guardia, l’actuel Ras el Blat et Bizerte. Outre le fait qu’elle englobe la plupart des ports (Bizerte, Tunis et La Goulette, Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax et Gabès), elle est flanquée au large de plusieurs écueils bas et de bancs sableux changeants, encore plus redoutables: les îles Cani, prolongées par une dangereuse chaussée sous-marine, l’île Plane à la pointe Farina, les îles Zembra et Zembretta dans le golfe de Tunis, la grande île de Kuriat devant Monastir, les îles et le banc de Kerkennah en avant de Sfax et enfin l’île de Djerba. Après le Ras Zira, la côte devient beaucoup plus saine devant la Tripolitaine (Rouville,1933: 202). Avant l’établissement du protectorat, les côtes de ce pays sont signalées par un balisage et un éclairage rudimentaires et disséminés. En 1835, il existait un amer sur la plus méridionale des îles Kerkennah, dont «il est prudent de se tenir très éloigné» (Coulier, 1835 : 212-213), une tour de signaux érigée sur le Cap Bon et un fanal à l’entrée du port de La Goulette. Constitués avec des moyens très disparates, quelques feux sont ensuite offerts par les grandes puissances maritimes au gouvernement beylical.
Un premier phare lenticulaire de quatrième ordre à éclat toutes les trois minutes est allumé dès 1840 à Sidi Bou Saïd, ou cap Carthage, avec une optique donnée par la France. Quelques années plus tard, un cadeau du même type permet d’éclairer l’entrée du port de La Goulette avec un petit feu fixe, mais il est «mal entretenu et n’a qu’une portée de 6 milles sur l’horizon» (Coulier 1853 : 182). Après l’échouage du Spartan, le 5 juillet 1856, le gouvernement britannique demande au Bey la construction d’un phare sur les îles du Grand ou du Petit Cani. Il est érigé en 1860. Un autre est construit au Cap Bon en 1875. Tous les deux sont équipés avec d’anciens appareils fabriqués par la firme anglaise Chance et offerts par la Grande-Bretagne. En 1877, les services maritimes du Bey s’engagent à construire deux tours sur la Galite et l’île Plane si la France leur offre les appareils, mais cet accord ne sera réalisé que dix ans plus tard. Dès l’établissement du protectorat, la marine française revient à la charge et réclame la construction de quatre fanaux de ports et de deux phares, l’un toujours sur le Galiton et l’autre sur les Kerkennah (Girard, 1882 : 190).
Les services des Travaux publics tunisiens accomplissent de véritables exploits si l’on en juge par le grand nombre des avis aux navigateurs annonçant les allumages successifs des phares suivants:
- Phare de l’île Kuriat, feu de troisième ordre, grand modèle, allumé en juin 1888,
- Phare de l’île Plane, feu de quatrième ordre allumé en juin 1888,
- Phare de Kélibia, feu de quatrième ordre allumé en juin 1888,
- Phare de Monastir, feu de cinquième ordre allumé en décembre 1888,
- Phare de Sousse, feu de quatrième ordre allumé en mai 1890,
- Phare de Mahdia, feu de quatrième ordre allumé le 15 août 1890,
- Phare du cap Serrat, feu de premier ordre allumé le 15 août 1890,
- Phare de Ras Angela, feu de quatrième ordre allumé le 30 juillet 1890,
- Phare de Gabès, feu de cinquième ordre allumé en avril 1893,
- Phare de Zarzis, feu de cinquième ordre allumé en avril 1894,
- Feu du port de la Skira, feu de sixième ordre allumé en juillet 1894,
- Phare de Ras Thyna, feu de quatrième ordre allumé en mai 1895,
- Phare de Taguermesse, Djerba, feu de quatrième ordre allumé en août 1895.
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