Prix du Jury à Cannes : Nadine Labaki, mission accomplie
Une Femme, avec un grand "F": Nadine Labaki. Un pays avec un grand "L": LOBNAN. Un film choc : "Capharnaüm". Un prix prestigieux : celui du jury du festival de Cannes 2018, festival au cours duquel le pays du cèdre a rayonné de mille feux, grâce à l’une de ses plus belles racines, Nadine Labaki.
Saisissante, puissante, son œuvre "Capharnaüm" est entrée en compétition et s'est imposée en sélection officielle. Une première victoire qui a ouvert la voie à la consécration, et celle-ci ne s’est pas fait attendre. C'est ainsi que Le Liban a été brillamment représenté à Cannes après plusieurs années d'absence.
Succédant à "Caramel" et "Maintenant, où on va ?", "Capharnaüm" s'inscrit dans la suite logique des thèmes qu'affectionne tant cette réalisatrice au talent exceptionnel et qui expriment avec force sa volonté de secouer la société à travers le cinéma. Armée de son génie, de sa passion, elle transmet son message de manière saisissante, en cultivant l'espoir d’annihiler l’indifférence et d’éveiller les consciences endormies pour y planter les graines d’un combat collectif.
"Capharnaüm" qui met en scène la tragédie de l'enfance maltraitée, celle des laissés-pour-compte condamnés à l’errance par la guerre, est bien plus que le relais d’une réalité accablante. Seuls ceux qui la côtoient tout les jours et qui ont le courage de la regarder en face peuvent évaluer l'ampleur de ce désastre. Nadine Labaki en fait partie.
Dans son coup de maître cinématographique, elle rappelle aussi que son petit pays, le Liban, ne s'est pas plaint de recevoir une grande partie de la misère du monde. Pourtant, un million de déplacés y séjournent, peut-être plus. Une leçon que les grands de ce monde feraient bien de méditer.
Il n’est donc pas étonnant que ce “cri” lancé par la libanaise engagée n’ait pas laissé Cannes insensible. D’ailleurs, lors de la projection du 17 mai 2018, c’est avec une standing ovation que le public salue le film dans une salle comble et au comble de l’émotion. Ces longs applaudissements ont été pour les libanais et amoureux du Liban, présents à la projection ou non, une véritable délectation, une explosion de joie, et un réel motif de fierté.
Mais comme l'a si bien dit Nadine Labaki: "il est plus facile de plaire au grand public que de mettre 9 jurés d'accord". Et pourtant, ces derniers lui décerneront le prestigieux prix du jury. La consécration est là; elle vient récompenser une équipe extrêmement émue, et qui a vécu cette dernière année et ces dernières minutes cruciales, l’immense stress et l’excitation que provoquent les grands défis.
Et en relevant celui-ci, Nadine Labaki, avec le peu de ressources à sa disposition, a réussi à démontrer qu’aucune voie n’est impénétrable et que les rêves peuvent être réalisés. Sa victoire ne tient pas du miracle mais d’une empathie rare, d'un savoir-faire prodigieux, d’une détermination à toute épreuve et d'un travail acharné.
C’est grâce à des femmes et des hommes de cette envergure que le Liban continue et continuera de rayonner.
À la cérémonie de la remise des prix,Nadine Labaki a rappelé avec grâce son pays au bon souvenir du monde.
Merci Nadine, merci à toute l'équipe, de nous en avoir mis plein les yeux jusqu'aux larmes. Yes "you did It".
Latifa Moussa