La démocratie tunisienne est-elle vraiment en danger ?
La démocratie en Tunisie est-elle en péril après les derniers évènements ? Trois ONG internationales de renom, le pensent. Pour International Crisis Group, «la Tunisie tend à retomber dans ses anciens travers autoritaires» et appelle à endiguer cette dérive à la fois pour éviter de nouvelles violences jihadiste ou un retour de l’ancien régime.
Human Rights Watch déplore le recours abusif à la justice militaire pour des délits politiques ainsi que «la promulgation de la loi de réconciliation qui accorde une impunité totale aux fonctionnaires sans en retirer des bénéfices personnels».
Plus optimiste, et tout en considérant toujours que la Tunisie est le seul pays libre dans le monde arabe, Freedom House s'inquiète «des pressions exercées sur le système politique par des éléments puissants de l'ancien régime».
Il faut savoir que les diagnostics émis par ces ONG s'apparentent à des rapports d'audit où seuls les dysfonctionnements sont signalés et qu'aucun pays n'est épargné y compris les démocraties les plus vieilles et les accomplies comme celles de la Suisse, de la Grande Bretagne ou des pays scandinaves. Au delà des exagérations qu'ils comportent et l'exploitation politicienne qui en est faite par les partis, ces rapports ont le mérite d'attirer notre attention sur des lacunes ou des dérives auxquelles on risque de se laisser aller, consciemment ou inconsciemment, malgré tous les garde-fous, tant il est vrai qu'il n'existe pas de démocratie parfaite. Mais ce qui est sûr, pour le moment c'est que le processus démocratique en Tunisie progresse malgé tout. C'est incontestable et les trois ONG le reconnaîssent d'ailleurs. L'arsenal juridique est constamment affiné pour assurer à ce processus l'irréversibilité souhaitée et le prémunir contre toutes les tentations totalitaires.