Mohamed Souilem : Mettre fin à cette spirale dépréciation du dinar
Ancien directeur général à la Banque centrale de Tunisie (BCT), Mohamed Souilem qui avait été affecté pendant trois ans auprès du Fonds monétaire international (FMI) à Washington ne cache pas ses craintes, face à la situation monétaire dans le pays. Il déplore la dépréciation anarchique du taux de change et appelle à sa stabilisation, tout comme celle des prix, plus encore politique et sociale.
Face au risque de dérapage des prix, il est peut-être temps de faire le bilan de la dépréciation anarchique du taux de change, qui est par ailleurs l’un des principaux facteurs de la dérive inflationniste, d’autant plus que le taux de change en tant que variable d’ajustement du déséquilibre extérieur ne semble pas donner les résultats escomptés, puisque le déficit courant ne fait que s’amplifier d’une année à l’autre.
Cela indique clairement que le déficit courant et de la BoP n’est pas dû uniquement à un problème de compétitivité prix, mais surtout à un problème de production : phosphates, énergie, ou de sécurité et visibilité : tourisme IDE...
De ce fait il me semble impératif de marquer un temps d’arrêt et de faire le bilan de la politique de taux de change poursuivie au cours des quatre dernières années. Il est temps d’arrêter l’hémorragie en mettant les réserves de change au service de la stabilisation du taux de change, et non le contraire en laissant tomber le dinar pour préserver le niveau des avoirs en devises. Il ne faut pas oublier que le dinar, notre monnaie nationale, est le symbole de souveraineté au même titre que le drapeau.
Aujourd’hui il faut absolument casser les anticipations de dépréciation supplémentaire du dinar. Autrement, le danger inflationniste va s’amplifier davantage au risque de compromettre les perspectives de reprise fragile de l’économie. Sachant par ailleurs, que la Tunisie a pu vivre par le passé avec un niveau d’avoirs en devises inférieur à 3 mois d’importations.
Il faut impérativement mettre fin à cette spirale dépréciation du dinar, inflation importée, hausse du taux d’intérêt directeur... c’est la spirale de tous les dangers, en plus de celle prix/salaires.
La Tunisie a besoin aujourd’hui de stabilité : stabilité du taux de change, stabilité des prix, stabilité politique, stabilité sociale...
A bon entendeur...."