Hommage au Pr Halayem, cet homme d'exception !
Par Sofiane Zribi, Psychiatre – Tunis - La Tunisie vient de perdre le matin du mardi 17 juillet 2018 un homme exceptionnel, un scientifique brillant, un médecin aux qualités humaines rares en la personne du Professeur Mohamed Béchir Halayem.
Plusieurs générations de psychiatres, de pédiatres, de médecins, de psychologues, d’infirmiers ont profité de son enseignement et ont été formés par ses soins.
Les anciens de l’hôpital d’enfants de Bab Saadoun se rappellent sa silhouette longiligne, bienveillante et réconfortante toujours là pour rassurer, calmer, orienter, éduquer. Il était partout, sur les lieux d’hospitalisation aux côtés des familles, dans les consultations amenant les pédiatres à écouter autrement la souffrance de l’enfant et de sa famille, dans les urgences pour parer aux situations de crise.
Quand le service de pédopsychiatrie fut créé, c’est tout naturellement que le Professeur Halayem fut nommé à sa tête. Il devint un passage obligé pour la plupart des pédopsychiatres actuels de la Tunisie, et un lieu de formation réputé en Tunisie et à l’étranger.
Le travail d’éducateur de Mohamed Halayem ne s’arrêtait pas là. Il contribua largement à la diffusion de la pensée psychanalytique et à la formation de psychanalystes. Nombreux sont les psychiatres qui ont été analysés par ses soins dans un cadre didactique. On ne compte plus ses conférences et ses séminaires toujours colorés par son souci de la précision et de la rectitude.
Mohamed Béchir Halayem est né à Gabès en 1947, d’un père juge, avec lequel il s’est beaucoup déplacé dans la Tunisie. Il a poursuivi ses études secondaires au lycée Carnot de Tunis. Le Bac en poche, il part en 1968 poursuivre ses études de médecine à Paris. Sa formation en psychiatrie a été assurée par des maîtres prestigieux comme les professeurs Basquin, Racine et Wildöcher à la Salpetrière. Il retourna en Tunisie en 1980 où il entama la carrière que nous venons de décrire. Il laisse derrière lui trois enfants, dont l’ainée Soumaya est elle-même pédopsychiatre à l’hôpital Razi.
La communauté psychiatrique et nationale pleure aujourd’hui un homme d’exception, un militant et un grand patriote. Paix à son âme.
Sofiane Zribi