Emilia Stepien : l’Art conjuratoire
Parce que toute œuvre humaine, en général et artistique, en particulier propose de conférer une forme et une finalité temporelles à la matière manipulée, l’artiste Emilia Stepien a placé sa première sortie plastique en Tunisie sous le signe des(z) « Exorcismes ».
Du moins jusqu’au 2 mars prochain, elle aura réussi à transformer le lugubre hall du Centre culturel Russe à Tunis en atelier créatif. Installation polymorphe englobant le digital, le dessin , la photographie et le graphisme. Sans fil conducteur apparent, l’artiste donne libre cours à une expression émotive et non moins interrogative. Et bien qu’elle semble imprégnée de touches du réalisme cru de certains peintres des pays de l’ex-bloc soviétique, l’exposition tend plutôt à en déconstruire le schéma .Une manière subjective d’exorciser (on y vient!) les contraintes psycho-géographiques marquant notre époque dans l’approche du beau et du laid, du fonctionnel et du superflu .
Résultat: une esthétique allusive et tendre conjuguée à l’a-symétrie de la poésie et de l’a-poétique, de la mémoire et de l’identité, faisant de ces créations une fresque polysémique d’objets et de sujets engloutis dans une espèce de transe chamanique. Laquelle reflète –comme par magie- les ombres du démon individuel et la quête lumineuse de l’universel.
Habib Ofakhri