News - 06.06.2010

Qui sont ces hommes d'affaires Tunisiens en Europe ?

Paris - De l'envoyé spécial de Leaders - S’il est constitué essentiellement par les traditionnels commerçants et restaurateurs, le réseau d’hommes d’affaires tunisiens établis en Europe amorce une mutation significative. Aux premières générations émigrées au lendemain de l’Indépendance, est venue une deuxième vague de chefs d’entreprise opérant dans d’autres services, voire l’industrie alors qu’émerge de nos jours une troisième génération, plus jeune, « plus atugéenne », lançant des startups, bureaux d’études, cabinets-conseils et explorant les finances, l’ingénierie et la technologie de pointe.

Celle-ci n’était pas très présente lors de la rencontre des hommes d’affaires qui avait vu beaucoup plus la participation de figures issues de la vague des années 80. Portraits Express.
 

Amara Ben Ahmed, originaire de Gafsa, établi à Rotterdam (Pays Bas) depuis 34 ans, a créé sa propre société de pièces de rechanges dans le domaine naval. A la base professeur d’initiation technique à Gabès et Djerba, il a poussé ses études en Hollande pour décrocher son diplôme d’Ingénieur spécialisé en moteurs diesel. Aujourd’hui, il se trouve à la tête de Marine & Dredge, parts supply, une entreprise florissante qui a gagné la confiance des plus grands armateurs. Son épouse, psychiatre lui a donné deux superbes filles, Sonia, avocate au barreau de Rotterdam et Nadia, poursuivant un double mastère dans une prestigieuse école d’économie et de gestion à Londres. Son bonheur est aussi de rentrer régulièrement à Gafsa, embrasser son père âgé de 98 ans, militant de la première heure et fils de militant, et les siens. Que peut-il faire pour la Tunisie ? « Tout ce qu’on me demande, répondra-t-il à Leaders. Je suis ravi de ce progrès immense que vit mon pays et je ne cherche que l’occasion pour y contribuer, même modestement. »

Toujours en Hollande, Chedli Habbouria aligne depuis 34 ans lui aussi, une expérience probante à la tête de Chicon Computers, une société de produits et services informatiques et de Delfnet, dédiée au Net. Son épouse dirige de son coté un institut de bienêtre très côté. Originaire de Hammam Lif, il avait fait en 1984, le choix de s’établir aux Pays Bas où il a pu poursuivre ses études et se lancer dans les affaires avec succès.

Béchir Chahed est, à lui seul, une véritable success story tunisienne en Allemagne où il vit depuis 41 ans. Originaire de Mahdia, ingénieur de formation, il est l’auteur de pas moins de 47 inventions, dument brevetés. Le joyau de sa couronne, c’est certainement  ces systèmes de chauffage et de refroidissement des surfaces avec des composants convectifs.
S’inspirant de l’irrigation sanguine, il a mis au point au système de tubes capillaires qui se substituent aux systèmes traditionnels, offrant un confort total, une nette économie d’énergie et meilleur respect de l’environnement. Son entreprise Clina, rafle les prix prestigieux, notamment la Médaille d’Or d’Interclimat (Paris, 1995) et des marchés significatifs.

Le Reichstag (Parlement) à Berlin, l’aéroport de Cologne, de Patek Philippe à Genève, la Tour Dexia à Bruxelles, d’Interbanka à Prague, du Don Stroy à Moscou, la Gare Centrale du métro de Tokyo, le Triumph Plazza à Shanghai, et autres buildings de par le monde, c’est lui. Ses produits se déclinent sur 26 pays. Quant à la Tunisie, il vient juste d'y conclure son premier contrat. Même si nul n’est prophète en son pays, Béchir a fini par y faire ses preuves. Brillamment !

Jalel Belkahia est notre éditeur à Bruxelles. Ce bizertin féru de livres depuis son jeune âge avait, alors qu’il avait 15 ans, contribué avec son professeur Si Ben Frej, à monter le premier salon du livre. Depuis, sa passion n’a fait que grandir. Installé en Belgique depuis près de 30 ans, il commence par y importer des livres tunisiens, essentiellement en langue arabe. Le Livre Saint, des livres pour enfants, des manuels scolaires et œuvres littéraires : rapidement sa librairie Alimen est devenu le centre du livre tunisien, fournisseur des familles, mais aussi des établissements scolaires, des associations, des hôpitaux et même des prisons.

Sans s’arrêter sur cette lancée, il s’essaye aux traductions, de l’Arabe vers le français et le flamand et à la publication des auteurs tunisiens dans ces langues. Ses projets d’avenir sont multiples, mais toujours dans l’édition avec certes l’exploration du multimédia et des innovations pédagogiques.  Sur les traces de ses illustres cousins (Faouzi, Chelbi, Kamel, Ali et autres Belkahia), il vogue de succès en réussite, calmement, dans l’amour de la mère Patrie. Aujourd’hui, Alimen est une Pme qui tourne bien avec un excellent business plan.

Faouzi Majbri, à Lausanne a développé une activité qui lui réussit en Suisse. Avec des partenaires Libanais, il s’est lancé dans le commerce des voitures exportées en Afrique. Depuis plus de 10, cet ancien étudiant de l’EPFL, a flairé la bonne affaire et s’est adjugé de bons correspondants un peu partout au sud du Sahara, notamment à Lomé, Cotonou, Libreville et autres capitales. Il leur fournit des voitures de luxe, des 4x4, utilitaires et des bus acquis auprès de bonnes marques.  Nouveau projet, il prépare avec son compatriote Samir Melliti, le lancement d’un journal en ligne Ifriqya News.

Ali Mokni est sans doute le Tunisien qui a créé le plus grand nombre d’entreprises en France. Installé à Grenoble depuis plus de 35 ans, il dirige pas moins de 6 entreprises, employant 600 personnes dont 400 à plein temps, couvrant le Dauphinois et la région Rhône-Alpes. Spécialité : l’hygiène, la propreté et le nettoyage, mais aussi le gardiennage et la surveillance. Dans un secteur très concurrentiel, il a su s’imposer par sa rigueur, son sérieux et un management performant. Jamais il ne recule devant l’introduction d’outils de pointe, de technologies innovantes et de systèmes de motivation. 

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Interview de Jalel Belkahia à Leaders