Hidoud : Kelibia in mind
Il est de retour, l’artiste-peintre. A 74 ans, Abdelmajid Jenhani (alias Hidoud) investit les cimaises de la Galerie Saladin, un check-point d’art à l’escalade ou à la descente du mont Sidi Bou Said (banlieue nord de la capitale).
Suite à une formation diplomate à l’Ecole des Beaux arts de Tunis dans les années 60, le jeune artiste trempe sa mélasse dans la gravure sur bois et la noblesse de la céramique. Serein et non moins tourmenté par le mystérieux silence de la nuit et la grandeur de l’espace, il prit la mer. A l’époque, sans visa.!
De Kelibia, son bourg natal, les vagues de la méditerranée l’embarquent dans des pérégrinations et des rencontres inédites. Logé à l’enseigne de la solitude et l’ivresse existentielle, il entretient son métier-art en fuyant la médiocrité d’alors. Mais, tout flux se répand par reflux.
L’éloignement physique n’a pas altéré la mémoire visuelle de l’eternel enfant. Mêmement pour la lumière, arc en ciel de la Tunisie et les rives écumantes et plurielles du grand Bleu. Dans ses créations, Il insiste –pourtant- à privilégier l’ombre à la lumière chatoyante, un kitsch de la nature..et à pointer les détails de silhouettes féminines happées dans l’alvéole d’une cigarette fumée à la hâte Atmosphère de la rue de Lapp à Paris (une réplique de la rue Abdallah La paille à Tunis). Quelle barbouille!
Valeur sûre de la scène internationale des arts plastiques, Hidoud s’affirme. Moult consécrations. Il semble réfractaire, toutefois, au format d’une technique réductrice (hard-edge) des formes et des tons. Ses palettes transposent les clairsemés. En dépit de la différence d’âge et de la géographie, l’observateur y décèle des relents du style aéro-aquatique du tachiste californien, Sam Francis (1923-1994).
Cependant, Hidoud plonge plus loin. Timide démiurge, il a l’humilité de masquer la souffrance. Il questionne ses œuvres laissant la latitude au public pour percer le désir qui leur est associées. De l’instantané, l’artiste transforme l’acte de peindre tantôt en événement, tantôt en idée. A travers ses créations, la condition d’homme temporel l'accule à s’interroger sur soi-même. A chacun sa méthode. L’expo sera visible et accessible jusqu’au 25 février courant.
Habib Ofakhri
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