Notes & Docs - 12.05.2010

Le règne de Moncef Bey: un témoignage familial

Avec mon frère Adnène nous avons été des témoins attentifs de toutes les péripéties survenues durant les onzes mois dut règne de Moncef Bey dont notre père Sadok Zmerli a été tout à la fois l'ami, la plume et le directeur de protocole. L’occupation subite et subie de la Tunisie par les Allemands allait bouleverser la seconde partie du règne de Moncef Bey..

Le règne avant l’occupation allemande (16 juin -  10 novembre 1942)

En accédant au trône, Moncef Bey était précédé d’une réputation de droiture, de générosité envers les pauvres et de l’image d’un fervent nationaliste suscitant beaucoup d’espoirs.

Le 16 juin 1942, dès son intronisation Moncef Bey dévoile ses intentions, il bouscule le protocole en s’adressant directement à ses sujets pour les dispenser dorénavant du baise main traditionnel: « J’exige qu’on me serre la main, car je ne suis pas seulement votre souverain, je suis plutôt votre père et vous êtes mes enfants. Soyez des hommes, des hommes étroitement unis ».

Il appelle Maître Albert Bessis(1), personnalité israélite notoire, pour le faire asseoir à ses côtés : « attitude que l’on est en droit de considérer comme directement réprobatrice des lois raciales en vigueur » comme le commente Juliette Bessis  , sa propre belle- fille. Il a aussi tenu à répondre au Résident Général, l’Amiral Esteva qui affirmait dans son allocution qu’il se considérait comme le père du peuple tunisien, en lui disant : « vous êtes un père pour ce peuple et je le suis également, et je ne manquerai pas de faire mon devoir pour soulager ses peines(2)» .

Quelques jours plus tard, il déclare solennellement aux délégations de communautés juives venues lui rendre obédience qu’il ne fera aucune distinction entre ses enfants musulmans et israélites. Cette déclaration fait naître l’espoir chez les Juifs et jette à la fois la consternation dans les milieux racistes et le doute au sein de l’administration coloniale.

En intervenant personnellement auprès du Résident Général de France, l’Amiral Estéva et auprès des services concernés par l’intermédiaire de son frère, le Prince Hassine, et de son Directeur du Protocole, Moncef Bey manifeste clairement  son opposition  à l’application des lois iniques de Vichy contre les juifs.

En agissant ainsi et en le faisant savoir, il souhaitait certes redorer le blason de la famille husseinite entaché par son prédécesseur qui avait avalisé l’instauration des lois raciales de Vichy en Tunisie. Il voulait également faire entendre raison à des sujets susceptibles d’être induits en erreur par une propagande lancinante et fallacieuse. Et surtout il était guidé par l’impérieux devoir d’aider, de secourir et de protéger toute une communauté tunisienne exposée à tous les périls.

Il ne tarde pas à acquérir une popularité immense en quittant son palais pour visiter son peuple et ses Saints protecteurs(3).
Ses visites se succèdent au pas de charge : Radès le 15 août, Ariana le 25, La Goulette le 3 septembre, La Mannouba le 4 où Moncef Bey fait sensation et enflamme la foule en prêtant serment sur le Coran enfin Le Kram le 9 septembre. Une visite qui était planifiée pour Kairouan le 15 novembre avec un discours tout préparé(4)qui ne se réalisera pas à cause de l’occupation de la Tunisie par les troupes de l’Axe. C’est partout une liesse populaire qui frise le délire. C’est partout le bain de foule permanent, les effusions spontanées et cette volonté inébranlable du Souverain de se fondre dans la population.

Pendant le mois de Ramadan, Moncef Bey se surpasse et ses activités sont débordantes. Ses contacts avec la Médina sont ininterrompus. Il honore de sa présence toutes les conférences données par les personnalités religieuses les plus prestigieuses du pays dans les grandes mosquées de la capitale. Après la cérémonie officielle de la Nuit du Destin à la Zitouna, le Souverain visite les mausolées de Sidi Ben Arous, Brahim Riahi et Sidi Mahrez, le Protecteur de Tunis.

Bref, Moncef Bey est partout présent pour maintenir un contact continuel avec ses sujets. Ses contacts ont une double finalité à la fois éducative et patriotique. Ils contribueront pour beaucoup à forger le mythe de Moncef Bey, symbole de l’unité nationale.
Au cours de ses déplacements où le service d’ordre est souvent débordé, Moncef Bey ne craint pas de s’approcher de ses sujets pour s’adresser directement à eux. Il interpelle les magistrats, les conseillers municipaux, les enseignants et les écoliers pour les rappeler à leurs droits et à leurs devoirs en leur indiquant le chemin à suivre. Partout où il passe, il prodigue des serments de patriotisme avec le leitmotiv : « Unissez-vous, unissez-vous ».

Côté palais les portes sont grandes ouvertes. Toutes les délégations sont reçues, les doléances enregistrées et étudiées pour suite à donner.

Le 8 août  1942, il adresse au Chef de l’Etat français, le Maréchal Pétain, un mémorandum de seize revendications.
Deux d’entre elles présentent une importance particulière :  l’instauration d’un conseil consultatif de législation préconisant une monarchie constitutionnelle correspondant à un souhait personnel de Moncef Bey et la tunisification de l’administration, revendication fondamentale du nationalisme tunisien, toujours formulée et jamais satisfaite.

L’objectif d’instaurer une monarchie constitutionnelle, Sadok Zmerli en fait l’analyse suivante : « L’événement était d’importance, pour la première fois, dans les annales de la Tunisie, un bey ne craignait pas, au risque d’un amoindrissement sensible d’une autorité dont ses prédécesseurs s’étaient montrés jusqu’alors si jaloux, d’envisager et de soutenir des réformes dont l’aboutissement logique devait doter le Pays d’un régime nettement libéral qui, sans dépouiller la Monarchie de toutes ses prérogatives, devait confiner son chef dans le rôle strict d’un Souverain constitutionnel(5)». 

Cet objectif  trouve son origine dans le pacte fondamental de 1857 et l’esprit démocratique qui l’a inspiré sous l’influence déterminante des consuls français et anglais. La constitution promulguée par Sadok Bey en 1861 le concrétisera, mais elle n’a pas eu l’effet escompté.

Quant à la tunisification de l’administration, elle représente une revendication fondamentale du nationalisme tunisien souvent formulée dans le passé :

Déjà en 1906, au Congrès colonial de Marseille, Mohamed Lasram prônait la « participation des indigènes à l’administration de la vie publique(6)».

Le 7 novembre 1907, dans le numéro inaugural de l’hebdomadaire, "Le Tunisien", premier journal public en langue française édité par des sujets de son Altesse Beylicale, Ali Bach Hamba traçait les grandes lignes de son groupe : « Une réforme complète de l’enseignement s’impose. Il appartient à la France, dans un élan digne de ses traditions et de son idéal démocratique, de décréter l’instruction primaire gratuite et obligatoire. […] Le gouvernement du Protectorat devra faciliter aux indigènes l’accès de l’enseignement supérieur.  Mais, pour cela, il faudra également que les portes des administrations leur soient ouvertes ».

Enfin en 1920, nous retrouvons cette revendication dans La Tunisie martyre(7)et dans les doléances adressées à Naceur Bey par le Destour(8). Tant de fois réclamée, elle n’a jamais été suivie d’effet. Elle sera au cœur de l’incident du Bardo.

L’odyssée du mémorandum des 16 revendications

Ce document a connu des péripéties, une véritable odyssée. Pendant cinq jours, l’Amiral Esteva étudie avec ses collaborateurs le contenu de la lettre pour appréhender la signification de ces réformes et ne se décide à la faire parvenir au chef du gouvernement et ministre des affaires étrangères, Pierre Laval, que le 13 août 1942. Ce n’est que le 15 septembre 1942 que Laval adresse la réponse par courrier à Esteva. Il l’a rédigée dans sa quasi-totalité, à l’exception de la dernière phrase ajoutée par le Maréchal Pétain. Pourquoi ce délai ? Inexplicable au regard des us et coutumes entre chefs d’État. C’est qu’entre-temps l’Amiral Esteva a refusé de transmettre une première réponse qui ne lui était pas particulièrement favorable et a déployé un véritable forcing pour en modifier la teneur en sa faveur.

L’absence de réponse de Vichy aux revendications de Moncef Bey accroit l’impatience du Souverain, qui devient plus circonspect et plus jaloux de ses prérogatives.

La première crise survint le 8 septembre 1942. Un contrôleur civil du Cap Bon a interdit la venue à Tunis de délégations auprès du Bey. Celui-ci, informé, réagit en menaçant de démissionner.

Toujours en septembre, il affirme son autorité sur la cour beylicale et les caïds. En s’adressant à ces derniers, il leur précise : « Vous êtes mes seuls représentants dans le pays, je n’ignore pas que, dans votre tâche, vous n’avez pas les mains libres, par suite de l’action des contrôleurs civils. Cependant n’oubliez pas que vous êtes mes représentants et que je suis le roi. Quant aux contrôleurs civils ils sont aux ordres de la Résidence Général, si l’un d’eux vous gène, n’hésitez pas à venir me trouver(9)».  C’est un langage nouveau et même révolutionnaire.

Le  12 octobre 1942, l’incident de l’Aïd

A l’occasion de la cérémonie officielle de la présentation des vœux de l’Aïd  Esseghir, marquant la fin du mois de Ramadan, les remarques plusieurs fois répétées du Souverain au sujet de l’absence, constatée de visu, de tout Tunisien, au sein des délégations des départements techniques ( Finances, Poste, Travaux publics, Transports, etc..), provoque chez l’amiral Esteva les fameux propos concernant les Hauts fonctionnaires responsables de ces départements : «  ils y sont et y resteront » , propos prononcés avec véhémence, accompagnés d’un geste péremptoire. A la surprise générale, Moncef Bey lui répond avec le sourire et en des termes apaisants, comme si l’incident était clos.

A la fin de cette séance, à la sortie de la salle du Trône le général Barré se précipite vers l’Amiral Esteva pour l’informer qu’il avait pris toutes les dispositions pour arrêter Moncef Bey. Mais l’Amiral Esteva lui répond qu’il n’en est pas question pour le moment.  Nous avons été les témoins de cette scène édifiante.

Le Souverain s’était rendu compte qu’il avait acculé le Résident Général à la faute, et qu’il lui fallait exploiter cet incident à bon escient. C’est ce qu’il fera le lendemain, demandant aux Autorités de Vichy le rappel de l’Amiral, en soulignant l’impossibilité où il se trouvait de continuer à collaborer avec lui dans de telles circonstances.

Pierre Lafont, délégué à la Résidence Générale, est aussitôt envoyé à Vichy pour en rendre compte. Il en revient quelques jours plus tard pour remettre enfin le 20 octobre la réponse tant attendue et transmettre un message verbal du Maréchal Pétain : « je réaliserai les vœux du souverain dès le retour de temps meilleurs(10)», suscitant ce commentaire d’Annie Rey-Goldzeiguer: « Formule habile qui évite au Résident de proposer les réformes attendues(11)».

Ainsi prend fin l’odyssée de ce mémorandum dont la réponse a mis plusieurs semaines avant de parvenir à son destinataire, sans satisfaire aucune de ses revendications.

La teneur de cette réponse, qui avait perdutoute signification, ne pouvait se justifier que par la vision obsédante de l’Amiral Esteva et sa prétention de maintenir l’Empire français envers et contre tous. Il a su en effet rallier à ses vues les Autorités de Vichy.

Le règne pendant l’occupation allemande (novembre 1942 – mai 1942)

Le 10 novembre 1942, les Allemands, pour contrer les forces alliées qui venaient de débarquer en Algérie, prennent pied en Tunisie créant une situation nouvelle et imposée au Souverain. La présence des troupes allemandes va bouleverser l’échiquier politique du pays. L’Amiral Esteva lui-même changera de statut : de Protecteur, il deviendra à son tour protégé reléguant son Altesse le Bey dans le rôle de sous-protégé. Mais si l’Amiral accepte ce rôle, Moncef, par contre ne l’entend pas de cette façon, comme le laissait présager la rencontre du souverain avec le Consul Général des Etats Unis, Mr. Hooker Doolitlle. Moncef Bey, dont le souci majeur  était de protéger son peuple contre les malheurs d’un conflit imminent, n’avait pas manqué d’exprimer à cette occasion ses intentions politiques et ses penchants pour la Grande Bretagne et les Etats-Unis, pays libres où le peuple avait ses droits. Un télégramme chiffré de la Résidence en date du 21 octobre relate cette conversation.

Le 18 novembre 1942,  coup d’éclat de Moncef Bey

Au cours d’une visite sollicitée par les dignitaires allemands, Rudolph Rahn, le représentant plénipotentiaire d’Adolph Hitler et le Général Nehring, premier chef d’Etat major des forces allemandes, Moncef Bey exprima sans détour ses sentiments, sous l’œil attentif de l’Amiral Esteva et de Jacques Vimont, son directeur de cabinet. Le Souverain, dans un de ses jours d’exaltation, s’est permis de dire leurs quatre vérités aux dignitaires du troisième Reich sans le moindre égard. Il leur a notifié combien la présence de leurs troupes était indésirable et qu’elle lui était personnellement insupportable. L’absence d’un diplomate maîtrisant la langue arabe dans la délégation allemande a permis d’éviter le pire. Voici comment, tout en restant fidèle à l’esprit de l’intervention de Moncef Bey, le Directeur du protocole, en termes diplomatiques, a donné satisfaction au Souverain, qui avait extériorisé ses sentiments, et a calmé les appréhensions de deux dignitaires allemands, qui les avaient plus ou moins pressentis : « Nous aurions tellement aimé vous recevoir, Honorables visiteurs, dans d’autres circonstances, Mais les nuages qui s’amoncellent à l’horizon nous contraignent à plus de retenue, car la guerre qui s’annonce avec son cortège de malheurs et ses linceuls de misère, nous angoisse au plus haut point pour nos sujets. Chers Messieurs, sans préjuger du sort des armes, nous serons encore plus heureux quand vous partirez. Monsieur le Ministre, Général, je vous saurai gré de bien vouloir prendre toutes les mesures que vous jugerez les plus appropriées pour éviter le maximum de souffrance à toute la population de la Régence ».

Tournons-nous maintenant vers Jacques Vimont qui ne tarit pas d’éloges sur le comportement exceptionnel de Moncef Bey dans de telles circonstances. Au cours d’une interview accordée à Annie Rey-Goldzeiguer, il a révélé que Moncef bey a donné » une leçon de dignité et de courage aux assistants français(12)». Dans son propre journal, il souligne que « cette réception a été la seule note réconfortante de cette période difficile à supporter ».

De son côté,  Annie Rey-Goldzeiguer qui a interviewé Sadok Zmerli nous a entièrement confirmé cette version des faits.

Le 1er janvier 1943, Moncef Bey impose le ministère Chenik

La constitution du ministère Chenik au cours d’une cérémonie spéciale du Sceau crée la surprise. Moncef Bey prend cette décision unilatéralement, sans l’assentiment de l’Amiral Esteva et porte son choix, pour occuper le poste de premier ministre, sur M’hamed Chenik, un ami dont il apprécie les idées libérales et la gouvernance économique. Il l’entoure de deux personnalités talentueuses et militantes nationalistes, le docteur Mahmoud Materi et Salah Farhat. Ces nominations sont favorablement accueillies par tous les milieux politiques du pays. Esteva, aux ordres des autorités allemandes, ne peut que se soumettre et signer le décret de nomination du Premier Ministre et se résigne en dernier ressort à coprésider le conseil des ministres avec M’hamed Chenik.
Ce dernier, affirmant ses responsabilités dans les affaires intérieures tunisiennes, ne tardera pas à  en assurer la présidence.
A partir de la constitution du Gouvernement Chenik, la volonté de Moncef Bey de protéger la communauté israélite tunisienne acquiert un caractère collégial et étatique. L’ensemble du Gouvernement, des membres de la famille Beylicale et des hauts fonctionnaires y ont solidairement contribué. Et en particulier :

  • tous les Ministres : M’Hamed Chenik, le Premier Ministre, Hammadi Badra, son directeur de cabinet, le Docteur Mahmoud Materi, Ministre de l’Intérieur, Aziz Djellouli, Ministre des Habous, Salah Farhat, Ministre de la Justice, etc.
  • les frères du Souverain, les Princes Hachemi et Hassine, son beau-frère Chédly Hayder et le Bey du Camp, le futur Lamine Bey.
  • de nombreux hauts fonctionnaires : Mohamed Kacem, Sadok Zmerli et de hauts gradés de la Garde Beylicale, dont le Général Amor Mokadem.

Il aura fallu de la volonté, du courage, de la détermination et même de l’obstination aux Autorités tunisiennes pour tenir le bon cap et poursuivre la politique protectrice qu’elles ont volontairement choisie. L’Amiral Résident général n’ayant pas hésité à outrepasser ses prérogatives en prenant unilatéralement des décisions à l’encontre de la communauté juive tunisienne, le gouvernement Chenik n’a pas eu d’autre alternative que d’utiliser tous les moyens, dont il disposait, et toutes les opportunités qui se présentaient pour les entraver.

Le ministère a réussi à obtenir l’annulation du décret du 30 janvier 1898 concernant l’acquisition des terres habous particulièrement favorable aux colons français, l’égalité de traitement entre fonctionnaires tunisiens et français, et la libération des militants destouriens emprisonnés en Tunisie et à l’étranger.

Le 14 mars 1943,  Moncef Bey refuse de flétrir les bombardements alliés

Le 10 Mars 1943, La Marsa, paisible et riante localité de la Banlieue Nord de Tunis, subissait un bombardement allié en règle qui se traduisit par plus de deux cents victimes. Craignant le même sort pour Hammam-lif, où il résidait avec toute la Cour, Son Altesse décida d’entreprendre une démarche auprès du Commandement des Forces anglo-américaines à Alger, en vue de délimiter une zone de sécurité qui échapperait à tout danger aérien et où résiderait le Souverain et la Cour. Cette démarche devait être faite par des personnalités musulmanes, choisies parmi les hauts dignitaires et les notables. Mais pour  Monsieur Moelhausen, Consul général d’Allemagne pressenti, un seul recours, à son avis, offrait des chances d’efficacité : le recours à l’opinion mondiale à laquelle les Anglo-Saxons seraient très sensibles.

Dans la même journée, soucieux de battre le fer tant qu’il est chaud et saisissant au bond l’opportunité qui lui est offerte pour faire pression personnellement sur le Souverain, dans l’espoir de le convaincre, le Consul se précipita pour informer la Cour de son désir d’être reçu à 16h 30, le jour même par Son Altesse sans utiliser le canal habituel de la Résidence Générale.

Au cours de cette audience, le Consul Général d’Allemagne renouvela en présence du Souverain sa proposition et lui déclara que les Autorités allemandes mettraient volontiers à sa disposition tous les moyens techniques de diffusion et de publicité, s’il consentait à lancer personnellement une proclamation flétrissant les bombardements des civils musulmans par les Forces Alliées. Il fit ressortir le retentissement énorme qu’aurait dans le monde entier pareille déclaration et souligna l’heureuse impulsion qu’elle donnerait aux puissances de l’Axe, en vue de la réalisation des aspirations du peuple tunisien(13).

Le Souverain fit preuve d’un sang froid exemplaire et sut trouver les arguments suffisamment étayés pour ne pas céder aux exigences allemandes. Par trois fois, Moncef Bey refusa diplomatiquement d’obtempérer aux requêtes trois fois répétées du Consul Général d’Allemagne.

Que retiendra l’Histoire de cette entrevue exigée par le Consul Général d’Allemagne ? Moncef Bey a refusé de flétrir les bombardements alliés en s’incluant dans la propagande allemande. Pendant toute l’occupation de la Tunisie par les forces de l’Axe, il s’est systématiquement tenu à l’écart de toute collaboration. L’épisode précédent en est la preuve la plus éclatante.

Le 11 avril 1943 la néfaste remise des décorations

Conscients que le sort des armes ne leur était pas favorable et pressentant un départ inéluctable à court terme, les officiels civils et militaires allemands n’ont rien trouvé de mieux pour pérenniser un souvenir de leur éphémère séjour dans la Régence, que d’exiger de se faire décorer par le Bey de Tunis. Ils l’avaient fait savoir par le canal du Lieutenant-Colonel de Jonchay, le chef de cabinet du Résident Général sans l’aval préalable, ni oral, ni écrit de ce dernier.

Par un soir du début d’avril 1943, notre père est revenu atterré du Palais pour nous annoncer cette fâcheuse nouvelle. Après avoir débattu de cet épineux problème avec Hassen Hosni Abdelwahab, personnage emblématique de la culture tunisienne, qui nous avait rejoint à Hammam-lif pour plus de sécurité, notre hôte et notre père convinrent d’un commun accord de rejoindre sur le champ le Palais beylical. Ils voulaient convaincre le Prince Hassine, le cerveau de la famille beylicale, selon Jacques Vimont, d’obtenir l’aval écrit du Résident Général. Ce faisant, Moncef Bey pourrait bénéficier d’un double avantage : il confirmerait sa fidélité à la Nation Protectrice et il atténuerait sa responsabilité dans un acte, qui lui était imposé et dont il avait mesuré la dangerosité et pressenti les conséquences néfastes.

L’âge, l’ancrage dans un traditionalisme religieux quelque peu archaïque et leur légitimité altérée par la présence allemande politiquement omniprésente avaient fini par rapprocher Moncef Bey et Estéva. Des relations régulières, concrétisées par plusieurs visites hebdomadaires, à l’heure du thé, s’étaient instaurées petit à petit entre les deux personnages. Les autorités tunisiennes avaient nourri, à cause de cette amitié apparente, l’espoir de voir l’Amiral les aider à présenter une excuse valable pour ne pas décorer les officiels allemands. Elles disposaient d’un argument qui aurait pu justifier ce refus : la remise de décoration était incompatible avec la neutralité ouvertement et internationalement proclamée par la Tunisie depuis novembre 1942, mais il fallait pour cela que cette incompatibilité fût avalisée par le Résident Général. Mais leur espoir sera déçu, car l’Amiral, ayant perdu tout contrôle de la situation, était devenu, politiquement parlant, un simple figurant, une marionnette entre les mains de Rudolf Rahn qui, fin politique, avait facilité le départ vers la France de ses collaborateurs les plus compétents et avait su lui imposer comme chef de cabinet, le Lieutenant-colonel de Jonchay, qui lui était dévoué corps et âme. Contrairement aux espérances des autorités tunisiennes, l’Amiral officialisa les exigences allemandes, le 9 avril 1943 et statua le lendemain, au cours d’un échange de correspondance, qu’il n’y avait pas incompatibilité entre cette remise de décorations et la neutralité reconnue de la Tunisie, tout en élargissant cette distinction aux dignitaires italiens.

Bien plus, pour satisfaire aux exigences allemandes, il fera preuve d’un zèle suspect qui, aujourd’hui encore, soulève de nombreuses interrogations. Pourquoi a-t-il agi ainsi ?

A-t-il agi ainsi pour détériorer l’image de Moncef Bey, symbole de l’union nationale et du nationalisme tunisien et préparer sa destitution sur les injonctions, par personne interposée, de Marcel Peyrouton, ancien Résident Général qui a toujours voulu tuer dans l’œuf, toute velléité d’émancipation de la Tunisie ?

Une autre interrogation s’impose : pourquoi rejeter l’entière responsabilité de cette remise de décoration sur le seul Amiral Esteva, si elle était mûrement planifiée par les Autorités allemandes et si elle était conforme à leur programme de laisser, à l’arrivée des Alliés, un pays totalement désorganisé, vidé par leurs soins de tous ses hauts fonctionnaires, et un Bey devenu suspect malgré une neutralité proclamée et strictement observée ?

Le rapport de Saumagne et Le Règne de Moncef Bey de Casemajor confirment l’implication d’Esteva dans cette affaire(14)et Le Livre Blanc Tunisien apporte une preuve irréfutable de son zèle en soulignant qu’il était d’usage à la Cour que lors d’une remise de décorations, le Souverain les apportât lui-même. Or, en cette occasion, l’Amiral Esteva arriva porteur de deux corbeilles d’insignes, montrant ainsi son entière responsabilité dans cette affaire.

Sadok Zmerli   nous  donne l’éclairage suivant sur le sujet: «Ainsi, ce n’est pas de son plein gré, ni sur l’initiative de son Gouvernement, comme d’aucuns se sont plu à le faire entendre, que le Souverain avait conféré ces distinctions, et moins encore, ainsi que "Tunisie Journal" a osé l’écrire, en témoignage de sa satisfaction d’une collaboration à laquelle il s’était systématiquement dérobé, mais bien à contre cœur et avec l’intention évidente de conjurer par ce geste, les effets qu’un refus de sa part eût coûté à son pays déjà si éprouvé(15)».

Ce commentaire de Juliette Bessis mérite d’être relevé(16): « On se demande, écrit-elle, dans ces conditions par quelle aberration et aveuglement politique, le Bey et ses ministres décorent, au cours d’une cérémonie, que les Alliés ne pardonneront pas, les hauts dignitaires civils et militaires de l’Axe […] tout confirme – mais n’excuse rien – les pressions avérées de la Résidence ».

Omar Khlifi, lui aussi, s’insurge contre le peu de discernement de Moncef Bey et de son gouvernement en la circonstance : « Cette bévue, ce faux pas, précise t-il(17), aurait pu être tant soit peu atténué en évoquant, un malaise, une maladie diplomatique, pour éviter d’impliquer  directement le Souverain».

La remise de ces décorations a eu des conséquences plus que néfastes. A qui pourrait-on faire croire que leur attribution était méconnue du Général de Gaulle qui n’a pris aucune initiative en faveur du Bey, et n’y a fait aucune référence dans ses Mémoires ?
Elle pourrait expliquer aussi pourquoi de jeunes Juifs ont conspué Moncef Bey quand  il a été ramené de force à Tunis, dans des conditions inqualifiables, après la libération d’Hammam-Lif.

Il est possible que, sans cette remise de décorations, le destin de Moncef Bey aurait suivi un autre cours.

L’imprévisible bataille d’Hammam-lif du 7 mai 1943

Le 15 avril 1943 le Consul Général d’Allemagne informa les Autorités tunisiennes que les gouvernements allemand et italien avaient institué avec effet immédiat une zone neutre englobant Hammam-lif et ses alentours les plus proches.

Mais, le 7 mai 1943, coup de théâtre sous la poussée irrésistible des troupes alliées : l’état major allemand est acculé à organiser une retraite précipitée vers le Cap Bon et pour en assurer le bon déroulement, décide de faire d’Hammam-Lif la dernière défense de l’Axe en Tunisie. Un officier général allemand, dépêché par le Haut Commandement, demande audience au Souverain et il est reçu sur le champ.

« J’ai l’honneur, lui dit-il, de communiquer à votre Hautesse la décision de notre Grand Etat Major de faire d’Hammam-Lif la dernière ligne de défense de l’Axe en Tunisie, et pour vous éviter, ainsi qu’aux vôtres, les risques de la bataille qui s’y engagera bientôt, vous proposer de sa part de vous rendre à La Marsa ou à toute autre localité de votre choix, afin que nos troupes organisent sans retard les fortifications qu’elles devront défendre contre les Alliés(18)». 

« Général, lui répondit le Bey, sur un ton qui ne pouvait laisser aucun doute sur le sentiment que cette démarche insolite lui avait inspiré, respectueux par tradition de la parole donnée, je n’aurais jamais supposé qu’un grand pays comme le vôtre déchirerait de sa propre initiative l’engagement formel et écrit que, par la voix de son représentant ici, il avait pris de s’interdire toute action militaire dans la ville d’Hammam-lif et de sa zone. En agissant ainsi, votre commandement contrevient tout à la fois aux lois de l’hospitalité et à celle des convenances internationales. Quant à abandonner mes sujets et quitter ma résidence pour un asile plus sûr, je n’y veux pas songer, ni les délais que vous m’avez accordés pour ce déplacement hâtif, ni la conscience de mes responsabilités à l’égard de tous ceux qui ont cherché refuge auprès de moi, ne me permettent de l’envisager. Puisqu’il y a risque à demeurer, je veux le partager avec la population que la décision imprévue et injustifiable de votre commandement l’a condamnée à subir(19)».  La réaction du Souverain est suffisamment éloquente pour mesurer à sa juste valeur le sens des responsabilités de Moncef Bey, son dévouement exceptionnel à ses sujets, et son enracinement dans le peuple tunisien.

La défaite des troupes de l’Axe


Hammam-Lif devient ainsi le théâtre d’une bataille acharnée de plus de vingt quatre heures. A sa libération par les troupes alliées, le 9 mai,  le souverain va connaître une première l’humiliation ; les forces britanniques envahissent le Palais beylical et le conduisent manu militari, sous escorte, à l’ambassade de France où il connaîtra  une seconde humiliation, celle d’une attente prolongée sous les huées d’une foule européenne assemblée là comme par hasard.

Le général Juin, arrivé la veille à Tunis pour assurer l’intérim de la Résidence générale ne se déplace pas pour saluer le Souverain et s’enquérir  du motif de son déplacement. C’est Jean Binoche ancien Secrétaire général du gouvernement tunisien qui vient le saluer respectueusement et lui déclarer qu’il s’agit d’une erreur. Puis il signifie à l’escorte de ramener le Souverain à Hammam-Lif. 

Le lendemain, le Bey accompagné de sa famille quitte le Palais Beylical violé la veille par les soldats écossais pour rejoindre sa demeure à la Marsa.

Le mardi 11 mai, le général Juin demande à Moncef Bey d'abdique lequel refuse sur les conseils de son frère Hassine et de son Premier ministre M'hamed Chenik.

Ce dernier ainsi que Sadok Zmerli, Chadly Hayder, le Cheikh El Médina et beau frère du Souverain ont déployé des efforts considérables et utilisé tous les arguments possibles pour faire revenir le Général Juin sur sa décision de déposer Moncef Bey, après son refus d’abdiquer. Peine perdue, ils ne seront pas entendus.

Le  14 mai 1943, le départ pour l’exil


Le 14 mai 1943, à six heures du matin, les généraux Jurrion et Morreau se présentent au domicile de Son Altesse et le prient de s’habiller pour les accompagner à la Résidence pour affaires urgentes. En cours de route, le cortège bifurque vers l’aérodrome d’El Aouina. Trois heures plus tard, Moncef Bey atterrit en plein Sahara, à Laghouat où un petit pavillon de l’hôtel Transat est mis à sa disposition. C’est le début d’un exil éprouvant et douloureux.

Le lendemain le Général Juin présidera à l’investiture de  Lamine Bey (1943-957). L’irréparable était consommé.

Nul n’est mieux qualifié que Moncef Bey lui-même pour nous exposer tous les arguments qui plaident contre son injustifiable déposition. Ces arguments sont développés dans la lettre(20)qu’il a adressée de Laghouat, le 3 juin 1943, au Général Juin :
« Au moment du débarquement anglo-saxon en Afrique du Nord, l’Amiral Esteva m’apporta un ultimatum du Président Roosevelt,  me demandant le libre passage de ses troupes en Tunisie, l’Amiral ajoute que, d’autre part, la France ayant été envahie par les troupes allemandes, il pensait que demain nous aurions les Allemands en Tunisie, j’ai demandé à l’Amiral ce qu’il comptait faire et il m’a dit qu’il gardait sa neutralité en attendant les événements. Je lui ai dit que je ne pouvais rien faire de moi-même et que je comptais sur la France et son Gouvernement.

Vers le10 novembre, les Allemands  et les Italiens ont commencé à débarquer en Tunisie.

J’ai voulu n’avoir aucun rapport avec les représentants des troupes de l’Axe, j’ai demandé que toutes les communications me soient faites par l’intermédiaire de la Résidence ; comme le Protocole l’exigeait.

Le Ministre italien a demandé de me voir sans l’intermédiaire de la Résidence, l’Amiral m’a dit que je pourrais le voir seul, le Ministre italien m’a demandé d’annuler le traité du Bardo avec la France et d’en faire un avec l’Italie, j’ai refusé et, le jour même, j’ai prévenu la Résidence de cette demande.

L’Axe m’a demandé de parler à la Radio, j’ai également refusé et prévenu la Résidence.

L’Amiral Estéva m’a demandé de remettre des décorations aux autorités de l’Axe, j’ai refusé, il insista à nouveau et il me dit qu’il me dégageait de toute responsabilité, je lui ai demandé de bien vouloir me l’écrire, ce qu’il a fait immédiatement.

L’Axe a voulu m’emmener en Allemagne ou en Italie, j’ai refusé et j’ai prévenu  la Résidence.

Enfin ce que j’ai fait c’est pour garder ma neutralité et n’avoir à m’entretenir qu’avec la France ».

Conclusion

Au cours de son règne qui aura duré onze mois, Moncef Bey a acquis une popularité immense, pleinement justifiée par sa générosité, sa sollicitude pour les plus démunis, sa défense de la veuve et l’orphelin et cette inébranlable volonté de s’immerger dans la population pour faire corps avec elle et par ses initiatives politiques en faveur du nationalisme tunisien qui feront de lui le symbole de l’union nationale et qui consacreront le terme de « moncefisme ».

Moncef Bey, resté fidèle à ses engagements vis-à-vis de ses administrés comme vis-à-vis du protectorat français qu’il n’a jamais dénoncé malgré les pressions germano-italiennes, mérite  le qualificatif de « Roi Martyr(21)» ; Il a été un souverain chevaleresque  courageux et loya(22)l, vis-à-vis de la Nation protectrice,  que le Général Juin, représentant le gouvernement plus ou moins légitime d’Alger,  a exilé en Algérie, où il a subi un chantage indigne de la part des Autorités françaises pour le faire abdiquer. Ses conditions de vie en exil ont aggravé sa santé défaillante et il décèdera à Pau en 1948. L’attachement et l’affection du peuple tunisien s’exprimèrent lors de ses funérailles marquées par une densité et une ferveur exceptionnelles.

Aucune mise au point officielle rétablissant la vérité historique n’est venue atténuer les rancœurs provoquées par une destitution arbitraire et un exil extrêmement pénible, si ce n’est ce regret tardif du Général Juin(23),  principal protagoniste de ce drame, dans ses mémoires: «Il m’est souvent arrivé depuis ces événements de regretter, en pensant aux circonstances qui les déterminèrent, que dans sa précipitation, et disons aussi dans son ignorance des données exactes de la situation politique en Tunisie, le pseudo-gouvernement d’Alger m’eût imposé l’exécution d’un acte impolitique, au détriment d’un souverain auquel il n’y avait rien de grave à reprocher ».

Pour résumer cette chronologie des événements, qui ont marqué le court règne de Moncef Bey, l’Histoire retiendra surtout que Moncef Bey a révélé sa personnalité politique et sa stature d’homme d’Etat chaque fois qu’il a pu donner libre cours à sa pensée et exprimer en toute indépendance ses sentiments les plus intimes, en des termes défiant parfois les convenances de la diplomatie.
Ce fut le règne le plus éphémère mais paradoxalement le plus important et le plus riche en événements de la dynastie husseinite.

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(1)BESSIS, Juliette : Maghreb, la traversée…op.cit., p.153.
(2)DRISS, Rachid, « Résistance du Néo-Destour. Contribution de Moncef Bey à l’action nationale (1941-1943) », Les Cahiers de Tunisie, tome 28, no. 113-114 (1980), p. 269, cité par Hamadi SAHLI, « Les relations franco-tunisiennes de l’avènement de Moncef Bey au débarquement allié, juin 1942 -novembre 1942 (d’après des documents inédits) », Les Cahiers de Tunisie, tome 32, no.127-128 (1984), p. 121.
(3)REY-GOLDZEIGUER, Annie : « L’occupation germano-italienne de la Tunisie », op.cit, p. 329.
(4)ZMERLI, Sadok : Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43, Maison Tunisienne de l’Édition - Tunis - 1971, pp. 19-20.
(5)ZMERLI, Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43 .op.cit, pp. 11-12.
(6)Cfr. Questions tunisiennes : communications présentées au Congrès colonial de Marseille (5-9 septembre 1906) par MM. Lasram et De Dianous, extrait du compte rendu officiel du Congrès, Augustin Challamel Éditeur - Paris - 1907, pp. 48-50 : XII. – Participation des indigènes à l’administration et à la vie publique.
(7)La Tunisie martyre, ses revendications, Éditions Jouve et Cie - Paris - 1920 - p. 209.
(8)LE TOURNEAU, Roger, Évolution politique de l’Afrique du Nord musulmane 1920-1961, Armand Colin, Paris 1962, p. 66, n. 2.
(9)LE TOURNEAU, Roger  Évolution politique…….op.cit, pp. 97-98.
(10)Cfr. ZMERLI : Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43, p. 18. Rapport Soumagne (propriété de C. A. Julien), p. 9, cité dans REY-GOLDZEIGUER, « L’occupation germano-italienne de la Tunisie », p. 331.
(11)REY-GOLDZEIGUER, « L’occupation germano-italienne de la Tunisie », p. 331.
(12)REY-GOLDZEIGUER, A. : L’occupation germano-italienne de la Tunisie : Un tournant dans la vie politique tunisienne - Editions du C.N.R.S. - Paris - 1986 - note p. 334.
(13)ZMERLI, S. : Espoirs…op. cit., p. 34.
(14)ABOU-LAHRASS, M., alias ABED BOUHAFA : le livre blanc tunisien, Tunis 1946, p.41.
(15)ZMERLI, S. : Espoirs... op. cit., p. 38-39.
(16)BESSIS, J. : Maghreb, La traversée du siècle, op. cit., p. 152.
(17)KHLIFI, O : Moncef Bey Roi Martyr. op. cit. p.154-155.
(18)ZMERLI, S. : Espoirs...op. cit. p. 46.
(19)Ibidem.
(20)KHLIFI, O : Moncef Bey Roi Marty  rp.107
(21)KHLIFI, O : Moncef Bey Roi Martyr.
(22)ZMERLI, Sadok : Espoirs ….. op.cit - quatrième de couverture.
(23)MESTIRI, Saïd : Moncef Bey, Tome 1 : Le règne, 2e édition - Arcs Éditions - Tunis - 1998, quatrième de couverture.