Palestine: La désillusion du processus de paix
Après 50 ans de colonisation israélienne et l'appropriation d'Al Qods par Israël voilà que par sa décision de reconnaître Jérusalem capitale d'Israël Donald Trump jette un pavé dans la mare et provoque un tollé dans le monde et pas seulement arabe et musulman.
Par cette décision, le Président américain, qui n'en est pas à sa première bavure, viole et le Droit international et les résolutions du Conseil de sécurité. C'était une promesse électorale faite pendant sa campagne présidentielle, il l'a tenue à la grande satisfaction du lobby juif américain.
C'est dans un contexte politique et régional explosif que Trump, fidèle à sa réputation de président imprévisible, déclare reconnaître la souveraineté d'Israël sur la ville de Jérusalem. Pour confirmation il annonce le transfert de l'ambassade américaine dans cette ville trois fois sacrée.
Il n'en fallait pas plus pour embraser la région et provoquer une révolte légitime chez le peuple palestinien que l'on a spolié de tous ses droits et qui ne cesse de subir, depuis des décennies, les humiliations et les exactions de toutes sortes de la part d'un état usurpateur soupçonné d'avoir des intentions exterminatrices à l'égard d'un peuple à qui il ne reste plus que la dignité pour résister et le courage pour se défendre.
Les pratiques discriminatoires indignes ont commencé, contre les habitants palestiniens de Jérusalem-Est, par la révocation à des milliers d'entre eux le statut de résidents. Beaucoup ont été chassés de leurs maisons et de leur ville natale. Ce qui est considéré comme un crime contre l'humanité et une violation flagrante du Droit international.
Mais qui ose rappeler à l'ordre Israël et l'Amérique de Donald Trump? Qui ose dire que ce qui se passe nous rappelle un passé "crématoire"? Qui ose élever la voix pour dire :« Arrêtez les massacres et ingérences de toutes sortes »? Pas grand monde dans ce monde!
Quant aux pays arabes, ils n'ont pas fini de baisser la tête pour ne rien voir et se boucher les oreilles pour ne rien entendre.
"Le système de résidence de Jérusalem-Est impose aux Palestiniens des exigences contraignantes pour maintenir leur statut de résident avec de lourdes conséquences pour ceux qui ne parviennent pas à y répondre" selon l'avis même de Human rights watch.
Un système bien contraignant et combien inhumain. Les concessions qu'il exige des habitants arabes palestiniens de Jérusalem -Est sont inacceptables. Comble d’injustice, ces derniers doivent, en effet, s’abstenir de voyager, d’étudier, de travailler ( ils ne risquent en aucun cas d'obtenir une autorisation de travail), de déménager, de quitter le territoire et même d’assister aux fêtes familiales. C'est à dire le maintien en résidence surveillée ou plus justement la garde à vue. Leur seul crime est d'être Palestinien arabe de père en fils et de réclamer leur terre. Ils subissent en fait toutes sortes d'interdictions qui violent les Droits de l'homme et portent atteinte à l'intégrité physique et morale de la personne sans que nul ne s'en soucie.
Que reste-t-il donc de la noblesse de ces pseudo- "Droits humains" accordés aux uns et interdits aux autres?
Les témoignages de Palestiniens rapportés sont poignants: a- un Palestinien dont le statut a été révoqué s'est vu refuser l’octroi de certificats de naissance pour ses cinq enfants ; b- un autre a dû escalader le mur en pleine nuit pour assister au mariage d'une cousine de l'autre côté de la Cisjordanie, la peur au ventre de se faire prendre et d'être expulsé de chez lui. Les exemples de ce genre sont le quotidien de tous les Palestiniens sans exclusive.
La révocation de résidence ne se fait pas seulement d'une façon arbitraire et discriminatoire mais aussi en guise de punitions individuelles et/ou collectives. Elles visent particulièrement les familles qui s'opposent d'une quelconque manière à la colonisation israélienne des territoires occupés ou qui osent critiquer la politique d'Israël. Et on ose parler d'un Etat démocratique! Quelle mascarade !
Ces graves violations du Droit international a forcé de nombreuses familles à quitter leur ville natale en traînant avec eux le lourd sentiment d'une "violation de domicile "et "l'usurpation de terre ancestrale".
Entre 1967 et 2017, Israël a transféré des milliers de ses propres citoyens juifs à Jérusalem-Est, et les a installés dans les foyers des propriétaires légitimes expulsés et réduits au silence. Ce qui est selon le Droit international un crime de guerre. Bien évidemment, les règles pour les résidents juifs de Jérusalem ne sont pas les mêmes que celles réservées aux Palestiniens. Un système à deux vitesses indigne est mis en place ; système qui nous rappelle encore et encore certains épisodes tragiques de l’histoire contemporaine de certaines nations.
La stratégie infâme de la multiplication des colonies dans les territoires occupés se veut être un moyen choisi par Israël pour assurer son avenir. Ce pays n’a pas encore compris que plus que la force et l’oppression la lente mais croissante démographie du peuple palestinien sera la vraie menace pour lui.
Toutes ces mesures discriminatoires avec la judaïsation grimpante, l'étouffement de la ville par des colonies croissantes, les inégalités économiques et pour clore le tout ce transfert à venir de l'ambassade américaine à AlQods sont autant de raisons accablantes pour donner un sérieux coup de grâce au processus de paix.
Pour Talia Sasson, qui dirige le New Israël found, la politique de son pays est mortelle pour la démocratie, et elle ajoute dans sa déclaration, qu'il est difficile de faire revenir l'Etat d'Israël dans le droit chemin: une évidente et accablante constatation.
Le prince Harry d'Angleterre déclarait dernièrement:" Trump est une sérieuse menace pour les droits de l'homme." Quant à moi, j'ajouterais Israël aussi !
Latifa Moussa