Attentat d’Aïn Soltane : Les Tunisiens en colère interpellent la classe politique
Forte indignation, colère noire, grande tristesse : les Tunisiens sont de nouveau sous le choc. L’attentat terroriste qui a coûté la vie dimanche peu avant midi à Aïn Soltane, près des frontières avec l’Algérie, à six vaillants Gardes nationaux, laissant deux autres luttant contre la mort, les plongent dans un deuil inconsolable. Encore un acte inacceptable pour les Tunisiens qui en attribue la responsabilité politique aux dirigeants, au pouvoir, comme l’opposition.
Le Président Béji Caïd Essebsi doit remettre les pendules à l'heure. Les Tunisiens l'attendent. Il le fera sans doute et sans délai.
Un seul martyr, et c’est déjà de trop. Combien leur en faut-il pour les secouer, les sortir de leurs mesquines combines, et les remettre sur le chemin du devoir ? Sont-ils conscients de ce que doit représenter l’état d’urgence en vigueur en Tunisie ? Réalisent-ils dans leur jouissive farniente le sacrifice consenti par l’Armée, la Garde nationale, la Police, les Douanes…
A coups de limogeages compulsifs, de fausses rumeurs, on n'en mesure pas l'ampleur des dégâts.
Aveuglés par l’addition de leur égoïsme, obnibulés par leur course au pouvoir, enivrés par leurs querelles de charretiers, nombreux sont parmi la classe politique ceux qui font peu de cas du danger terroriste persistant. Malgré l’ampleur croissante des graves menaces, ils continuent à se livrer dans l’insolente insouciance à leurs jeux politiciens, à leurs intrigues et à leurs cabales croisées. Laissant les forces sécuritaires et militaires faire face seules avec courage et abnégation aux lâches djihadistes, ils se contenteront, au mieux, d’une déclaration de soutien et, dans les pires circonstances, de « condoléances attristées » aux familles des victimes.
Demain risque d’être trop tard !
La défaillance est politique ! Les forces combattantes n’ont jamais manqué ni de patriotisme, ni d’engagement, ni de performances. A chaque levée de soleil, et toute la nuit durant, elles se dévouent à défendre l’intégrité du territoire et à protéger la souveraineté nationale. Quitte à en payer le prix de leur vie.
Oubliant l’état d’urgence sans cesse prolongé en raison de la persistance des menaces sécuritaires, faisant fi des risques encourus par la patrie, ces politiques se laissent entraîner dans les dérives préélectorales, cherchant à se positionner pour les scrutins de 2019. Populisme, surenchère, et fausses batailles, ils se cramponnent aux postes acquis et se lancent en assaut pour en conquérir de plus haut.
Que le martyr de ces six vaillants Gardes nationaux (et la dure épreuve des deux blessés) interpellent la conscience de ces politiques. Les Tunisiens, endeuillés, les appellent à cesser leurs querelles, de mettre fin à leurs diaboliques machinations de dislocation de l’Etat. Leurs dérives fragilisent le front sécuritaire et ouvrent les portes du chaos tant recherché par les terroristes. Le rôle des médias dans ce rappel au devoir et la mobilisation ne saurait faire défaut.
Le verdict des urnes tombera inéluctablement comme un rejet massif, une condamnation historique.
Un véritable sursaut national n’est pas seulement à espérer : il est indispensable, il est salutaire.
Demain risque d’être trop tard.
Taoufik Habaieb
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