Guy Sitbon: Crise européenne: une aubaine pour la Tunisie
L’Europe souffre d’une crise existentielle. Cet édifice inouï échafaudé pas à pas au prix d’un demi-siècle d’application acharnée semble aujourd’hui sapé jusqu’au tréfonds de son être. Le miracle accompli par des générations de croyants se désagrège brutalement. L’imbécile nationalisme primaire revient à la charge comme si l’Éternel jetait une nouvelle fois sa malédiction sur la Tour de Babel. À cela, une raison catégorique: l’immigration. Un seul remède: la Tunisie.
Les Européens dans leur immense majorité ne s’accommodent plus de l’immigration. Les plus hospitaliers se mettent en quatre pour assister les misérables arrivants mais eux-mêmes sont d’avis que le flot devient insupportable. Qu’on partage ou non ce sentiment, le fait est là, flagrant, indéniable.
Les démographes démontrent que la poussée migratoire, sur le long terme, ne provient pas du Maghreb où la « transition démographique » s’est effectuée. En Tunisie, le taux de fécondité est analogue à celui de la France (2,1). En Algérie comme au Maroc, il s’est effondré au cours des dernières décennies. En Afrique sub-saharienne, il ne cesse de croitre oscillant entre 8 et 5 enfants par femme. De quoi assurer en trente ans un doublement de la population, un passage de 1,3 à 3 milliards d’habitants. L’explosion.
L’Europe sent approcher de ses frontières une ruée dont elle constate déjà le prélude. Elle en tremble. Elle n’en veut pas. Elle est prête à tout pour l’écarter. À tout.
Une des procédures légales envisagée consiste à placer les migrants secourus en Méditerranée dans des hotspots, des camps où les réfugiés seraient soumis à un tri. Les bénéficiaires du droit d’asile accueillis en Europe, les autres renvoyés chez eux. Ces hotspots, aucun État européen riverain ne l’accepte plus chez lui. Ni l’Italie, ni la France, ni…, ni… Où alors ? En Libye ? Les migrants tomberaient entre les mains d’épouvantables criminels qui les rançonnent, les brutalisent, les réduisent en esclavage. Intolérable. En Égypte ? Trop loin et pas vraiment en état. Un seul refuge : la Tunisie.
Les Européens sont disposés à payer ce service cher, très cher. Des milliards, des dizaines de milliards d’euros. Les plus rétifs comme la Pologne ou la Hongrie ouvriraient largement leurs portefeuilles. Sans parler de l’Allemagne et de la France. Le coût de l’opération comme l’indemnité stratégique se négocient. Vous voulez sauver l’Europe ? Rémunérez !
En 2011, à la chute de Kadhafi, le sud tunisien s’est peuplé de centaine de milliers de réfugiés. Les camps, que j’ai visités, avaient été agencés soigneusement. Les organisations humanitaires s’activaient. Les volontaires tunisiens dépensaient leur dévouement sans compter. L’ordre régnait. Aucune crise politique ne s’est produite. Au fil des mois, les réfugiés sont rentrés chez eux. Aucun problème sérieux. Au Liban, j’ai récemment parcouru les camps d’exilés le long de la frontière syrienne. Des centaines de milliers de déplacés. Ils attendent le retour à la paix pour rentrer chez eux. Peu de Libanais protestent. Il y a des pays comme-ci et des pays comme ça. Ne distribuons ni les bons points, ni les cartons jaunes. Mais voyons, outre l’obligeance, les profits économiques, diplomatiques, stratégiques qu’il y a à tirer de cette affaire.
En négociant l’établissement de hot-spots dans le Sud, la Tunisie occuperait instantanément une position axiale dans LA SURVIE DE L’EUROPE. Tout simplement. Le maintien où non d’Angela Merkel à la chancellerie dépendrait du palais de Carthage. Toutes les élections européennes seraient liées à l’action de notre petit pays. Nos équilibres financiers, notre croissance économiques deviendraient le souci des plus grandes puissances.
Qu’attend on pour agir ?
Guy Sitbon
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