Tunisie 2017 : la longue descente en enfer
« Mieux vaudrait encore un enfer intelligent qu’un paradis bête ». (Victor Hugo)
Ils parlent, ils parlent, nos politiques, nos communicants, nos experts et pseudo-experts, ils sont tous au courant de tout, distribuent les bons et les mauvais points aux politiques, les bonnes idées et les meilleurs conseils sur la gestion du pays !
Mais que ne l’ont il pas fait avant ? Et que ne l’ont il pas crié précédemment ? Les tunisiens se seraient probablement soulevé quelques années plus tôt !
Et depuis fin 2010, pourquoi tous les gouvernants qui se succédé, ont-ils été peu performants, alors qu’ils sont de diverses obédiences, de divers horizons ?
La réponse à ces questions est probablement, que tous les tunisiens dans leur grande totalité, ont manqué, souffrent encore, de discernement, d’humilité, de générosité, de patriotisme et du sens de l’Etat !
Nul n’est à l’abri du reproche, personne !
Y a-t-il eu des héros, qui se sont haussés en nombre au dessus de la mêlée ? Nous l’aurions su !
Le pays est dans une drôle de situation, il souffle d’un dinar qui s’affaisse au delà des prévisions les plus pessimistes, d’une balance commerciale dont le déficit se creuse chaque jour d’avantage, et d’un endettement massif, qui hypothèque notre capacité à nous financer, au moins en partie, en fonds propres, et met en péril la mise en œuvre de nos projets d’investissement.
En moins d’une décennie, nous avons tout perdu, y compris l’honneur !
La Tunisie, se divise, et même nos élites politiques ne font rien de mieux que se déchirer : le spectacle télévisuel est quotidien, de guerres de clans, d’unions et de désunions, de regroupements qui se défont quelques jours plus tard, les amis d’hier devenant des ennemis le lendemain !
Tous nos paramètres économico-financiers chutent considérablement chaque jour un peu plus, hypothéquant notre potentiel à recouvrer notre situation ex-ante.
Il y va de notre endettement, égal à 40% de notre Produit intérieur Brut, en 2011, aujourd’hui à cent pour cent, avec un chômage de près de six cent mille personnes, passé à un million aujourd’hui, alors que les autres paramètres économico financiers observent tous une tendance déclinante depuis les évènements de 2011 à ce jour.
Notre croissance économique qui était bon an mal an de 4 à 5% au cours de la décennie précédente, plafonne aujourd’hui à moins de 3% et probablement finira à moins de 2% à fin 2017 et à moins de combien à fin 2018 ?
Les lois de finances complémentaires, sont devenues des institutions dans notre paysage économique, incapable de tenir ses engagements.
Notre endettement est massif, comment allons-nous nous en sortir ?
De plus notre taux d’inflation culmine, finira aux mieux à 5%, et vraisemblablement à 6% à la fin de l’année !
Dur, dur ! Pour les défavorisés, les retraités, et bientôt pour monsieur tout le monde !
Des mères de familles, ont été filmées ce dimanche dernier invectivant, pour la hausse des prix, un reporter de la télévision nationale qui filmait les achalandages d’un marché de province, sous le regard impuissant du Délégué de la ville !
Et nos dirigeants que font-ils ? Ils sont dépassés, devant l’énormité de la tache.
Ils sont la main dans la main avec leurs opposants : ils promettent, promettent et promettent……… Pour demain et plus tard, devant des auditoires pas dupes pour un sou, tout le monde sachant que le monde politique est gangréné de l’intérieur, par l’arrivisme, le machiavélisme, et l’opportunisme !
Notre environnement extérieur, n’est pas bien meilleur que le notre, l’Europe et une grande partie des autres continents subissent, depuis quelques années, un cycle économique baissier, dont ils semblent sortir lentement à présent.
Trop tôt pour en voir les effets sur nous !
Que nous reste t-il ? S’armer de courage, retrousser nos manches et calmer nos ardeurs oratoires, du vent, du vent, du vent…..
Et recourir à la force d’entrainement d’un discours à la Churchill : « Je n’ai rien d’autre à offrir, que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur » et " Nous avons devant nous une épreuve des plus douloureuses ".
Parler ce langage de vérité pourrait créer l’électrochoc attendu, qui fera probablement " la nique " aux promesses répétées et non tenues à ce jour.
Et redonner l’espoir à tous les déçus des discours ronflants et des belles paroles, paroles, paroles !
Mourad Guellaty